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Aventures automnales

Pour une virée colorée entre mer et montagnes, on met le cap sur la Gaspésie.

Rafting sur la Subansiri

  • Rafting sur la Subansiri

Le rafting a cette particularité de nous faire passer en alternance de la décharge d’adrénaline pleine puissance à un état d’heureuse zénitude contemplative. Plus encore lorsqu’on se retrouve sur l’une des dernières grandes rivières sauvages de l’Inde : la Subansiri.

 

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Depuis trois jours déjà, nous n’avons vu passer aucun village ni aucune de ces superbes maisons sur pilotis faites de feuilles de palmier artistiquement tressées. Nulle part nous ne croisons âme qui vive, sauf dans ces canots de pêcheurs qui ont remonté le courant à la perche jusqu’au campement, nous offrir de gigantesques poissons pris dans leurs filets durant la nuit.  La rivière Subansiri, en fait de dimension, n’a rien à voir avec le gigantesque fleuve Brahmapoutre qu’elle rejoint à la hauteur de l’île Majuli. L’île en rivière la plus populeuse du monde. La Subansiri reste pourtant un des principaux affluents du grand fleuve avec ses 445 km de longueur et son volume d’eau exceptionnel. Elle prend sa source sur le toit du monde, coulant des glaciers de l’Himalaya tibétain puis dévalant les vallées monumentales du Bhoutan avant d’atteindre l’état indien de l’Assam. L’ancien royaume de l’Assam apparaît, sur la carte, comme une excroissance à l’extrême nord-est du territoire indien, avec sa langue, sa culture, ses coutumes de chasseurs et de mangeurs de viande de même ses caractéristiques raciales beaucoup plus proches de la Chine voisine que de l’Inde. Toutes ces singularités en font une destination unique en Inde, unique au monde, pour la pratique du rafting ou du kayak d’eau vive dans un environnement terriblement dépaysant et fascinant.

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Vers la rivière

La descente de la Subansiri en pneumatique est au cœur d’une expédition de dix jours mise sur pied par le numéro un du rafting en Inde : Aquaterra Adventures, qui y a initié cette activité en 2006. L’aventure débute dans la capitale de l’Assam : Debrugarh. À la suite d’une nuit au chic hôtel Little Palace, les jeeps nous attendent pour deux jours de piste jusqu’à notre point de départ. Huit heures par jour à se faire brasser la carcasse. Mais, aussi, deux jours à admirer des panoramas extraordinaires. De profondes vallées débordant de nuages. Une forêt d’une densité inconcevable. À découvrir des gens radicalement différents du reste des Indiens par leur physionomie, leur histoire, leur architecture et leur mode de vie. Je constate que, en Inde, il ne se passe pas dix minutes sans que mes yeux ne se posent sur une scène surprenante, choquante, troublante, idyllique ou déprimante. Le mode de conduite routière, klaxon au fond, peut à lui seul susciter autant d’émotions fortes que le plus effrayant des rapides. Surtout que l’ensemble du réseau routier semble en réfection pour des raisons essentiellement militaires.

Après avoir traversé un des plus vastes jardins de thé de l’Inde, nous avons été parmi les derniers à utiliser un bateau-passeur pour franchir le Brahmapoutre. Une opération pittoresque au possible, sur des rafiots surchargés. Depuis le 24 décembre, le trafic utilise le nouveau pont Bogibeel, infiniment moins romantique.

La nuitée dans la petite ville de Basal s’avère mémorable, pour la gentillesse de la population et à cause de l’immense guest house gouvernemental, probablement une ancienne école, avec deux vastes pièces peintes en rose par chambre et un mobilier très rudimentaire recouvert de draps blancs.

Mise à l’eau

En bout de route, voilà le premier campement qui apparait sur la rive faisant face à un bon escarpement. Nous y sommes deux nuits étant donné que nous remontons le lendemain matin par la route, avec le camion d’équipement d’Aquaterra, jusqu’à So Sala où nous mettrons à l’eau les embarcations bien gonflées.

Dès le départ, nous affrontons des rapides plus que respectables et je ne tarde pas à recevoir en pleine figure mon premier mur d’eau. Naturellement, à ce moment et aux autres, j’avais la bouche grande ouverte, à crier comme un malade, et j’ai avalé quelques tasses d’une eau glaciale chargée de sable. Le wet suit s’avère utile ! Mes craintes initiales, n’ayant jamais vécu d’expériences semblables sauf quelques demi-journées en rivière, s’estompent rapidement devant la maîtrise du chef d’expédition, Jeetu, qui contrôle et dirige l’embarcation de main de maître, avec deux longues rames dont il joue en virtuose.

Nous avons au total 122 km à parcourir avec une dénivellation de 800 mètres. À la mi-décembre, le climat hivernal et sec sévit. Ce qui fait que le débit de la Subansiri n’est pas à son apogée alors qu’il peut culminer à plus de 18 000 mètres cubes/seconde à l’automne. Avis à ceux et celles qui recherchent l’extrême. Quand même, la majorité des sections agitées auxquelles nous nous mesurons sont de classe 3 à 4+. Bonne raison de faire les yeux ronds quand on y plonge et que le guide hurle : « Paddle ! Paddle ! Fast paddle ! » Il faut alors donner son 110 % en pagayant avec acharnement sans s’arrêter, même si parfois on passe dans le vide quand le raft se dresse dans les airs.

Tous les couloirs tumultueux forment un enchaînement de lames et de creux qui peuvent atteindre 5 mètres de profondeur. Quelques dénivelés se cachent au fil d’un engorgement, entre deux rochers où le courant accélère. Un seul nous fait chuter durement au bas d’une cascade, comme on en trouve sur la rivière des Outaouais. Nous y avons droit dès le premier jour et en sortons tous indemnes. L’excitation est à son comble !

Au campement

La sérénité revient dès l’arrivée au campement. Toujours installé sur un promontoire de sable blond, les perspectives les plus bucoliques sont réservées aux clients qui y montent leurs tentes alors que la cuisine est déjà fonctionnelle et que le thé tchai sucré est servi.

On s’organise pour sortir de la rivière au milieu de l’après-midi. Étant au fond d’une gorge encadrée par des sommets érodés, qui doivent faire de 400 à 600 mètres de hauteur, nous perdons le soleil avant 15:00. Le mercure glisse alors rapidement sous les 20ͦ C et il stoppe sa chute à peine au-dessus de 10ͦ C la nuit. Dès 16:30 il fait nuit et le feu de camp crépite. Tout le monde se retrouve donc autour des flammes pour épiloguer sur la journée en savourant l’apéro et les excellents amuse-gueule que le chef a cuisinés sur place. Le premier soir, un jeune agriculteur du voisinage vient nous saluer sur son étroit radeau de bambou qu’il dirige à la perche avec une aisance totale, même dans les pires rapides. Siateom est de la tribu Tagin et visiblement fasciné par notre mode de transport. Il passe la soirée à rire et chanter avec nous.

À 18:00, le buffet est servi et on se régale ferme avec une étonnante diversité de spécialités indiennes, végés et carnivores, toutes plus délicieuses et relevées les unes que les autres. Le souper achevé, le fun commence pour la dizaine de membres de l’équipe de guides et les clients Indiens. On joue à mimer des titres de films de Bollywood et il semble bien que leur nombre soit infini. Même si je n’y comprends rien, j’ai beaucoup de plaisir à voir mes compagnes (deux jeunes femmes indiennes sont clientes) et le personnel s’amuser ferme et rigoler comme des enfants. Il est rare que l’on se rende à 20:00 avant de rejoindre nos tentes pour un sommeil qui s’étire jusqu’à 7:00 le lendemain. Un vrai marathon de sommeil.

Au lever, c’est une pure merveille que de voir le soleil éclairer et réchauffer le campement et les embarcations sur la rive. Les effluves de café et de tchai flottent dans l’air alors que les nuages s’obstinent à enlacer les sommets arrondis jusqu’à ce que l’astre les chasse.

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Sur la rivière

Les deux jours suivants sont riches en sensations puissantes alors que les torrents et les passes mouvementées se succèdent avec régularité mais, la présence humaine reste visible. Nous avons toujours le temps de récupérer et de sombrer en état de méditation admirative sur l’onde lisse qui glisse rapidement. Plus encore durant les 4 derniers jours alors que nous pénétrons dans la jungle sauvage, inhabitée, inatteignable. Sans route. Sans voie de sortie ou d’entrée. Le mot « autonomie » prend tout son sens dans ce sanctuaire naturel perdu dans sa solitude.

Le paysage grandiose des rives rocailleuses abruptes et de la forêt géante et lourde nous submerge jusqu’à ce que le bruissement grandissant du prochain saut nous rappelle à l’ordre. Les premières rides en surface nous lancent dans un crescendo de montagnes russes. Jeetu repère au premier coup d’œil les remous les plus spectaculaires et nous y dirige sciemment, l’air de rien, pour que chaque passager reçoive son lot de déferlement. Sitôt projetés sur le plancher, on rebondit pour reprendre position et répondre aux commandements jusqu’à ce que la prochaine bordée nous laisse éberlués devant sa soudaineté. Heureusement, les deux kayakistes n’auront personne à secourir cette fois et peuvent faire des acrobaties à leur guise.

Au pied du rapide, j’admire la technique assurée de Khan qui descend seul dans la tourmente, l’air détaché, sur son pneumatique chargé de presque tout le campement. Même les poulets logés dans une caisse ne semblent pas s’en faire. S’ils savaient qu’ils sont au menu du soir…

Repères

Le forfait « The Subansiri River Rafting Expedition » s’étale sur 11 jours comprenant 7 jours sur la rivière (incluant un jour de relâche), deux jours de transport routier au début et une demi-journée au retour, deux nuits à l’hôtel.

Prix incluant tous les repas, transport terrestre, hôtel et campement (2018) : 2 175.00 $ CAD + 5% taxes (108.75 $). Exclusions : Transport aérien, alcool, pourboires (10 %).

Période de l’année : Fin de l’automne jusqu’à la mi-décembre.

Niveau de difficulté : Intermédiaire

Transport Aérien : Montréal – Delhi (Air Canada offre un vol directe depuis janvier). Vol régional Delhi (Terminal 1) – Dibrugarh.

DERNIÈRE CHANCE : À cause de la finalisation du plus important projet hydroélectrique en Inde (Subansiri Lower Dam), la descente en rafting ne pourra plus être offerte à partir de l’inauguration du barrage qui devait se faire en 2012 et a été reportée à 2020. Il ne reste donc plus qu’une année, deux au mieux, pour vivre l’aventure.

Informations : Aquaterra Adventures : aquaterra.in / 91-11-29212641