On l’a appris à la fin de novembre: coupes budgétaires fédérales obligent, le gouvernement Harper a fait savoir que le parc national Forillon serait dépourvu de tous services cet hiver* – une première à Parcs Canada. Cette nouvelle semble avoir créé un certain émoi dans la communauté de Gaspé, puisque plus de 200 personnes se sont rassemblées pour protester contre cette mesure le 20 novembre dernier. «Une décision déplorable, dit-on à l’association touristique de la Gaspésie. C’est un lieu important pour pratiquer le ski de fond et la raquette, et c’est aussi un levier économique dans une région qui en a grand besoin!»
«Cela fait plusieurs années que le parc Forillon est sous respirateur artificiel avec des services réduits à l’essentiel, renchérit Olivier Nolleau, directeur général de la Chambre de commerce et de tourisme de Gaspé. À cause de ça, c’est l’ensemble de l’offre touristique hivernale qui est ralentie!»
Ces dernières années, 34 emplois ont ainsi été supprimés, les infrastructures vieillissantes n’ont pas été rénovées, l’accès aux groupes scolaires stoppés, etc. Un comble, selon monsieur Nolleau, pour des gens qu’on a expulsés de leurs terres lors de la création du parc qu’on annonçait comme un pôle économique important pour la communauté. Car le ralentissement des activités, on l’observe maintenant l’année durant.
Une décision (de plus) qu’on a du mal à comprendre, surtout dans un contexte où revitaliser les régions semble une priorité commune. Si cette décision est maintenue, des établissements hôteliers seront ainsi pénalisés, de même que la Traversée de la Gaspésie (TDLG), dont le parc Forillon abrite la fin du parcours et qui s’impose depuis 11 ans comme une manifestation sportive mobilisatrice pour la Gaspésie en hiver.
Même chose pour le club de rando de Gaspé qui a l’habitude d’emprunter le Sentier international des Appalaches, dans le parc, et qui devra y renoncer faute de refuges ouverts, de service de sécurité et d’accès à l’hébergement.
Alors que certains promoteurs locaux en tourisme d’aventure s’efforcent de faire de la Gaspésie une destination internationale en hiver, notamment pour la qualité de son hors-piste (à lire en page 10), les autorités fédérales coupent sauvagement dans les parcs nationaux pour réduire le déficit. Comme si l’activité physique, l’accès à la nature et l’écotourisme devaient être relégués au second plan du projet social.
L’exploitation des richesses naturelles ne se réduit pas à l’activité minière ou pétrolière.