Des amoureux de la forêt // Le jardin des livres
L’amour donne des ailes, c’est bien connu. La romancière Francine Ouellette serait bien d’accord avec ce vieil adage. Lorsqu’au début des années soixante-dix, elle s’inscrit à des cours de pilotage à l’aéroport de Mont-Laurier, son instructeur Gaston Maillé l’impressionne déjà. Mais en plus, c’est un homme des bois.
Chasseur et pêcheur accompli, il l’amène lui faire découvrir sa trail de collets à lièvres. «Lorsqu’il m’a cuisiné un succulent civet, j’étais conquise!» Le nouveau couple s’envole rapidement pour Schefferville, où Gaston vient d'accepter un contrat de pilotage en brousse et où Francine trouvera l’inspiration pour écrire ses deux premiers romans : Les Ailes du destin et Le Grand Blanc.
Mais pour cette ancienne urbaine charmée par la forêt dès sa tendre enfance, la toundra du grand nord ne remplace pas tout à fait la végétation des Hautes Laurentides. Nos deux pilotes amoureux de la nature s’installeront donc au Lac-des-Îles, pour ne plus en repartir. Francine peut ainsi explorer à satiété son jardin forestier et faire quelques découvertes gastronomiques, grâce au savoir faire des Amérindiens. Tête de violon, ail des bois, pousse de quenouille et même, asclépiade commune n’ont plus de secrets pour cette auteure de salades étonnantes.
Mais il n’y a pas qu’en cuisine que la forêt inspire Francine Ouellette. Tous ses romans à succès – Au nom du père et du fils, Le Sorcier, la série Feu – ont pour toile de fond la nature avec ses mystères et ses épreuves. «Dans mon œuvre, la forêt est partout! Je parle beaucoup des rapports qui existent entre elle et l’humain.» Et si pour Gaston Maillé, le bois est affaire d’abondance et de tranquillité, pour Francine, c’est une formidable métaphore de la création. «Ici, tout est en équilibre. Il y a des plantes qui poussent en association, alors que d’autres sont les pires ennemis entre elles.
En fait, la forêt est une véritable leçon de vie.»