Des amoureux de la forêt /// Yves Bergeron, chercheur de trésor
photo: Manon Poitras
Cette histoire pourrait s’intituler l’Appel de la nature. Ou encore, La transformation d’un urbain en homme des bois et, surtout, en chercheur.
Né et élevé à Montréal, Yves Bergeron a passé une partie de sa jeunesse à découvrir les régions du Québec en suivant son père, voyageur de commerce. Il a donc voulu voir ce qui se cachait derrière les forêts qu’il traversait.
Après des études en sciences biologiques, il s’intéresse de plus près aux écosystèmes forestiers, particulièrement ceux de la forêt boréale. «C’est le type de forêt qui occupe le plus d’espace au Québec. Ce n’est pas la plus diversifiée en terme d’espèces, mais elle est très dynamique en terme de changements de communautés dans le temps, à cause de phénomènes assez spectaculaires comme les incendies de forêts ou les épidémies de tordeuse d’épinettes.»
Professeur à l’Université du Québec à Montréal, Yves Bergeron s’inspire justement de cette dynamique naturelle pour imaginer des scénarios d’aménagement se rapprochant de ce qu’on observe en milieu forestier. «Nous souhaitons ainsi recréer une forêt qui produirait les habitats nécessaires pour la diversité biologique, et qui maintiendrait les processus pour la productivité des écosystèmes.»
En s’installant à Rapide Danseur il y a une quinzaine d’années, Yves Bergeron devient titulaire de la Chaire de recherche industrielle en aménagement forestier durable de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue. À partir de la forêt expérimentale et de conservation du lac Duparquet, il mène des travaux scientifiques touchant autant aux concepts de «gestion intégrée des ressources» que «d’aménagement écosystémique».
Si le premier concept met l’accent sur le maintien de la santé des écosystèmes, le second s’intéresse plutôt au fait que l’ensemble des utilisateurs d’une forêt puisse en tirer un bénéfice. «Mais attention, clame Yves Bergeron. Si tout le monde en tire un bénéfice, l’écosystème peut ne plus être en mesure de fournir quoi que se soit. Il ne faut pas trop lui en demander.»
Et justement, sommes-nous en voie d’épuiser les ressources de la forêt boréale? «Elle demeure relativement naturelle. Elle n’est pas encore domestiquée comme celle de la Finlande. Mais il fallait arrêter la machine avant qu’elle ne s’emballe trop. Et je crois que nous avons réagi à temps.»