Naturellement amoureux
Grand air et grand amour vont souvent de pair. Coup d’œil sur la pratique du plein air des amoureux québécois.
Oubliez la rencontre fortuite au camp de base de l’Everest ou l’amour au premier regard sur une voie d’escalade cotée 5.9. Marie-Chantal Buteau et Richard Fournier, deux amoureux du plein air, se sont trouvés de la manière la plus banale du monde: sur le site québécois de rencontre pour célibataires Réseau Contact. C’était il y a 16 ans. «À l’époque, c’était moins la jungle qu’aujourd’hui!» précise Marie-Chantal, maintenant dans la fin de la quarantaine, comme son conjoint.
Les deux professionnels de la communication ont eu envie de faire plus ample connaissance. Leur première rencontre a lieu lors d’une soirée de tango argentin. C’est le coup de foudre, entre deux mesures. «Ç’a été une soirée superbe pendant laquelle nous avons discuté d’une foule de choses, mais surtout de notre passion com mune pour la nature», se souvient Richard. Peu après, le nouveau couple troque ses chaussures de danse contre ses bottes de randonnée. Direction les bois, où on peut encore les croiser de nos jours.
Au fil des années, les inséparables pleinairistes ont enrichi leur feuille de route: deux mois de camping sous la tente en Italie, excursions au fjord du Saguenay, virées innombrables à la Vallée Bras-du-Nord, dont une fois sous des pluies torrentielles qui ont duré plusieurs jours… Pensez à une aventure et ils l’ont probablement déjà réalisée main dans la main (c’est une image, bien sûr). «Le plein air est pour nous une occasion de se retrouver seuls, de vivre des moments de grâce loin de nos vies de fou», expliquent-ils.
C’est aussi une manière de sortir de leur zone de confort, comme lors de cette randonnée de plusieurs heures dans les Pyrénées françaises qui les a menés à un refuge perché à 3000 m d’altitude. «Nous étions partis mal équipés, bernés par les panneaux de signalisation des sentiers qui annonçaient une randonnée facile d’environ quatre heures. Finalement, elle était pas mal extrême et nous a pris le double du temps…», raconte Richard. «Une chance que t’étais là. Sinon, j’aurais tourné les talons et redescendu!» avoue Marie-Chantal. Ils en sont finalement quittes pour une bonne frousse et une rude leçon : le balisage en France est, disons, différent de celui en vigueur au Québec !
LES ACTIVITÉS LES PLUS PRATIQUÉES
63 % la randonnée pédestre
62 % le vélo
38 % la raquette
Source : Chaire de tourisme Transat
Gros plan sur les coups de foudre en nature
Les lacs, les forêts et les montagnes du Québec regorgent de couples comme celui de Marie-Chantal et Richard. En fait, selon des chiffres de 2017 fournis à Géo Plein Air par la Chaire de tourisme Transat de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM, c’est souvent accompagné de sa tendre moitié qu’on joue dehors dans la province. Sur un échantillon de 1976 Québécois âgés de 18 ans et plus sondés par la Chaire, environ le tiers (31,9 %) rapporte avoir pratiqué une ou plusieurs activités de plein air en couple au moins une fois récemment. C’est autant qu’en famille (31,5 %). Et plus qu’entre amis (21,6 %) ou seul (13,3 %) !
Toujours selon ce coup de sonde, l’activité la plus populaire chez les couples est la randonnée pédestre – 63 % l’ont pratiquée récemment, ex æquo avec le vélo (62 %). La raquette (38 %) et les activités nautiques, comme le canot d’eau calme (25 %) et le kayak récréatif (20 %), viennent tout de suite après. Il faut noter que toutes les activités étaient répertoriées, même la spéléologie. Dans le réseau de la Sépaq, on voit d’ailleurs des amoureux dans toutes les activités offertes. «C’est difficile de mettre le doigt sur l’activité de couple par excellence. En fait, nous rencontrons des couples un peu partout», admet Simon Boivin, responsable des relations avec les médias à la Sépaq.
Il arrive toutefois que certains produits offerts, sans être destinés exclusivement aux couples, gagnent la faveur de ces derniers. C’est le cas des chalets EXP. (pour « expérience »), des minichalets qu’on retrouve dans six parcs nationaux de la Sépaq, dont ceux du MontOrford, des Monts-Valin et de la JacquesCartier. S’ils impressionnent par leur architecture résolument moderne et leurs grandes baies vitrées qui font entrer l’extérieur à l’intérieur, ces cubes en bois confortables offrent toutefois une chose que tous les tourtereaux recherchent: de l’intimité. « Depuis leur inauguration, en 2013, nous constatons une bonne demande de la part d’amoureux pour les EXP. Nous nous y attendions, mais pas à ce point», affirme-t-il.
Après les enfants
L’âge des couples est aussi une variable qui en dit long sur leurs intérêts et sur la manière dont on s’adresse à eux. Dans l’étude menée par la Chaire de tourisme Transat, 42 % des couples sondés sont âgés de 55 ans et plus. Ce pourcentage est de moins de 30 % chez les 18 à 34 ans et les 35 à 54 ans. Et vlan dans les dents des préjugés voulant que le plein air à deux soit surtout une affaire de jeunes couples fringants ! Comme pour de nombreux autres projets de vie, jouer dehors en se regardant dans le blanc des yeux se fait plutôt une fois que les enfants ont été éduqués. On note d’ailleurs que les parents dans 41 % des familles interrogées par la Chaire de tourisme Transat sont âgés de 35 à 54 ans, contre 18 % chez les 55 ans et plus.
Ariane Arpin-Delorme, fondatrice de l’agence de voyages Esprit d’aventure, le constate d’ailleurs auprès de sa clientèle. «La majorité est constituée de couples dans la quarantaine ou la cinquantaine qui ont fini d’élever leur famille. Ils cognent à notre porte afin que nous leur organisions des aventures sur mesure, comme une ascension du Kilimandjaro ou une virée à vélo en Argentine », explique celle qui est également coauteure du livre Le voyage pour les filles qui ont peur de tout (Michel Lafon). Leur motivation? «Souvent, ils veulent prendre du temps pour eux et créer une banque de souvenirs communs en dehors du quotidien », résume-t-elle.
On le sait, plier sa tente seul sous la pluie est une expérience franchement déprimante, mais le faire en bonne compagnie peut soudainement devenir une source d’anecdotes truculentes
3 activités pour couples aventuriers
L’Auberge de montagne des Chic-Chocs
Le jour, on s’éclate dans ces montagnes gaspésiennes qu’on dirait saupoudrées d’une fine couche de sucre glace. Le soir, on se prélasse devant le foyer, coupe de vin à la main. Vraiment, il faut séjourner au moins une fois dans sa vie dans ce véritable havre de paix niché à 615 m d’altitude – et préférablement bien accompagné.

Mathieu Dupuis | © Sépaq
Le Zoobox de Vertendre
Ces refuges écologiques sont autonomes en énergie grâce à l’énergie solaire et à l’énergie éolienne, mais aussi humaine, puisqu’on peut enfourcher un vélo stationnaire qui produit de l’électricité. Prouvez votre amour à votre tendre moitié en lui pédalant un expresso. Vous retomberez en amour, garanti.
Les yourtes d’Alfred le voisin d’Oscar
On dit de ce site de prêt-à-camper quatre saisons qu’il offre une, sinon LA plus magnifique des vues sur le majestueux fjord du Saguenay, et c’est probablement vrai. On s’y rend pour se lover dans un cocon champêtre et se sentir transporté jusqu’en Norvège l’espace d’un moment.