À (trois) gorges déployées

Province de Hubei, au centre de la Chine. Le tourisme en est à ses débuts, mais, en haut lieu, on croit très fort au potentiel de cette région «qui allie nature et patrimoine culturel», selon Zhang Min, Deputy Director pour l’administration du tourisme à Hubei.

Le produit vedette : les fameuses Three Gorges (les trois gorges), une succession de parois encaissées dans lesquelles le fleuve Yangtsé se fraie un chemin sinueux. L’une des merveilles naturelles de la Chine, selon ce qu’on peut en lire partout.

Le Yangtsé, 6300 km d’eau douce née des glaces tibétaines, traverse dans sa course folle 10 provinces avant de plonger direct dans la mer de Chine orientale. La section des Trois Gorges (Qutang, Wuxia et Xiling) serpente sur 193 km depuis Baidicheng, jusqu’à la mégapole de Chongquing.

La brochure touristique est formelle : l’édification du barrage «des trois gorges» n’a rien ôté à la majesté du grand fleuve bleu. Mais pour dresser le plus grand barrage du monde, il a fallu faire des choix et prendre des décisions qui ont suscité – autant à l’étranger qu’en Chine – certains débats d’ordre social et environnemental.

Après des travaux monumentaux qui ont duré 15 ans, quelque 600 km de terres agricoles et de forêts ont été inondés, immergeant du même coup les villages ancestraux de près de deux millions de personnes qui ont dû trouver, plus haut, des terres où se reloger. «Une migration héroïque au profit de tous et de l’État» : ainsi été résumée cette délocalisation par la voix du gouvernement.

Le niveau du fleuve a monté d’une centaine de mètres après l’opération. Mais les falaises encaissées sont toujours spectaculaires (celle de Kuimen est tellement impressionnante qu’elle figure sur les billets de banques de 10 yuan) et les traces du passé encore visibles, malgré ce grand bouleversement.

Un exemple parmi d’autres: la cité historique de Baidi, une localité accessible à l’entrée de la gorge Qutang, constituée de temples et de monuments, et surnommée «ville poétique» à cause des nombreux poèmes qu’elle a inspirés durant la dynastie Tang (du VII au Xe siècle) et Song (du Xe au XIIIe siècle).


La petite localité est située, de surcroît, en haut d’une superbe colline boisée d’où on aperçoit en contrebas la course du Yangtsé, entre les gorges. De là, on pourrait facilement croire que tout est resté tel quel et que le temps s’est suspendu entre les cèdres géants et les ornements de porcelaine…