Wuhan, au pied du Yangtse
Wuhan, capitale de la province de Hubei, au centre du pays. Jusqu'au début des années 2000, 3 millions d’habitants, une modeste bourgade dans le pays de la démesure. Aujourd’hui, 9 millions et des poussières. Une croissance comme on n’en voit guère. De Hong Kong la visionnaire, elle a copié les tours filiformes d’appartements en rang serré comme au garde à vous et la présence lumineuse de l’eau (ici le fameux Yangtze) dans laquelle se mirent des gratte-ciel comme des écrans de Ipad.
Chaque semaine, son parc automobile absorbe 700 véhicules de plus. Mais si moderne et affairée qu’elle est, Wuhan, nous dit-on, sait être verte – à ses heures. Les espaces verts sont encore là, surtout rive sud, où le spectre du développement intensif n’a pas encore tout transformé mais braque des yeux avides.
La mégapole s’est bâtie en fusionnant trois cités pour n’en faire plus qu’une et conjuguer, du même coup, trois expertises distinctes : administration, industrie et culture (une soixantaine d’écoles et d’universités fleurissent sur le territoire).
Le Hubei Provincial Museum, un vaste bâtiment quasi-neuf, expose la découverte du tombeau de Marquis Yi of Zeng, un aristocrate de la dynastie Quin féru de musique, tellement épris de ses percussions qu’il s’est fait enterrer avec elles – et avec sa douzaine de concubines. Nul ne sait lesquelles – femmes ou percussions – avaient sa préférence. Le site archéologique a été retrouvé en 1999 et s’avère une découverte majeure en musicologie ancienne. Outre les instruments de musique, la collection étonnante montre des objets précieux en bronze et bois parfaitement conservés.
Derrière les façades rutilantes, quelques cache-misère subsistent (abris improvisés sous les ponts, îlots de cabanes en bois entre deux édifices), mais on ne les voit que si l’on cherche bien. Tôt le matin, par exemple, autour des fontaines publiques, on procède aux ablutions matinales suivies d’une séance de taï-chi règlementaire. De ça, on ne parle pas. Gucci et Versace continuent de faire des affaires d’or même s’ils sont surtaxés : 30 % de plus qu’a Hong Kong.
La province de Hubei est aussi le berceau d’une culture ancestrale, celle des Xuanwu, un peuple vivant entre fleuve et montagnes qui a laissé, au monde moderne, quelques traces de son savoir ancien. Prochaine étape, au fil du grand fleuve jaune, aux sources d’une des civilisations fondatrices de la Chine.