Présenté par Tourisme Gaspésie
Destinations

Aventures automnales

Pour une virée colorée entre mer et montagnes, on met le cap sur la Gaspésie.

Projet de sur(vie)

«Je suis un aventurier conférencier pour qui la vie est une grande aventure! Depuis 10 ans, je m’expose aux éléments et à la nature pour en tirer des leçons et les présenter en mots et en images. Entre autres défis, j’ai traversé le Québec du sud au nord en ka­yak jusqu’au mont D’Iberville, 2700 km en solitaire (2002). D’autres expéditions m’ont amené à me dépasser dans la cordillère des Andes, en Afrique et en Alaska notamment. L’année dernière, j’ai traversé le Québec, de Gaspé à Ottawa, en courant 33 marathons en 7 semaines (1366 km). Cet été, j’ai tenté une expérience de survie volontaire: “Porté
disparu 52”».
www.fredericdion.com

10 août 2012. Ma situation est peu enviable. Perdu au plus profond du Québec depuis quatre jours, je suis seul, affamé et attaqué par les pires nuées d’insectes. Les quatre dernières nuits, je les ai passées sous la pluie, sans équipement de camping.

Personne sur terre ne voudrait être à ma place et pourtant, moi, je suis heureux. Je vis enfin mon rêve d’aventure grâce à «Porté disparu 52», une expérience de survie volontaire qui consiste à me faire larguer par hydravion au nord du 52e parallèle les yeux bandés, sans carte, sans GPS et sans nourriture. Je dois retrouver la civilisation avec, comme seul équipement, ma ceinture scoute. Celle-ci contient une miniembarcation gonflable (packraft) et un nécessaire de survie: un couteau, un briquet, du ruban adhésif, une miniboussole et quelques trucs pour la pêche, la trappe et la chasse.

Avant de partir, quand j’évoquais ce projet, on me lançait des regards d’incompréhension: pourquoi tu fais ça?

Pourquoi? J’allume ma caméra, seul dans une situation que beaucoup jugeraient horrible, et je réponds: «Je suis parfaitement heureux de vivre ça! Parce que je l’ai choisi. J’aime la nature, et cette aventure me permet de franchir une barrière de plus avec elle. Ici et maintenant, je suis complètement dépendant d’elle. Chaque pas dans le bois me permet d’en faire un en moi. Je souris parce que ma solitude apparente ne l’est pas. Des milliers de gens savent à mon insu où je me trouve grâce à mon site Internet et à ma balise de positionnement. Des gens me suivent virtuellement et profitent de mon expérience. (J’espère qu’ils feront aussi un don à Opération Enfant Soleil, la cause que je soutiens.) Maintenant, si je veux sortir du bois et vous raconter ce qui s’est passé, il faut que je survive!» J’éteins ma caméra et retourne à mes moustiques.

Progresser pas à pas
Évidemment, entre le rêve et la réalité, il y a une marge considérable! Il n’y a pas de réalisation dans la facilité. Après quelques jours à manger des petits fruits et du lichen, j’ai ouvert mon menu aux insectes. Les fourmis, c’est «surette»! J’aurais aimé les saupoudrer de sucre. Au cinquième jour, j’ai enfin trouvé un camp, de la nour­riture et une carte. J’ai reconnu ma position sur cet immense territoire. Sachant qu’il me restait encore plusieurs jours de descente de rivière avant d’espérer atteindre une route, je me suis reposé. J’ai aussi profité de cette pause pour fabriquer une pagaie en épinette et kevlar avec mon cou­teau suisse et une corde de kevlar que je transportais dans mon nécessaire de survie. Un ours est venu rôder à quelques reprises. L’avoir rencontré en pleine famine, je crois que j’aurais élaboré un plan pour le manger. Ben quoi? C’est juste un plan… Dans certaines circonstances, mieux vaut ne pas passer à l’action!

Quand j’ai repris la rivière au septième jour, mon idée était claire: pousser pour sortir. J’ai cumulé les kilomètres et les jour­nées de 12 heures en délaissant la chasse et la pêche. Les premiers jours de cette aventure m’avaient appris l’endurance physique et psychologique de l’humain. Je puisais dans mes graisses l’énergie nécessaire à mes déplacements. J’expérimentais des techniques de motivation personnelle à un niveau extrême. Chaque fois que j’ai entrevu une limite et que j’ai voulu la définir, elle disparaissait discrètement.

J’ai finalement atteint la civilisation le 11e jour de mon périple de 260 km sur la rivière Péribonka à partir des monts Otish. Me lancer dans cette excursion de survie m’a permis d’expérimenter pleinement les messages que je diffuse dans mes conférences. Contrairement à tout ce que j’avais vécu en montagne, sur la mer ou dans le désert dans mes expéditions précédentes, cette fois, je ne savais rien de ce qui allait se passer: j’ignorais ce que je mangerais ou si je réussirais à sortir du bois par mes propres moyens. Bref, j’ai osé l’aventure extrême.•