Prof de plein air ///Sylvie Mainville au primaire

  • Primary teacher and his class. Sylvie Mainville.

SYLVIE MAINVILLE, enseignante au primaire depuis 20 ans

Elle est actuellement titulaire d’une classe de 3ème cycle (classe de 5ème ou de 6ème selon les années) à l’école St-Lawrence de Candiac.

• Quel est ton parcours académique et professionnel?

Avant d’enseigner, j’ai longtemps été responsable des moniteurs et monitrices de terrains de jeux extérieurs, pendant l’été. Puis, j’ai fait un baccalauréat en enseignement préscolaire et primaire (BEPP), suivi de deux certificats : l’un en sociologie et l’autre en perfectionnement des maîtres en français. J’ai grandi en pratiquant plusieurs sports extérieurs avec ma famille. Au fil des années, j’ai pris des cours d’escalade et accumulé des heures de plaisir en ski alpin et en vélo. Il est donc normal qu’aujourd’hui j’essaie de transmettre ma passion du plein air à mes élèves. J’ai même enseigné l’éducation physique quelques heures par semaine, au début de ma carrière.

Comment intègres-tu le plein air à ton enseignement?

Je débute toujours la semaine par une discussion de groupe pendant laquelle les jeunes doivent décrire une activité de plein air qu’ils ont pratiqué pendant la fin de semaine. Ils n’ont pas le droit de me parler de jeux vidéo ou d’activités comme ça. Ils y en a qui cherchent et qui tentent d’inventer car ils n’ont rien pratiqué comme tel… Mais au fil du temps, tous développent un réel intérêt pour la pratique d’une activité extérieure. Je trouve qu’au Québec, aujourd’hui, les enfants ne jouent plus assez à l’extérieur. C’est ma façon de pallier un peu à ça. Et puis, les recherches, les travaux sont souvent reliés à des thèmes sportifs. C’est un lien que j’aime garder.

• Quelles activités de plein air pratiques-tu avec tes élèves?

Au fil des ans, en collaboration avec Ski Bromont, j’ai réussi à monter un programme qui s’échelonne sur deux ans et pendant lesquelles les étudiants ont accès à huit jours de ski, avec instruction et équipement. Ainsi, en janvier et février, une fois par deux semaines, pendant une journée de la semaine, les étudiants peuvent bénéficier de cours de groupe. J’ai un budget d’environ 2 200$ par an qui vient du ministère. C’est un budget normalement donné au département d’éducation physique mais nous avons une entente. Malgré les rabais consentis, ce montant est insuffisant. Il est donc évident que les parents sont mis à contribution, surtout pour payer le transport. Mais pour environ 60 $ par année, la grande majorité des parents sont heureux de voir leur enfant profiter d’une telle occasion. À la fin du programme, la plupart des élèves se débrouillent très bien en ski et plusieurs commencent même à en faire avec leur famille respective pendant le week-end.

Quelles sont les activités les plus appréciées?

N’importe quoi! J’organise à chaque année des olympiades ou des activités lors de carnavals et ils sont heureux de pouvoir déplacer de l’air, peu importe. On fait aussi des sorties à vélo au récréo-parc de Ville St-Catherine à la fin de l’année. On part de l’école en vélo, on se rend au parc où l’on va se baigner et l’on revient en vélo. On peut aussi se rendre à pied au parc de la Promenade, tout près, où la ville a installé une quinzaine de machines d’exercices à l’extérieur! Et c’est gratuit! C’est comme un gym en plein air. Il y a aussi un parc où il y a des terrains de tennis et de basket-ball, on y va en juin, passer un après-midi.

Quelles sont tes activités préférées?

J’en ai trop! J’aime beaucoup varier. J’aimerais amener mes élèves faire de l’escalade extérieure, du canot ou du kayak, mais c’est très difficile à organiser. En fait, j’aimerais les amener à essayer ce qu’ils n’ont pas la chance de faire en famille.

Pourquoi crois-tu qu’il est important d’enseigner le plein air à nos jeunes?

Parce qu’aujourd’hui les enfants ne sortent plus. Les parents ne les incitent pas beaucoup à jouer dehors. S’ils vont jouer au hockey ou au soccer, c’est une pratique d’une heure par semaine, et c’est tout. C’est important pour leur santé physique mais aussi mentale. Il faut qu’ils apprennent à voir la beauté de la nature et à apprécier être dehors.

Qu’en retires-tu personnellement?

Le plein air pour moi est un mode de vie. Ça me permet de partager mes valeurs avec mes étudiants, de tisser des liens plus serrés avec eux. À la relâche, par exemple, j’étais à Bromont et j’y ai vu la moitié de ma classe!

Comment vois-tu le futur?

Cette année, j’ai perdu mon budget (ndlr : année scolaire 2010-11). On a pu seulement faire une journée de ski. L’an prochain, j’espère récupérer mon budget et faire encore plus de plein air. Ah! oui, j’ai oublié de te le dire. L’an passé j’ai amené tout mon groupe au Mont-Royal. Décibelmètres en main, on est parti d’en bas et on a monté jusqu’au sommet, à pied. Plusieurs enfants ont eu de la difficulté à monter les marches avec un rythme soutenu… Tous ont été surpris de la différence au niveau sonore entre le bas et le sommet et du fait que l’on pouvait faire du plein air dans Montréal…