Une idée déconnectée!
Après quelques jours, je me suis rendu compte que, même si j’avais réussi à réduire l’usage de ma tablette, je l’utilisais encore une douzaine de fois par jour. Ça reste beaucoup!
Le seul moment où j’ai réussi à décrocher vraiment et à être en vraies vacances, c’est quand je suis allé dans le parc de la Jacques-Cartier pour une semaine dans le bois. La sainte paix. Même mes clients savaient que je n’étais pas accessible cette semaine-là, parce que je n’avais pas accès à Internet.
Malheureusement, je ne pourrai plus me servir de cet argument pour décrocher.
La Société des établissements de plein air du Québec (Sépaq) a annoncé qu’elle allait offrir un plus grand service de connexion sans fil Wi-Fi dans ses parcs. C’est, à mon avis, une très mauvaise idée.
Plutôt que de chercher à vous en convaincre, j’aimerais prendre du recul. Quand on analyse cette annonce dans le contexte plus large de tous les autres changements apportés au cours des dernières années, on ne peut que constater le virage grand public entrepris par l’organisme provincial.
Projet-pilote pour autoriser les chiens, sites de camping tout inclus, jeux gonflables flottants, activités de sports extrêmes, etc.
Une vocation différente?
Ces changements rendent la nature et le plein air plus accessibles, mais ils les transforment aussi en sites touristiques. Quelle sera la prochaine initiative? Installer des glissades d’eau? Offrir des expériences immersives à l’aide de lunettes de réalité virtuelle?
Ne dénature-t-on pas la nature pour la rendre plus conforme aux attentes du confort urbain? Même en pleine forêt, connecté sur à Instagram, interrompu par l’alerte d’un texto, on a la tête ailleurs.
Que gagne-t-on réellement en offrant l’accès Wi-Fi dans les parcs? Qu’un site privé décide de répondre aux exigences de ses clients est une chose. Les parcs du Québec, gérés par l’État, sont autre chose. Tout comme Télé-Québec, qui ne se limite pas à offrir le contenu le plus payant, même si la clientèle le demande. La télévision d’État a une vocation différente. Les parcs aussi devraient avoir une vocation différente.
Les parcs et la nature pourraient – devraient – rester des zones libres d’ondes électromagnétiques. Ce serait un moyen efficace de favoriser une autre forme de connexion que celle avec le monde virtuel : connexion avec la nature, avec les gens qui nous accompagnent et avec notre environnement immédiat.
Miser sur son produit
Pourquoi la Sépaq ne mise-t-elle pas plus sur son produit en mettant davantage l’accent sur sa mission de conservation? Elle pourrait mettre en valeur des expériences pour nous reconnecter avec la nature.
Ce n’est pas en donnant accès à des zones WiFi que ça va se produire. N’allez pas croire que les visiteurs vont se mettre à télécharger des applications qui leur permettront d’identifier le chant d’un oiseau ou le nom d’un champignon… Dans les faits, le réseau sans fil servira surtout à partager des égoportraits sur Instagram et à contacter ses amis sur Facebook.
En 2017, ce n’est pas si simple de se libérer de cette habitude de vérifier nos écrans à toutes les 15 minutes. Personnellement, le seul moyen qu’il me reste pour y arriver véritablement est de me réfugier dans la nature…
Pour combien de temps encore?