Quand le chien fait partie de l’expédition

S’entraîner ensemble
«Avant notre première sortie en canot, nous nous sommes pratiqués, mon chien et moi, dans la cour arrière. Bien calé dans mon canot sur la pelouse, j’apprenais à Jules de nouvelles commandes, lui indiquant de se coucher au centre du canot ou encore, de venir se placer entre mes jambes», relate David Mepham, professeur responsable du bac en intervention plein air à l’Université du Québec à Chicoutimi. Celui-ci croit fermement que l’obéissance développe la relation et permet de faire croître le plaisir que lui et Jules retirent de leurs expéditions. Plus encore, il affirme que les centaines de dollars que lui et sa compagne ont investis dans des séances encadrées d’entraîneurs qualifiés valent la dépense: «Lorsqu’on croise une famille de canards sur la rivière, il est primordial que Jules sache se contrôler et reste de glace dans l’embarcation, fidèle à mon commandement.»

Sandra Friedrich, gestionnaire du site www. sandraetlechien.com et qui compte à son actif de nombreuses expéditions avec son chien, abonde dans le même sens. Amoureuse de la race canine, cette compétitrice de canicross insiste sur le fait que l’animal doit arriver physiquement prêt: «Il ne me viendrait pas à l’esprit de courir un marathon sans m’entraîner ou bien en chaussant des souliers neufs. Idem pour le chien. Les premières sorties peuvent être douloureuses pour les coussinets de Sapi. D’où l’importance de le faire courir sur toutes sortes de revêtement avant une longue randonnée: sable, terre battue, roche…»

L’entraîneur canin Jean Lessard indique toutefois de prendre garde au surentraînement. On doit en effet éviter de pousser son partenaire quadrupède au point qu’il développe un besoin de bouger que son maître ne pourra assouvir.

Il importe également de laisser l’animal récupérer. De fait, un chien passe normalement plusieurs heures par jour à dormir. Or, en randonnée, il n’en est rien: heure après heure, le plus poilu des membres de l’expédition doit battre la cadence. Il doit se coucher tôt le soir et se reposer le midi.

Des accessoires qui facilitent la vie
Laisse ou harnais sont de mise. Si ces pièces d’équipement sont généralement requises là où les chiens sont admis, elles pourraient aussi sauver la vie de votre animal de compagnie. Trop nombreux sont les propriétaires canins qui ont des histoires d’horreur à raconter, histoires mettant en scène leur bête prise dans un collet à renard installé de manière tout à fait légale par un trappeur.

Les vêtements de flottaison pour animaux apparaissent aussi comme un incontournable; les modèles comportant une poignée se révèlent fort pratiques pour les embarquements et les débarquements. (Rappelons qu’il est faux de prétendre que les chiens au poil ras flottent sans difficulté!)

Des sacs à dos pour chiens sont également offerts sur le marché. Dans un cas comme dans l’autre, il est impératif d’entraîner son animal à porter ces pièces d’équipement sur de longues périodes avant de s’aventurer en forêt. Les deux manufacturiers québécois Équipements Apivok et Mush Hi-Tech proposent d’ailleurs des produits très intéressants.

Des trucs alimentaires
Bien sûr, on veut réduire le poids des bagages. On choisira donc des croquettes pour chiots, d’ordinaire plus calorifiques. Habituer toutou à ce nouveau régime quelques jours avant de partir pourrait se révéler une stratégie gagnante. Et un peu comme le feraient des montagnards de longue haleine, on bonifiera la valeur lipidique de ce plat en y ajoutant le gras refroidi du bacon ou la bordure lardée d’un prosciutto.

Les sardines dans l’eau sont idéales pour réhydrater son chien avant et pendant la randonnée, d’autant plus qu’elles lui fournissent quelques calories additionnelles. Évidemment, on évite le gaspillage et on incorpore l’huile de ces con­serves dans le bol du chien.

En somme, le mot d’ordre est simple: il faut se soucier de la bête avant, pendant et après l’expédition. On doit veiller à sa faim, à sa soif et à son sommeil, le prémunir contre les insectes piqueurs, inspecter les campements afin d’y déceler, par exemple, la présence de pièges à rats, de leurres à pêche ou de détritus dans le site de feu.

Les activités doivent se dérouler dans le plaisir, la confiance, voire la détermination, mais non dans la contrainte. Surtout, on laisse primer les considérations de santé de l’animal sur ses propres velléités de performance: si, à mi-parcours, le chien se met à respirer bruyamment, a la langue pendante et affiche des gencives rouges ou bleutées, on rebrousse chemin. Le sommet, ce sera pour une prochaine fois… avec un animal mieux entraîné, en santé et, surtout, en vie. •

Des premiers soins adaptés
En expé, le chien devient un membre à part entière. Des considérations doivent donc être apportées en lien avec sa santé, exactement comme on le ferait avec un partenaire soumis à des conditions médicales particulières.

– Avant de partir en randonnée, il importe de vérifier où se situe l’hôpital vétérinaire le plus près.

-Une formation de premiers secours canins pourrait se révéler une bonne idée. On
y apprend à reconnaître les expressions de douleur et d’inconfort de l’animal, à prendre les signes vitaux, à installer des bandages, à immobiliser des membres, à transporter un chien blessé, à évaluer le degré d’urgence associé aux vomissements, diarrhées, etc.

-Quelques ajouts sont à prévoir à la trousse d’urgence: une pince à tiques, des produits naturels anti-moustiques, une solution stérile de type Baxedin, des produits de soins pour les coussinets ou du baume médicamenteux tel que le
Bag Balm.

-L’hyperthermie est vite arrivée lorsqu’on trottine enveloppé dans un manteau de fourrure… D’ailleurs, les spécialistes s’entendent pour dire qu’on doit modérer les ardeurs de pitou si la température extérieure excède 22 oC. Il faut le laisser se jeter à l’eau s’il en ressent le besoin ou encore, le rafraîchir quand il fait le moindrement chaud. Fait à noter, la température rectale moyenne d’un chien se situe à 38,9 oC; une augmentation à plus de 44 oC peut lui être fatale.

Le point de vue de la Sépaq
Les propriétaires canins le savent trop bien: toutou n’est pas admis dans les parcs nationaux du Québec, à l’exception des chiens-guides. Quelles raisons expliquent cette décision?

Une revue de la littérature concernant les normes qui existent dans d’autres réseaux
de parcs nationaux dans le monde indique que, dans les établissements qui autorisent la présence canine, on trouve moins d’oiseaux au pourtour des sentiers, moins de possibilités d’observer la faune, des risques de transmission de maladies aux espèces sauvages et des désagréments pour les visiteurs (aboiements, chiens en liberté, excréments, etc.).

Plus de 70% des clients des parcs nationaux québécois s’opposent à l’admission des chiens. Du reste, la Sépaq reçoit de plus en plus de lettres de félicitations lui enjoignant de maintenir sa position.

Selon une étude récente réalisée par la Sépaq, seulement 1% des répondants indiquent ne pas fréquenter les parcs nationaux parce que les chiens n’y sont pas admis.

Où aller?
Les terres publiques sont probablement les endroits qui se prêtent le mieux au tandem pleinairiste-canidé, car elles ne sont soumises à aucune réglementation précise. Certains espaces naturels réglementés proposent cependant des produits très alléchants.

Le parc des Appalaches
Fort possiblement la mecque des destinations québécoises! Non seulement les chiens sont-ils admis dans les infrastructures d’hébergement de même que sur les itinéraires nautiques et de rando, mais on a également aménagé sur le territoire des parcours de traîneau à chiens et de trottinette des neiges tractée. Outre son service de location de matériel, le parc propose aussi des sorties guidées et tient plusieurs événements canins. À voir.
www.parcappalaches.com

La région de Lake Placid
Réputé camp de base pour les activités de plein air, cette région offre une panoplie de sentiers accessibles tant aux bipèdes qu’aux quadrupèdes. Sachez toutefois qu’à la frontière on risque de vous demander une preuve écrite – idéalement en anglais! – de la main d’un vétérinaire attestant que votre animal est exempt de maladies transmissibles aux humains. De plus, on exigera vraisemblablement un certificat de vaccination contre la rage en cours de validité ou datant de moins de trois ans. Enfin, il est bon de savoir que la nourriture sèche pour animaux est interdite aux États-Unis.
www.lakeplacid.com

La Traversée de Charlevoix
Certes, compléter intégralement la Traversée de Charlevoix relève de l’impossible en raison de la présence à mi-chemin du parc national des Hautes-Gorges. Il n’en demeure pas moins que les premières sections – celles chevauchant la zec des Martres – offrent aux randonneurs, vététistes et skieurs un riche potentiel d’itinéraires, surtout si on sait apprécier le luxe des sorties à partir d’un camp fixe.
www.traverseedecharlevoix.qc.ca

Et plus encore!
D’autres destinations du Québec ouvrent leurs bras aux pattes canines et peuvent se révéler de joyeux camps de base à partir desquels s’adonner à une variété d’activités de plein air:

le mont Gosford
www.montgosford.com

la station de montagne Au Diable Vert
www.audiablevert.ca

le parc de la rivière Batiscan
www.parcbatiscan.com

la Vallée Bras-du-Nord
www.valleebrasdunord.com

Au mont Gosford, notamment, les chiens ont accès aux sentiers de randonnée et de vélo de montagne. L’hiver venu, les chemins forestiers qui quadrillent le territoire deviennent des pistes de choix pour le skijoëring ou la trottinette des neiges.