Présenté par Tourisme Gaspésie
Destinations

Aventures automnales

Pour une virée colorée entre mer et montagnes, on met le cap sur la Gaspésie.

En quête du meilleur abri pour la longue randonnée

  • Tente Mount Trail/Crédit Jamil Slim

Les fabricants de matériel ne cessent d’innover et de multiplier les façons de se loger en plein air. Hamac, bâche, tente autoportante ou ultralégère : que choisir ?

Les Appalaches gaspésiennes, la crête du Pacifique aux États-Unis, les Rocheuses de l’Ouest canadien… Ces destinations épiques de longue randonnée n’ont plus de secrets pour Tracy Généreux, qui a commencé à se passionner pour cette activité de plein air il y a trois ans.

Depuis ses premiers pas sur les sentiers pédestres, la jeune aventurière de 28 ans est passée d’une tente-boulet de plus de 2,5 kg à une bâche plume de 150 g pour ses longues aventures en solo. La randonneuse a également testé le hamac et la tente ultralégère. « Quand j’ai commencé à augmenter le nombre de sorties, j’ai décidé de changer pour l’ultraléger, car je suis petite et je ne suis pas particulièrement forte », dit-elle. Son verdict : elle préfère le logis le plus rudimentaire, pour la polyvalence et la communion avec la nature.

 

Bâche

C’est sous une toile Dyneema Composit Fabric – « un matériau hyper léger et très imperméable » – que Tracy a roupillé lors de sa traversée du Sentier international des Appalaches (SIA), en Gaspésie, en septembre 2021. D’après son expérience, la bâche est tout indiquée pour parcourir ce sentier ponctué de nombreux refuges. « Je m’étais procuré le passeport du SIA. Lorsque les refuges étaient occupés ou s’il n’y en avait pas là où je m’arrêtais, j’installais ma bâche », raconte-t-elle.

La bâche (tarp en anglais) s’avère l’option la plus légère pour s’abriter en randonnée. Ce petit bout de tissu imperméable pèse plus ou moins l’équivalent d’un repas lyophilisé et ne prend guère plus de place dans le sac à dos. Il faut utiliser ses bâtons de marche et avoir en main de la cordelette et quelques piquets pour l’ériger en forme de A, de pyramide ou de monopente.

Toutefois, durant la saison estivale, la bâche perd des points. Son principal défaut ? L’absence de bouclier contre les bibittes affamées qui bourdonnent dans nos forêts québécoises. Simon Diotte en sait quelque chose. Le rédacteur en chef de Géo Plein Air a fait l’essai de ce mode d’hébergement lors d’une sortie en fastpacking sur l’île aux Lièvres dans le Bas-Saint-Laurent, en pleine saison des maringouins. Résultat : il s’est fait manger tout rond ! « Dès que j’allumais ma lampe frontale, les maringouins arrivaient comme la misère sur le pauvre monde. C’était fou. J’ai regretté d’avoir juste une bâche », se souvient-il.

Tente ultralégère

En pareille situation, la tente ultralégère gagne des points. Il faut toutefois distinguer les tentes autoportantes dites ultralégères de celles qui le sont vraiment. Les premières fonctionnent avec un système d’arceaux, le plus souvent en fibre de verre, en aluminium ou en carbone. « Les tentes appelées ultralégères par les entreprises spécialisées contiendront davantage de toile moustiquaire. Le double toit sera en silicone ou en nylon pour que ce soit plus léger », explique Renée-Claude Bastien, guide professionnelle en randonnée pédestre et enseignante-coordonnatrice au programme de Tourisme d’aventure du cégep de Saint-Laurent. Ces modèles allégés pèsent en général un peu plus d’un kilo, comparativement aux tentes « ordinaires » qui peuvent parfois s’élever à deux, voire trois kilos.

Quant aux « vraies » tentes ultralégères, elles se situent pour la plupart sous la barre des 500 g. Ce type d’abri minimaliste est dépourvu d’arceaux et se dresse aussi à l’aide de bâtons de marche. Pour quelques grammes de plus que la bâche – mais le double, voire le triple du prix –, ces tentes offrent une protection complète contre les insectes piqueurs. Certaines sont dotées de planchers, d’autres pas. Auquel cas les randonneurs futés les remplaceront par un tapis fait maison, comme une feuille de Tyvek, une pellicule transparente en polyléfine, ou tout autre substitut de plastique afin d’éviter de dormir sur un sol mouillé ou rocheux.

Plusieurs randonneurs se tournent vers les tentes de Mount Trail, une pousse québécoise qui fabrique ici même de l’équipement ultraléger pour le plein air. « C’est une tarp pyramidale à base hexagonale sans plancher. Une jupette moustiquaire fait le périmètre et tombe jusqu’au sol », détaille Maxime Boisvenu-Fortin à propos du plus récent prototype de Mount Trail pour 1,5 personne, qui lui a permis de battre le record de vitesse pour compléter le SIA à l’été 2021. Ce marcheur de 25 ans a parcouru le long sentier gaspésien d’une traite, sans aide, en 12 jours, 7 heures et 30 minutes. Poids total de ses pénates, incluant un protecteur de sol maison et six piquets ultralégers : 461 g.

Crédit Tracy Généreux

Amateur de camping sauvage, Serge Landry dort aussi sous une tente Mount Trail. Sa version deux places frôle le demi-kilo, matériaux d’attache compris. « La tente minimisée me permet de me libérer des refuges et des campings et de maximiser mes journées. Je m’impose d’être ultraléger pour être ultra-autonome », déclare-t-il.

Planter son bâton

Qu’il s’agisse d’une bâche ou d’une tente ultralégère, ces abris utilisant un système de dressage avec bâton ont l’avantage d’alléger considérablement le poids du sac à dos, mais exigent plus d’habiletés techniques pour les installer que les tentes autoportantes.

Loin d’être un néophyte en plein air, Simon Diotte s’est cassé la tête pour monter sa bâche dans le sable. « Ce n’est pas évident de trouver la bonne tension. Dans la nuit, mon bâton est tombé. Ça ne m’a pas réveillé, mais au matin, je n’étais plus protégé par ma bâche », témoigne-t-il. À une autre reprise, il a tenté d’ériger son toit de toile sur une plateforme de camping, sans succès. « Franchement, je n’ai jamais trouvé une façon intelligente pour que ça tienne sur la plateforme. Comment faire tenir un bâton alors qu’on ne peut pas le planter dans la terre ? » se questionne-t-il.

« Pour une personne débutante, c’est plus difficile à maîtriser. Par exemple, comment installer la bâche de façon à bien dégager l’eau et à se protéger du vent ? » demande Tracy Généreux, qui est devenue « bâchelière » après avoir visionné plusieurs tutoriels sur YouTube afin de tirer meilleur profit de son abri.

Hamac

La jeune randonneuse aime bien troquer sa bâche chouchou contre le hamac lors de chaudes nuits d’été. « Le hamac est la meilleure façon d’avoir une aération adéquate, car l’air passe partout autour de soi », garantit-elle, tout en vantant le confort inégalé que procure ce lit tendu entre deux arbres. Les bons hamacs conçus pour le camping permettent au campeur de dormir presque à plat. « Le plus souvent, le hamac est assez large et long, ou a une forme asymétrique, ce qui permet de se coucher en diagonale. On ne ressent aucun point de pression. C’est comme dormir sur un nuage », décrit Tracy Généreux, dont le cumulus est un Hummingbird Hammocks de 280 g, incluant les sangles de suspension.

Sans renier le confort de ce type d’hébergement encore peu utilisé au Québec, Frédéric Faucher a vécu des nuits plutôt frisquettes dans son cocon deux places Eagles Nest Outfitters (ENO). Et il n’est pas le seul. « Puisqu’il n’y a pas d’isolant dans le dos, il faut apporter un matelas de sol. Et malgré tout, ce n’était pas suffisant pour me garder au chaud », confie le cinquantenaire qui ne s’estime pas particulièrement frileux.

La solution ? Plusieurs campeurs ajoutent une couverture sous le hamac – une underquilt. « N’étant pas compressée, celle-ci garde la chaleur. Au bout du compte, le hamac, avec sa moustiquaire et sa bâche, pèse presque le même poids qu’une tente, sans compter la couverture supplémentaire qui ajoute du volume dans le sac à dos en plus de l’alourdir », déplore Frédéric Faucher, qui reproche aussi au hamac son manque de polyvalence au campement. « Quand il pleut, les soirées sont longues », soutient celui qui préfère dormir sur le sol.

Le système de suspension aux arbres s’avère un atout pour quiconque s’adonne au camping sauvage en milieu forestier, puisqu’il n’exige pas de dénicher une surface plate pour le déposer. Le randonneur itinérant devra néanmoins être plus pointilleux sur le choix des arbres. « Il faut s’installer sur des arbres d’au moins 15 à 20 cm de diamètre pour ne pas trop se faire brasser ! » avise Tracy Généreux.

Comment choisir son abri ?

Confort, espace, simplicité, poids, robustesse, polyvalence… Trouver « LE » meilleur abri, une quête impossible ? « C’est un choix très personnel », affirme Renée-Claude Bastien, qui invite les pleinairistes à bien évaluer les conditions auxquelles ils s’exposeront. « Quand je fais de la longue randonnée, je veux être bien protégée des intempéries. Au Québec, nous ne sommes pas en Californie ni en Arizona. Il y a des mouches, de la pluie, de la neige, du vent », fait valoir la guide, qui privilégie le plus souvent la bonne vieille tente autoportante pour la sécurité et le bien-être qu’elle lui procure.

« Il faut savoir trouver le juste milieu entre le confort pendant qu’on marche, avec moins de poids dans le sac à dos, et le confort rendu au camp, avec un abri plus spacieux, nuance pour sa part Maxime Boisvenu-Fortin. Personnellement, puisque j’aime marcher longtemps, je privilégie la légèreté d’une tente minimaliste », dit ce randonneur passionné qui enchaîne les défis d’envergure.

Bâche, hamac, tente minimaliste ou autoportante : tous ces abris conviennent pour les aventures au long cours. Le plus important est de trouver l’option qui nous assurera de bonnes nuits, conseille Renée-Claude Bastien. « Bien dormir est essentiel en expédition. Si on n’a pas un sommeil réparateur, ça peut rapidement jouer sur notre capacité à atteindre notre objectif. » En longue randonnée, l’abri fait le moine.