La révolution du tout-intelligent
D’abord offert sous forme de courroie à placer autour de la poitrine (modèle Pioneer), puis de podomètre (version Summit), le capteur Stryd permet de quantifier l’énergie déployée par un coureur pour se propulser d’une jambe à l’autre, vers l’avant – on l’espère du moins ! La puissance en watts, mesurée par un algorithme complexe dont la formule est gardée secrète, est semblable à celle qu’utilisent les cyclistes depuis maintenant plus d’une décennie.
Quel est l’intérêt de la puissance pour le coureur ? Sa constance, répond sans hésiter Jean-Philippe Leclerc, triathlonien amateur et entraîneur chez Bart Coaching. « Peu importe le dénivelé, le terrain ou les conditions météorologiques, la donnée est toujours fiable. Ce n’est pas le cas de l’allure ou de la vitesse, qui fluctuent certes minimalement, mais invariablement », explique celui qui a mis le Stryd à l’épreuve.
Outre la puissance, Stryd permet aussi d’accéder à une foule d’autres données biométriques assez poussées, comme le temps de contact des pieds au sol, l’oscillation verticale et la « raideur » des muscles et tendons dans les jambes. « C’est un outil révolutionnaire, dans le sens que ça ne s’est jamais vu. Toutes ces variables, c’est de l’inédit pour un sport relativement “low-tech” comme la course à pied », avoue celui qui terminerait un Ironman en [DG1] moins de dix heures.
Repousser les limites
Stryd n’est pas le seul gadget à bouleverser le quotidien des sportifs. Au-delà des désormais classiques bracelets, montres et téléphones intelligents, on trouve sur le marché de nombreux accessoires qui repoussent les limites de ce qu’on croyait mesurable. Les fréquences cardiaques, le chronométrage et le nombre de calories brûlées ne suffisent plus ; place au spectaculaire !
Vous désirez mesurer la saturation en oxygène de votre muscle à l’effort ? Le Hex, développé par la jeune entreprise Humon, à Cambridge, au Massachusetts, le permet depuis cet été. Le dispositif, une bande à fixer autour de la cuisse, projette une forte lumière de type DEL à l’intérieur du muscle afin de suivre en temps réel l’entrée et la sortie de l’hémoglobine oxygénée et désoxygénée, permettant ainsi de déterminer son seuil lactique, le moment à partir duquel les muscles (et l’athlète) s’asphyxient. Et frappent leur Waterloo.
À moins que votre préoccupation soit davantage orientée vers la respiration ? Deux compagnies québécoises de vêtements biométriques, Carré Technologies et OMsignal, misent précisément sur l’analyse de ce phénomène physiologique involontaire. Le chandail Hexoskin et le soutien-gorge de sport OMbra, leur produit respectif, se portent directement sur la peau et, grâce à leurs différents capteurs, mesurent le rythme respiratoire. Hexoskin s’aventure même jusqu’à estimer le nombre de litres d’air inspirés à la minute (volume respiratoire).
OMsignal a misé sur la polyvalence dans la conception de son produit destiné aux femmes actives, dit Geneviève Garand, directrice de produits pour la compagnie montréalaise. « Nous concevons nos vêtements afin qu’ils puissent être enfilés, puis oubliés, comme c’est le cas pour un morceau de linge normal. C’est le seul moyen de satisfaire cette attente », assure-t-elle. Outre un petit boîtier fixé à ce dernier, le OMbra ressemble donc à s’y méprendre à un soutien-gorge de sport « idiot ».
Avalanche de données
Dans l’ensemble, ces accessoires intelligents promettent tous la même chose : mieux mesurer l’effort afin de réinventer la manière de s’entraîner et repousser les limites de la performance. Or, la myriade de données qu’ils collectent a souvent l’effet contraire : celui de ne rien changer ! Inondés par une avalanche de chiffres, leurs utilisateurs sont littéralement ensevelis sous ces derniers, ne sachant trop comment les interpréter ni qu’en faire.
Résultat : de 30 % à 50 % d’entre eux finissent par les abandonner, selon les études qui s’intéressent au phénomène. Et c’est sans parler de la validité des mesures produites par ces appareils destinés à un usage grand public, non à un laboratoire…
Jean-Philippe Leclerc a vécu un tel problème avec son capteur Stryd. Malgré son approche méthodique d’ingénieur – il travaille chez Bombardier lorsqu’il ne « triathlonne » pas – et plusieurs lectures sur le sujet, il ne juge pas avoir tiré pleinement profit de l’outil. « Par exemple, j’ai pu constater en temps réel que le fait de hausser ma cadence et de modifier ma posture influence ma puissance, mais sans plus », admet-il.
La faute, pense-t-il, au caractère avant-gardiste de la puissance en course à pied. « Lorsque nous courons, nous souhaitons déployer moins de puissance pour les mêmes vitesses de course. Bref, nous recherchons l’efficacité et l’économie en course. C’est tout le contraire du vélo, où nous cherchons à employer le plus de puissance possible en toutes circonstances. C’est un changement complet de paradigme », analyse-t-il. Selon lui, quelques années de développement sont encore nécessaires pour que la technologie arrive à maturité.
S’adapter au contexte
Heureusement, certains fabricants se font un point d’honneur de rendre leurs produits faciles d’utilisation. C’est entre autres le cas de OMsignal, dont l’application pour téléphone intelligent qui accompagne son OMbra fait littéralement office d’« entraîneur personnel ». Ainsi, plus une coureuse use ses semelles, plus détaillées sont ses zones d’entraînement personnalisées, ou smart zones. En outre, un suivi audio permet des rétroactions en temps réel. « Nous avons simplifié l’interprétation au maximum », assure Geneviève Garand.
Même lorsqu’il y a un effort de contextualisation, rien n’indique que celle-ci soit bonne pour vous, pense Natacha Gagné, kinésiologue, membre de la Fédération des kinésiologues du Québec. « Ces outils offrent des conseils généraux qui ne sont pas nécessairement adaptés à vos particularités. Surtout, ils ne remplacent pas la vision d’ensemble et l’expertise d’un professionnel de l’activité physique », plaide celle qui est bien consciente de prêcher pour sa paroisse.
À son avis, c’est entre les deux oreilles que se trouve de toute façon le meilleur des accessoires intelligents. « La perception de l’effort est à la base de toute démarche d’entraînement. Simplement être en mesure de coter adéquatement son effort de 1 à 10 est, je crois, la meilleure manière de mesurer son effort. En plus, ça ne coûte rien ! » s’exclame-t-elle.
Les meilleures données sont dans votre tête. Suffit de vous y connecter.
GPA a testé

Un capteur de puissance pour la course à pied ? En théorie, l’idée a tout pour plaire aux coureurs. La puissance, utilisée depuis de nombreuses années en cyclisme, n’y est-elle pas devenue une mesure incontournable, avec un jargon (FTP, TSS, etc.) et un filtre d’analyse qui lui sont propres ? Il suffira de reprendre tout ça et de l’appliquer à la sauce course à pied, se dit-on bien naïvement.
Dès que le podomètre est configuré (facile !) et fixé à son soulier à l’aide d’une petite attache de plastique, nous voilà prêt à aller marteler le bitume. Premier constat : avec ses 7 g, le Stryd se fait rapidement oublier. Second constat : les chiffres qui défilent à l’écran de ma montre – Stryd est compatible avec une foule de systèmes Garmin, Suunto et Polar via ANT+ et Bluetooth – ne signifient pas grand-chose. Hormis pour quelques données évidentes comme le rythme (min/km) ou la cadence (foulées par minute), les repères manquent.
Après environ deux semaines de collecte de données à différentes intensités de course et dans divers contextes (entraînement, piste, compétition, tests, etc.), le portrait est un peu plus clair. Grâce au logiciel d’analyse en ligne de Stryd, le Power Center, une idée grossière de notre profil de puissance se dégage. Par exemple, nous savons qu’il nous est possible de tenir telle puissance pendant un certain temps. Utile, surtout si on veut maintenir un effort constant sur un parcours vallonné, où le rythme [DG2] fluctue.
Surtout, on note de curieuses tendances dans les valeurs uniques à Stryd. Ainsi, pendant une longue période d’efforts, la puissance a tendance à augmenter légèrement, tandis que la « raideur » des muscles et tendons dans les jambes baisse. Positif ? Après analyse, on se rend bien compte que non : on a perdu en efficacité, ce qui nous oblige à utiliser plus de force pour une même vitesse. De la même manière, nos jambes ont perdu en rigidité ; ils accumulent et relâchent donc moins d’énergie à chaque foulée, comme des ressorts émoussés.
Ce qui nous apparaît clair après ce court essai, c’est que Stryd s’adresse résolument à des geeks de l’entraînement. Il faut en effet être prêt à lire quelques ouvrages (en anglais) sur le sujet et à passer des heures sur des logiciels d’analyse de performances (Golden Cheetah, Training Peaks, etc.) afin d’en profiter pleinement. Pour ceux et celles qui souhaitent simplement courir plus vite sans se casser la tête, passez votre tour et épargnez 270 $.

Le produit grand public de Carré Technologies a-t-il besoin de présentation ? Ce vêtement biométrique est bardé de capteurs qui enregistrent puis acheminent des données – notamment sur la fréquence cardiaque, le rythme et le volume respiratoires, la qualité du sommeil – vers l’application Hexoskin. Depuis 2016, cette dernière est dotée d’une connectivité Bluetooth Smart, qui lui permet de se connecter avec de nombreux appareils.
La camisole Hexoskin, qui s’apparente à un vêtement de compression, est bien conçue et respire la durabilité. Le petit boîtier qui reçoit les données captées par le vêtement se glisse dans une pochette située sur le côté et sait, heureusement, se faire oublier. À l’entraînement ou au quotidien, le vêtement permet d’avoir accès en un coup d’œil à une foule de données détaillées. À part le rythme et le volume respiratoires, toutes sont assez bien connues, et leur validité, garantie par Carré Technologies, s’est confirmée durant notre essai.
Dans un sens, l’Hexoskin est la Cadillac des accessoires intelligents. Il capte toutes les données que l’amateur d’entraînement souhaite généralement avoir sans qu’il ait à se soucier de leur précision. On le conseille aux personnes qui cherchent à mesurer leur effort de manière optimale et pour qui le prix (450 $) est une lointaine préoccupation.
Courir au féminin
par Martine Letarte
Pour réaliser des courses enivrantes, a-t-on vraiment besoin d’acheter un soutien-gorge d’environ 200 $ muni de biocapteurs qui se synchronisent à une application pour traiter les données recueillies et faire le suivi de sa performance en temps réel ? Bien sûr que non ! Mais on peut facilement être séduite par l’expérience.
D’abord, la PME derrière ce produit, OMsignal, est montréalaise. On aime. Puis on adore le mode d’emploi très facile à comprendre – particulièrement pour une fille pas très techno. Après avoir chargé la OMbox (20 minutes), quelques minutes suffisent pour télécharger et configurer l’application (seulement pour iPhone 5s ou plus récent). On clippe ensuite la OMbox au OMbra et on est prête à partir. Tout a fonctionné du premier coup.
En plus de faire le suivi du nombre de kilomètres parcourus et de la vitesse, les données obtenues sur le rythme cardiaque et la respiration permettent de déterminer dans quelle zone d’effort on se situe et de donner des indications pour brûler davantage de graisse, améliorer sa performance et réduire ses risques de blessure.
Enfin, élément crucial : le soutien-gorge est très confortable. La large bande élastique sous le buste lui permet de rester bien en place pendant la course. Si c’est important pour enregistrer des données exactes, c’est aussi très agréable parce que cette stabilité évite toute irritation.
L’ensemble contient un soutien-gorge de course OMbra, une OMbox et un câble micro USB.
Prix 189 $ (79 $ pour le OMbra seulement)
fr.omsignal.com

Ce collant pour hommes ou femmes a pour objectif d’améliorer la stabilité en course, et dès qu’on l’enfile, on comprend que l’expérience de course sera différente. On se sent en effet… soutenue ! Rien à voir avec un collant traditionnel. La technologie développée par la compagnie japonaise CW-X offre un meilleur soutien aux articulations des genoux, aux hanches, au dos et aux muscles abdominaux.
On part pour un 3 km sur le plat afin de réaliser un premier test. Un léger engourdissement se fait sentir derrière les genoux, mais tout rentre rapidement dans l’ordre.
C’est vraiment le lendemain, au cours d’un 10 km avec une virée sur le mont Royal, qu’on a vraiment pu constater les bienfaits de ce collant. La descente se déroule beaucoup plus en douceur, et on sent que les enjambées s’effectuent avec un meilleur contrôle. Par contre, avec un tel soutien, on oublie évidemment la sensation de légèreté qu’on a avec un collant plus « aérien ».
Si les douleurs aux genoux sont fréquentes après une descente enthousiaste, cette fois-ci les articulations se portent à merveille.
Prix 210 $
www.cw-x.com