Parfois, il suffit de courir

Pour la simplicité
J’ai pratiqué une multitude de sports et d’acti­vités, de groupe comme individuels. De façon quasi compulsive, j’ai nagé et roulé. Malgré tout le plaisir que procure le vélo de route, ça demeure « compliqué » : s’habiller en fonction du temps qu’il fait et de celui qu’il fera, remplir ses gourdes, s’assurer d’avoir du carburant alimentaire, gonfler ses pneus et rassembler les pièces de rechange, au cas où, car tout ce qui peut arriver arrivera.

La course, elle, n’impose aucun rituel de préparation. Je mets mes souliers et je pars. Le minimum requis consiste en une toute petite dose de détermination qui aide à franchir le pas de la porte. C’est simple comme courir !

Pour l’euphorie
Vous rappelez-vous de votre première fois, ce moment de grâce ressenti lors d’une sortie, cet instant d’euphorie quand la foulée est enfin devenue rapide, agile, légère ? Ça n’arrive pas souvent. Dans mon cas, pas une fois par semaine, parfois même pas une fois par mois. Mais lorsqu’on goûte à cet état de plénitude causé par un party d’endorphines, on en veut encore et encore. C’est ce qui me pousse à mettre le pied dehors chaque fois, même quand la tête et les jambes n’y sont pas : l’envie de revivre cet instant enivrant de magie hormonale.
La course, c’est une drogue. Mon corps hurle plusieurs fois par semaine pour avoir son fix de course.

Pour vivre vieux
Chaque jour, nous empruntons différents chemins qui nous emmènent ailleurs. Je suis persuadé qu’au moment de notre conception, nous nous voyons attribuer un petit moteur qui nous propulse dans la vie. Malheureusement, la génétique ne m’a pas avantagé et je me suis fait attribuer une mécanique de Lada : hypertension, hypercholestérolémie, souffle cardiaque, historique familial de maladies cardiaques, tout concorde pour que je passe la grille d’entrée du cimetière pieds devant avant l’âge. La course, une bonne alimentation et un suivi médical approprié sont, à mon avis, une planche de salut pour ceux qui ont tiré un mauvais numéro à la loterie de la génétique.

La course, c’est donner un peu d’espoir aux personnes qui ont été conçues pendant la pause du mécano.

Pour vivre mieux
Je viens tout juste d’écrire que je mène une vie saine en combinant l’activité physique et une bonne alimentation. Mais je suis un être rempli de paradoxes. C’est que j’aime aussi la vie. J’aime bien boire et bien manger. J’aime le vin, la bonne chère et les amis. Excusez-moi, je sonne comme une fiche Réseau Contact. Si ce n’était de la course, je serais une grosse patate de divan.
La course est le meilleur outil pour se déculpabiliser des excès que la vie nous offre.

Pour sortir dehors
Sans torture, je l’avoue, je suis paresseux. J’aime le confort de mon salon et la chaleur de ma maison. Invitez-moi à regarder un film, même par un beau dimanche ensoleillé, et je serai partant. Je n’éprouve pas ce besoin profond de me ruer dehors dès que la température le permet. Ça ne m’empêche pas pour autant d’apprécier les instants de beauté que m’offre une course à l’extérieur : sentir les premiers rayons du soleil chauffer mes pauvres cuisses blanches au printemps, admirer les feuilles colorées de l’automne tourbillonner derrière un coureur en sentier, entendre la neige crisser sous mes pas à -15 °C, et ne pas en revenir de ne pas avoir froid.
La course, c’est le coup de pied au derrière de ma paresse confortable.

Pour prendre le temps
Nous vivons une époque complètement folle. Entre le boulot, les enfants et les obligations, il est difficile de s’accorder du temps pour soi. La course permet de le faire. Ce n’est pas toujours facile, c’est rarement le bon moment. Il faut s’obliger à le prendre, ce temps, car personne d’autre ne nous l’offrira. C’est terriblement cliché, mais c’est vrai.