Présenté par Tourisme Gaspésie
Destinations

Aventures automnales

Pour une virée colorée entre mer et montagnes, on met le cap sur la Gaspésie.

Trotter ou flâner sur le sentier des Trotteurs ?

Certains noms de sentiers, comme le sentier des Trotteurs, paraissent couler de source : il faut bien « trotter » pour parcourir en une seule journée un sentier aussi long et diversifié, se faufilant entre collines, champs et bords de rivière. Pourtant, celui-ci a plutôt été nommé en l’honneur du hameau de Trottier, son point d’accès le plus à l’est, aujourd’hui intégré à la municipalité de Sainte-Hélène-de-Chester.

Oubliez la plaine du Saint-Laurent. Enfoncez-vous dans les terres de la région Centre-du-Québec, au cœur des Bois-Francs. Victoriaville y est en quelque sorte la porte d’entrée des contreforts de la chaîne des Appalaches. À sa lisière sud, le parc du Mont-Arthabaska est un lieu de marche, de course et de vélo de montagne, mais il abrite aussi l’entrée ouest du sentier des Trotteurs, accessible en toute saison, excluant la période de la chasse automnale.

Ce parcours de randonnée, dont l’idée est née en 1998, s’est allongé au fil du temps, grâce à la volonté d’un groupe de citoyens de Sainte-Hélène-de-Chester, dont la population ne dépasse pas le seuil des 400 habitants. Une poignée d’entre eux fonde le Carrefour écotouristique des Appalaches (CÉA), organisme à but non lucratif ayant pour mission première de rendre la forêt accessible à la population tout en contribuant à l’attractivité de la région des Bois-Francs.

« Hubert Guillemette, résident de Trottier, faisait partie de ce petit groupe qui a donné son âme au sentier », souligne l’actuel président de l’OBNL, Bertrand Houle, en le foulant de ses pas. Lui-même en est désormais la cheville ouvrière et l’un des plus ardents bénévoles qui consacrent temps et énergie à son entretien et à son amélioration.

En 1999, le Carrefour écotouristique ouvre un premier « réseau » du côté de Trottier : le sentier des Cascades et celui du Pic figurent parmi les plus beaux tronçons du sentier des Trotteurs, en outre d’être faciles d’accès pour une randonnée d’une demi-journée. De Trottier, on emprunte d’abord le sentier des Cascades qui longe la rivière Bulstrode, tout en méandres et plages de cailloux. On traverse des plantations de feuillus, des érablières et des forêts d’épinettes.

Après 6 km en terrain plat, on attaque la montée, puis il faut choisir entre compléter la boucle ou poursuivre sur le sentier du Pic. La piste tortueuse est en pente raide, avec un dénivelé de 250 m en moins de 2 km. Pour certains passages, l’aide d’une corde et des mains est nécessaire. La récompense se trouve à 420 m d’altitude, sur l’un des plus hauts sommets de la région.

Le chaînon manquant

Dès 2007, l’idée de relier Trottier à Arthabaska, 26 km plus loin, revient sur la table. Une subvention permet au Carrefour écotouristique des Appalaches d’embaucher un employé afin de poursuivre la négociation des droits de passage, amorcée quelques années plus tôt.

Dans un premier temps, c’est au mont Arthabaska que se concentrent les efforts, mais il faudra attendre encore deux ans, en 2009, pour que soit inaugurée la section du sentier des Trotteurs dans les environs du parc de Victoriaville. Elle comprend deux boucles : la Petite boucle des antennes (6 km) et la Grande boucle des antennes (8,5 km). Au départ du stationnement Girouard, sur le chemin Laurier Est, le sentier s’élève rapidement en forêt. On peut continuer sur les hauteurs vers le sud-est avant de revenir par le 7e Rang et finir au sommet du mont Arthabaska, à moins qu’on ait débuté au belvédère du mont.

Dans l’esprit des membres du Carrefour, il demeurait clair cependant qu’il fallait absolument relier les secteurs Arthabaska à Trottier. Le « chaînon manquant » a finalement été inauguré en 2010. « Ça a pris du temps, entre autres parce qu’il a fallu conclure des ententes avec une cinquantaine de propriétaires privés afin d’obtenir le droit de passage sur leurs terres », précise Bertrand Houle.

Un abri, des randos et une compétition

Depuis, le Carrefour ne s’endort pas sur ses lauriers. En plus d’entretenir le sentier, de construire ou de réparer des ponceaux et des passerelles, il se projette dans l’avenir ! La preuve se trouve au km 12, qu’on atteint après une bonne descente à partir du sentier du Pic, un passage au-dessus de la rivière Gobeil et un parcours en forêt. Bertrand Houle n’est pas peu fier d’y faire visiter le pimpant « abri du Blizzard ». Coiffé d’un joli toit rouge, le petit refuge est équipé d’un poêle à bois et sert de halte aux randonneurs depuis 2018.

En continuant vers Arthabaska, le sentier alterne les descentes et les petites montées en forêt à dos de buttons. Aménagé au minimum, il plaira à ceux qui n’aiment pas trop qu’on leur dise où poser le pied ! À partir du km 17, le paysage s’ouvre sur des champs cultivés, qu’on longe parfois avant de repartir à l’ombre des arbres. C’est l’un des intérêts du circuit que de donner aussi au randonneur une image du monde rural des Bois-Francs.

Un tronçon de 2,4 km a encore été ajouté l’an passé dans le secteur de Trottier. Ce sentier du Coyote – dont l’altitude la plus élevée avoisine les 440 m – relie désormais celui du Pic au village de Sainte-Hélène-de-Chester. Belle occasion de faire un arrêt à la toute nouvelle auberge Le Sainte-Hélène. Installé dans l’ancienne école du village, l’établissement hôtelier, avec resto et spa nordique, est à deux pas du sentier du Coyote.

Comme il faut compter de six à huit heures de marche pour compléter le parcours et qu’il n’y a pas de camping en route, l’auberge s’avère un ajout de taille pour attirer plus de monde sur le sentier. Auparavant, la seule d’option d’hébergement était la nuitée à la belle étoile chez l’ébéniste Francis Bourgault, situé non loin du corridor de marche. Ce dernier, qui était de l’équipe de départ du CÉA, continue à sa manière de promouvoir le sentier des Trotteurs. Il offre aujourd’hui aux randonneurs, à prix modique, une place dans son camping rustique Le Gazouillis et, si nécessaire, un service de transport jusqu’à un point d’accès du sentier.

Vingt ans après ses débuts, le Carrefour écotouristique des Appalaches compte 80 membres actifs et son sentier n’est plus le secret bien gardé d’hier. « Il voit passer de 1500 à 2000 marcheurs par an », calcule Bertrand Houle. Il faut dire que l’OBNL organise trois « grandes randonnées » de groupe par an (printemps, automne et hiver) qui ont contribué à le faire mieux connaître. Une centaine de randonneurs y participent chaque fois.

De plus, le sentier accueille en novembre la « randonnée du Blizzard », qui attire quelque 300 coureurs et marcheurs sur des distances de 15, 20 et 26 km. C’est d’ailleurs pour souligner l’apport du Blizzard Challenge, une course hivernale en sentier, que la halte du km 12 se nomme « abri du Blizzard ». Au fil des ans, souligne Bertrand Houle, les organisateurs du Blizzard Challenge ont aidé financièrement à l’amélioration du sentier des Trotteurs.

Quant à la prochaine « randonnée du Blizzard », elle bénéficiera comme chaque année d’une aide originale de Bertrand Houle et de ses amis bénévoles. Pour l’occasion, ils arpenteront la piste dans les jours précédant l’événement, avec une souffleuse à feuilles en main ! Le sentier des Trotteurs est sans doute le seul au Québec où, une fois par an, on souffle les feuilles tombées au sol…

EN BREF

26 km

Secteur Arthabaska : 2 boucles de 6 et 8,5 km

Secteur Trottier : 2 boucles de 5,9 et 9,4 km

Droit de passage : 5 $

ATTRAIT MAJEUR

Une incursion dans les paysages forestiers et agricoles des Appalaches.

COUP DE CŒUR

Le sentier du Pic, bon pour le cardio.

sentierdestrotteurs.com