Psst, peux-tu garder un secret ?

On pourrait me torturer, me pincer le nez et la bouche en même temps ou m’arracher les ongles des doigts un à un (pas les pieds, je vous en prie, j’en ai besoin pour courir), que jamais je ne révélerais des renseignements top secret. Vous pouvez être assuré que tout ce qui m’est soufflé à l’oreille est immédiatement enfoui au fond de mon esprit, mes lèvres zippées pour l’éternité.

Ce n’est pas que je sois fiable, c’est plutôt que j’ai la mémoire d’une gerboise, celle qui court à plein régime dans sa roue simplement parce qu’elle a oublié d’en débarquer. Est-ce une question d’âge ? Ma tête est-elle incapable de se mettre en mode repos ? Le tiroir de ma mémoire est-il coincé sur des rails mal huilés ? Je l’ignore. Une chose est sûre, j’enterrerai votre secret dans ma tombe parce qu’au bout de 24 heures, je l’aurai oublié.

Excepté ceux-ci : voici mes endroits secrets où courir à Montréal. Les plus expérimentés les connaîtront peut-être, mais il est toujours bon de se rafraîchir la mémoire lorsque vient le temps de changer de décor. C’est une belle façon de s’encourager quand la routine s’installe.
 

Le canal de Lachine

La piste cyclable du canal de Lachine, en plus de dérouler un long tapis de bitume aux cyclistes, est très fréquentée par les bipèdes. C’est une des nombreuses pistes multifonctionnelles de Montréal, une voie polyvalente où la vitesse des vélos est limitée à 30 km/h.

Nombre de marcheurs l’arpentent pour se rendre au marché Atwater. Mais une surprise attendra le coureur qui osera s’aventurer à la conquête de l’Ouest. Depuis le Vieux-Montréal, la piste du canal s’étire jusqu’à l’arrondissement de Lachine, une quinzaine de kilomètres plus loin, pour aboutir dans le Musée plein air de Lachine, au parc René-Lévesque. Côtoyant la marina de l’arrondissement, le musée compte 50 sculptures contemporaines d’envergure, en plus d’offrir au vaillant coureur une vue imprenable sur le fleuve.
 

Les berges du Saint-Laurent

Verdun et LaSalle ont bien changé depuis le début des années 2000. Maintenant prisés par les milléniaux montréalais, ces quartiers proposent une quinzaine de kilomètres de berges aux coureurs. Longeant le Saint-Laurent, les sentiers pédestres dévoilent la beauté de ce dernier et offrent le vivifiant parfum du vent fluvial (à ne pas lire à voix haute en mangeant des biscuits soda).

Sachez qu’il est facile d’accéder aux berges en transport en commun. Depuis la station LaSalle, on s’y rend via la rue Gilberte-Dubé, qui était peut-être une coureuse hors pair –chose que votre chroniqueur ignore totalement.
 

La Promenade de la Voie maritime

Vous préparez un marathon, ou pire (ou mieux, tout dépend de la façon dont on voit les choses), un ultramarathon, et avez envie d’une méchante trotte pour mettre à l’épreuve vos jambes ? Longeant toujours le fleuve Saint-Laurent mais du côté sud, la Promenade de la Voie maritime présente, depuis le circuit Gilles-Villeneuve, une route tantôt pavée, tantôt couverte de poussière de roche.

On y croise quelques écluses, le RécréoParc, la plage de Sainte-Catherine et, en été, des nuages de mannes. Votre course culminera 30 km plus loin, en plein milieu du fleuve, face à Kahnawake. Cette route interdite aux voitures est par contre utilisée par les vélos. Si jamais la folie de la distance s’emparait de votre corps, n’oubliez pas que vous devrez revenir sur vos pas.
 

La piste des Carrières

La piste multifonctionnelle des Carrières est un secret de moins en moins bien gardé. C’est là que je croise, à mon grand dam, de plus en plus de coureurs, marcheurs et cyclistes, là que la fermeté du béton des trottoirs fait place à la tendreté de la poussière de roche et du trou de bouette occasionnel, et que je blasphème à voix basse en faisant mes intervalles.

Elle longe la voie ferrée du Canadien Pacifique dans l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie et relie la rue D’Iberville, à l’est, à la rue Beaubien Ouest, entre l’avenue du Parc et la rue Clark. Seul bémol : cette voie de 3,3 km étant malheureusement très courte, elle donnera à vos intervalles des airs d’aller-retour, comme d’innombrables décisions politiques.