Des amoureux de la forêt /// Asani Esungulua

Chaque année, de mai à novembre, ils sont plusieurs centaines d’hommes à monter dans le bois partout au Québec, afin d’exécuter des travaux «d’éclaircie précommerciale». Le but de l’opération : aménager des secteurs de forêt qui ont été coupés il y a une quinzaine d’années afin de les préparer pour leur prochaine exploitation.
Ces ouvriers, on les appelle «débroussailleurs». Mais depuis le début des années 2000, une petite révolution est en marche dans nos forêts. 80% de ces bûcherons nouveau genre sont maintenant originaires d’Afrique!

C’est le cas d’Asani Esungulua. Quittant femme et enfants restés à Montréal, il travaille six jours par semaine, douze heures en ligne. Armé d’une dangereuse scie circulaire, il répète les mêmes gestes, progressant dans un terrain rempli d’obstacles. Payés au rendement, ce n’est pas le temps de traîner. Au moins, le sacrifice en vaut la peine : c’est beaucoup plus payant qu’à la manufacture!

Mais pour Asani, diplômé en économie en République démocratique du Congo, ce n’est pas qu’une question d’argent. «Ici, j’ai l’impression de contribuer à la survie de la nation québécoise. Non seulement je paye mes taxes, mais je participe à l’avenir de la forêt, qui est notre première richesse! Le Québec est un pays de rêveurs, de bâtisseurs. Et nous les néo-québécois, voilà ce que nous faisons pour les générations futures.»

Et grâce à Oumar Diallo, un Malien d’origine qui a fondé sa propre entreprise d’aménagement sylvicole, Asani peut compter sur la forêt pour encore plusieurs années afin d’assurer l’avenir de sa famille. «Ce travail me permet de donner une bonne éducation à mes enfants et je sais qu’un jour, un d’entres eux réalisera de grandes choses.»