Du minimalisme quatre saisons
Si vous arpentez les sentiers même l’hiver, vous le savez : la météo changeante au quotidien complique un peu la préparation pour ces sorties. Avec ou sans manteau? Quels gants?
Et surtout, on glisse le pied dans quoi, des souliers, des bottines ou, tant qu’à y aller à fond, des raquettes?
Bon pied bon oeil
L’automne dernier, la marque Arc’teryx a ajouté un nouveau membre à sa gamme de souliers de sentiers Norvan. Le VT («vertical terrain»), conçu essentiellement pour la grimpe, se voit ainsi secondé par le LD («long distance»), qui a été développé exprès pour les amateurs de course, et de course en sentiers.
Détail intéressant : comme la semelle est composée de blocs ayant tout plein de mordant dans le sable, la terre battue et même la boue, leur efficacité n’est pas tellement moins bonne sur un sentier de neige, soit-elle tapée dur, poudreuse ou même fondante.
Pour les cas de glace, rien ne vaut de bons vieux crampons, évidemment, mais les chaussures à semelle cloutée, comme les pneus d’hiver, sont hyper spécialisés. Les Norvan LD sont un peu plus tout-usage, puisqu’on peut les sortir à l’année longue.
En tout cas, c’est ce que les six derniers mois de sorties en sentiers permettent de conclure. Ce qui augure bien pour les prochaines semaines, puisqu’en tournant autour du point de congélation, la météo oscille rapidement entre les quatre saisons, parfois dans la même journée.
Légers et souples, ils sont dotés d’une semelle juste assez rigide pour absorber les chocs, et sont assez confortables pour tenir sur des longues distances, même dans les sentiers les plus inégaux. En revanche, ils ne sont ni isolés ni totalement étanches, détails importants lors les longues sorties hivernales. Et ils n’offrent pas de soutien pour la cheville.
Regarde, maman, sans les souliers!
La société suisse Barefoot Company pousse l’audace du minimalisme plus loin, avec ses «bas» de plein air FYF (pour «Free Your Feet»). Les amateurs de minimalisme seront ravis, ces chaussettes étant composées uniquement d’une fibre souple (mais relativement résistante) et d’une semelle recouverte d’un caoutchouc antidérapant aidant à garder le contrôle sur des surfaces lisses.
La fibre en question s’appelle Dyneema. Il s’agit d’un composé de polyéthylène à très forte densité moléculaire qui peut résister aux abrasions et aux perforations normalement provoquées par les obstacles, comme l’arête acérée des nombreuses roches, qu’on retrouve sur les sentiers des parcs nationaux de la province.
Des tests de résistance effectués sur cette fibre démontrent qu’elle peut résister à des charges comparables à celles d’un acier renforcé comme ceux utilisés dans l’industrie automobile.
De là à dire que ces chaussons suisses vous sauveront les orteils en toute circonstance, il y a un pas à ne pas franchir : poser le pied rapidement sur une pointe de roche ou un autre objet pointu risque de très mal se terminer. Aucune isolation non plus, donc on attend une météo plus clémente pour les ressortir.
En revanche, pour courir dans un sentier normal, sur l’herbe, ou même dans l’eau (ces bas ne retiennent pas beaucoup d’humidité, et sèchent rapidement), ils font du beau boulot, même si la couche caoutchoutée sous la semelle s’use rapidement. Et pour les voyageurs, ils sont si compacts qu’ils tiennent dans n’importe quel sac de voyage.
Et si vous planifiez courir de longues distances avec des FYF aux pieds, gare aux blessures aux jambes ou au dos si vous ne portez pas attention à votre posture…
Orteils libérés
Les coureurs qui sortent l’hiver reçoivent régulièrement des regards interloqués. Des coureurs qui portent des Five Fingers aux pieds font sourciller encore plus, mais même l’hiver, sous certaines conditions, courir avec les orteils libérés est étonnamment agréable. Sentir la neige craquer sous les orteils est une expérience assez particulière merci.
Vibram, le populaire concepteur de semelles qui fabrique les Five Fingers, a un modèle hivernal dans son catalogue qui fait un bon compromis entre des souliers de course en sentiers et des accessoires un peu plus éclatés comme les chaussons de la Barefoot Company.
Pour la course sur des sentiers enneigés, les Trek Ascent Insulated sont, comme leur nom l’indique, assez isolés pour remplacer des bottines de marche quatre saisons. Leur semelle est aussi dessinée de façon à assurer une prise maximale sur la neige ainsi que sur la glace. On n’ira pas jusqu’à dire qu’ils adhèrent correctement aux plaques glacées qu’on peut croiser dans les bois, mais en posant le pied au bon endroit, ils se tirent très bien d’affaire.
En revanche, comme la semelle est plutôt rigide, il peut être difficile de glisser le pied dans ces chaussures sans prendre quelques instants de plus pour les ajuster convenablement, orteil par orteil.
Encore là, gare à votre technique de course. Même s’ils représentent une bonne option de course du point de vue ergonomique, ces souliers minimalistes exigent une certaine préparation pour éviter les blessures à court ou à long terme provoquées par une mauvaise posture.
Mais si vous cherchez une alternative légère et minimaliste aux grosses chaussures de course des grandes marques, voici quelques options qui vous permettront de sortir des sentiers battus. Littéralement.
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