L’appel des pistes

Parc régional Dufresne
Deux sommets pour le prix d’un

Texte et photo Anne Pélouas

Quoi de plus décevant que d’arriver au stationnement d’un centre de ski de fond et de le trouver bondé! Tel est le cas au parc régional Dufresne en ce samedi matin ensoleillé. La gentillesse des employés du chalet d’accueil dissipe un brin nos inquiétudes. Elles disparaîtront complètement une fois que nous serons engagés sur la première piste verte (n° 33), l’épine dorsale du centre autour de laquelle chacun s’épivarde à l’envi sur 81 km. Direction plein est pour contourner le mont Condor Ouest par le nord via la gentillette piste bleue n° 1, puis la 11 dans une «méchante» épingle à cheveux. Nous attaquons ensuite l’ascension par la piste 1, une jolie noire en boucle. Il faut bien suer un peu… Au sommet, trois beaux points de vue se succèdent, avec une petite cohue sympathique aux belvédères: skieurs de fond, raquetteurs et oiseaux se partagent le terrain. La vue au sud est superbe avec les montagnes au loin et un beau lac en contrebas.

Pour garder le rythme, nous reprenons vite la descente. Retour sur la piste 11 pour filer encore vers le sud et rattraper la 7. De bonnes descentes bien bosselées en forêt et quelques montées sur neige passablement damée nous mènent finalement aux abords du mont King. Il faut virer à droite pour un dernier court raidillon qui permet d’atteindre le sommet. Presque pas âme qui vive sur ce superbe sentier comme sur les pistes d’en bas, à l’aller comme au retour… Comme quoi il ne faut pas se laisser impressionner par les stationnements!

Repères: Ski de fond sur plus de 80 km de pistes et 21 km pour la raquette. Centre de ski de fond du parc régional Dufresne: 1165, chemin du Condor, Val-David.
– 819 322-6999 ou www.parcregionaldufresne.com

Comment s’y rendre: De Montréal, autoroute 15 Nord, sortie 76, puis route 117 Nord. Faire 5 km environ et, aux feux de circulation, tourner à droite sur la rue de l’Église. Traverser le village et tourner à droite sur la rue de la Sapinière. Au Y, prendre à droite le chemin du Condor, les stationnements sont à gauche. 

Île d’Orléans
Au mitan de la vie de plein air

Texte et photo Anne Pélouas

Elle est bien connue des habitants de l’île d’Orléans, cette route du Mitan qui la traverse de part en part côté nord-est, comme le font ses «sœurettes» de la partie sud-ouest, la route des Prêtres et la route Prévost. L’été, quand on a fait le «vrai» tour de l’île à vélo, l’île procure des joies insoupçonnées tant elle est paisible tout au long de son parcours, grimpant de Sainte-Famille sur un haut plateau, à travers champs et forêts, avant de redescendre vers le village de Saint-Jean. L’hiver, la petite route est fermée à la circulation routière, mais les motoneigistes locaux l’utilisent. On peut facilement l’emprunter en skis de fond tout en veillant à se tenir sur le côté dans les virages, les montées ou les descentes pour éviter les mauvaises rencontres!

Du cœur du village de Sainte-Famille, la route monte rapidement, avec quelques fermes pour tout voisinage. Dans les champs enneigés d’un plateau, quelques herbes folles brillent de toute leur blondeur sous le soleil. La vue vers le nord s’ouvre sur la côte de Beaupré et le mont Sainte-Anne; le fleuve se devine vers l’ouest. Au milieu des prés, le vent est souvent bien présent, mais quelques petites descentes et montées font office d’oasis abritées. Après avoir franchi le point le plus élevé du plateau, on devinera le fleuve peu à peu derrière les premières fermes de Saint-Jean. Le clocher du village sert de repère pour une dernière descente prudente vers la route principale ceinturant l’île.

Repères: La route du Mitan démarre juste avant l’église de Sainte-Famille, sur la droite. Elle est éventuellement «tapée» par les motoneiges, battue par les vents et glacée par la froidure. Du vrai hors-piste!

Comment s’y rendre: Prendre l’autoroute 440 Est à Québec, puis le pont de l’île d’Orléans. Au premier feu de circulation, tourner à gauche sur le chemin Royal et poursuivre jusqu’au village de Sainte-Famille.

Réserve de Papineau-Labelle
À bas la haute montagne!

Texte et photo Anne Pélouas

Une fois n’est pas coutume: on aime parfois faire de la distance sans grand dénivelé, pendant trois jours loin de tout, avec transport de bagages pour les deux tiers du trajet. La réserve faunique de Papineau-Labelle, entre l’Outaouais et les Laurentides, est parfaite pour ce style de longue randonnée. Départ de l’accueil Gagnon, au nord de Duhamel, sur la piste L’Ernestine qui suit peu ou prou la route d’été, mais en forêt. Deux kilomètres plus loin, on s’enfonce dans le bois sur la piste Ouest, non tracée, virant gentiment et sans autre relief que de petites bosses qu’on saute allègrement. Après 3,8 km, direction nord pour 5 km avalés sans y penser. Ce tronçon suit aussi la route d’été longeant le lac Ernest. Le refuge Doucet, un des sept installés au bord du plan d’eau mais à bonne distance les uns des autres, est quasi luxueux. Conçus pour les pêcheurs, ces refuges sont équipés de poêles et de lampes à gaz, avec matelas dans les chambres. Et superbe vue sur le lac!

Le lendemain dans la poudreuse, on retourne sur ses pas jusqu’au bout du lac avant de virer plein ouest vers le refuge de l’Hôte en zone bien dégagée. On bifurquera toutefois rapidement sur la gauche pour emprunter une piste un peu plus rock and roll, La Savita, menant au refuge du même nom, au bord du lac du Sourd. Une bonne douzaine de kilomètres en tout. Le lendemain, on attaque avec sac à dos (allégé) pour prendre le sentier La Savita vers le sud. Objectif: le tour du mont Devlin. Neuf kilomètres au compteur avant l’arrêt au refuge du Diable, pour un lunch au soleil. Il restera sept petits kilomètres de jouissance à jouer au rodéo en forêt sur la piste bien bosselée La Diable qui mène au bercail.

Repères: La réserve faunique de Papineau-Labelle compte 120 km de pistes de ski de fond balisées, non entretenues, avec 15 refuges pouvant accueillir de 4 à 15 personnes. Possibilité de transport des bagages. Raquette autorisée sur tous les chemins non entretenus et sur les sentiers (sauf les pistes de ski) menant aux refuges.
– 1 800 665-6527 ou www.sepaq.com

Comment s’y rendre: De Montréal, prendre l’autoroute 15 Nord, puis l’autoroute 50 jusqu’à Grenville et la route 148 Est jusqu’à Papineauville. Emprunter ensuite la route 321 jusqu’à Duhamel, puis le chemin du Lac-Gagnon Ouest sur 17 km. 

Montagnes Vertes
au pays blanc

Par Anne Pélouas  photo: Corridor appalachien

En juin 2010, on inaugurait à cheval, sur les territoires de Sutton, Bolton et Potton, la réserve naturelle des Montagnes-Vertes, version québécoise des montagnes du Vermont tout proche. Un nouveau paradis pour la randonnée pédestre et la raquette, à coup sûr, mais les petits malins du ski de fond hors-piste connaissaient déjà bien les lieux, surtout dans la vallée Ruiter, au sud-est de cette nouvelle aire protégée de 50 km2, faisant partie intégrante de la chaîne des Appalaches. Il faut s’enfoncer loin dans le bois en voiture, à partir du village de Mansonville, pour découvrir ce que les initiés appelaient leur vallée «secrète». Son partage ira désormais de pair avec sa protection au long cours, ce qu’on ne peut que saluer! Bienvenue, donc, sur le sentier des Découvertes, une boucle de 4,6 km démarrant à
282 m d’altitude. En moins de deux heures, on grimpera très gentiment sur une ancienne route forestière (avec une seule bonne montée) pour faire le tour d’un lac et rentrer au bercail. Pour allonger la sortie, le circuit des Étangs, comprenant une partie du sentier précédent, offre 8,5 km sans grand dénivelé, mais quand la neige tombe (le secteur est réputé en avoir beaucoup), il n’est pas pour les débutants! Au nord du circuit, on peut encore poursuivre sur la route des Sommets et compléter la grande boucle de 14 km en 6 heures environ, avec 528 m de dénivelé, vue sur le Vermont comprise.
Du grand art pour skieurs endurants!

Repères: Dans la réserve naturelle des Montagnes-Vertes (RNMV), les sentiers pour la raquette et le ski
de fond sont répartis en 3 secteurs reliés: 15 km non tracés dans le secteur Singer de la RNMV (ski de fond et raquette); 52 km dans le parc d’environnement naturel de Sutton (raquette); 200 km pour les Sentiers de l’Estrie (raquette). Tarifs: 5 $ par jour ou 90 $ pour le passeport annuel pour la RNMV, le parc d’environnement de Sutton et les Sentiers de l’Estrie; carte de membre de la RNMV à 25 $ par an ou 35 $ par famille.

Parc d’environnement naturel de Sutton
– 450 538-4085 ou www.parcsutton.com

Sentiers de l’Estrie
– 819 864-6314 ou www.lessentiersdelestrie.qc.ca

Comment s’y rendre: De l’autoroute 10, prendre la sortie 106 en direction de Mansonville. Au village, emprunter le chemin West Hill, puis le chemin Ruiter Brook à droite. Premier stationnement: réseau de la fiducie de la vallée Ruiter. Second: secteur Singer.

Monts McGerrigle
Du hors-piste grand confort

Texte et photo Marie Josée Auclair

Pour savourer le ski hors-piste au Québec, il faut la plupart du temps le mériter pleinement, c’est-à-dire gravir les dénivelés conduisant vers les plus hauts sommets. Le transport en chenillette, ou catski, offert depuis peu par Ski Chic-Chocs, une jeune entreprise spécialisée en tourisme hivernal en Gaspésie, permet désormais de s’adonner aux joies du ski sur des pentes vierges au-dessus de la ligne des arbres, dans les monts McGerrigle, sans avoir à fournir l’effort considérable de l’ascension.

«Bien sûr, les dénivelés ne se comparent pas à ceux des Rocheuses, mais les versants assez pentus et la quantité phénoménale de neige procurent aux amateurs de glisse une expérience de ski semblable à ce qu’on retrouve en Colombie-Britannique», soutient Stéphane Gagnon, fondateur de Ski Chic-Chocs.

En collaboration avec la Sépaq, l’entreprise Ski Chic-Chocs accueille les clients au centre de découverte et de services du parc national de la Gaspésie, à environ 200 m du Gîte du Mont-Albert. Les skieurs et les planchistes prennent place dans la chenillette, qui peut transporter une dizaine de personnes. Le domaine skiable des mines Madeleine est situé à 15 km au nord dans la réserve faunique des Chic-Chocs, en périphérie du parc national de la Gaspésie. Plusieurs sommets de plus de 1000 m d’altitude, difficilement accessibles autrement, surplombent des champs de neige et d’étroits couloirs.

En compagnie de guides expérimentés, on effectue des descentes le long de pentes complètement dénudées jusqu’aux forêts matures et on cumule ainsi plusieurs descentes variant de 300 à
500 m de dénivellation. La journée est donc entrecoupée de remontées bien au chaud à bord de la chenillette, ce qui permet d’admirer le paysage alpin en tout confort. Bien que se déroulant dans un domaine sauvage et sans aménagement, ce genre de ski n’est pas réservé qu’aux experts; les skieurs intermédiaires peuvent aussi trouver un terrain à leur mesure et goûter à ces descentes inoubliables.

Repères: Ski Chic-Chocs: le dîner et l’équipement de sécurité en cas d’avalanche sont inclus dans le forfait, tandis que les skis de poudreuse peuvent être loués sur place. En plus du catski, Ski Chic-Chocs offre du ski de haute route (ou ski de randonnée), de la randonnée alpine en raquettes ainsi que des formations spécialisées.
520, 1re Avenue Ouest, Sainte-Anne-des-Monts.
– 418 763-3333 ou www.skichicchocs.com/fr

Comment s’y rendre: À cinq heures de Québec, le point de départ pour les excursions, soit le centre de découverte et de services du parc national de la Gaspésie, est accessible par la route 299, entre Sainte-Anne-des-Monts et New Richmond.