On se rappelle toujours de la première fois

Ta première vraie course. Chronométrée et enregistrée, comme une preuve à la Terre entière de tous les efforts déployés. Trois mois, six mois, un an que tu t'entraînes pour ce moment. Des méga-calories d'énergie ont été dépensées, des litres de sueur salée ont coulé, d'innombrables coups de pied au derrière de réveils matinaux abrupts ont été donnés.

Prévois-tu courir un premier 5 kilomètres à la Classique du Parc Lafontaine? Peut-être envisages-tu un premier 10 à Toronto ou un premier demi-marathon à Montréal? Pour ma part, j'affronterai, un peu craintif, mon tout premier marathon sur les sentiers du P'tit Train du Nord. Les jours approchent et la fébrilité a maintenant fait place à la nervosité. Mais si comme moi tu t'es bien préparé, si tu n'as pas trop amputé de journées à ton programme d'entraînement, ton corps devrait te transporter au-delà du fil d'arrivée, à ta plus grande consternation.

Tout peut arriver : une journée de pluie, une journée de merde, une fatigue soudaine, une crampe inopportune, une indigestion subite. Les journées de course sont tout autant d'exercices d'humilité devant les éléments incontrôlables. Pour mettre toutes les chances de ton côté, voici quelques humbles conseils pour rendre cette journée la plus parfaite possible.
 

L'alimentation

Il est primordial de bien s'alimenter avant et pendant une course. Je ne suis pas nutritionniste et chaque personne est différente. Loin de moi l'idée de vous proposer un régime. Par contre, laissez-moi vous décrire ce qui fonctionne pour moi. Peut-être y puiserez-vous une inspiration.

La veille et l'avant-veille, je consomme des aliments riches en glucides et faciles à digérer : des pâtes, une pizza maison (sauce tomate et un peu de fromage). Le matin même, deux heures avant la course, un solide petit-déjeuner est de mise : des céréales, des fruits, du pain blanc. J'avalerai la plupart du temps une banane une heure avant. Je me limite aussi à un seul café. Ça fait aller, comme on dit, et courir active énormément la digestion.

Durant la course, je m'hydrate à chaque station, soif ou non, ne serait-ce qu'une seule gorgée. Les gels offerts tout au long du parcours sont aussi d'excellents carburants pour m'aider à rallier la ligne d'arrivée, surtout dans les derniers kilomètres.
 

L'échauffement

Les études scientifiques ne s'entendent toujours pas à savoir si les étirements sont bénéfiques ou néfastes avant l'effort. Au risque de me blesser, je m'abstiens. Par contre, je m'échauffe quelques minutes avant le départ : sauter sur place, jogger un kilomètre ou deux à un rythme lent, voire trottiner comme un enfant. J'imprègne à mon corps le mouvement, je fais grimper mes pulsations cardiaques de quelques battements et je laisse résonner en moi l'adrénaline et l'excitation avant l'effort.

La patience
J'étais sûrement absent lorsque le fournisseur de patience est passé chez moi. J'en ai peu, surtout vis-à-vis moi-même. Mais dans la vie comme à la course, la patience est capitale. Au départ de la course, j'essaie de démarrer lentement pour accélérer progressivement, laissant à mon corps le temps de s'acclimater à la foulée.

Je sépare ma course en 4 ou 5 segments faciles à gérer. Pour un 10 kilomètres, par exemple, j'additionnerai 5 segments de 2 kilomètres, les premiers courus à une allure plus lente que les derniers. Si je vise un temps de 45 minutes (soit une allure moyenne totale de 4:30), mes deux premiers kilomètres seront courus à 4:45, puis 4:38 alors que les suivants le seront à 4:30, 4:22 et 4:15.
 

Écouter son corps

Parfois, tout est magique. Le corps répond parfaitement à la cadence, la tête aussi légère que le pas et la respiration en harmonie avec le cœur. D'autres fois, le magicien reste chez lui. Les chances que cette journée soit pourrie sont probables. Si le chrono envisagé est inatteignable, je blasphème un peu puis j'essaie de lever la tête pour voir la beauté des paysages, écouter les rumeurs de la ville, profiter du moment présent. Constater la rare chance que j'ai de courir dans une rue dénuée de voitures. On souhaite tous repousser nos limites et l'effort de lever le pied est parfois surhumain. Ce n'est pas facile mais j'essaie de me dire que ce n'est que partie remise. La course m'apprend justement que je le suis, humain.
 

S'amuser

Au-delà de l'accomplissement, d'une meilleure santé physique et mentale, d'un sommeil réparateur, d'une concentration accrue et de la baisse du niveau de stress, le plus grand bienfait de la course restera toujours que courir rend heureux. Les endorphines sécrétées dans le cerveau procurent un effet euphorisant chez les coureurs et la journée où je ne les ressentirai plus, je cesserai de courir.

Mon plus grand souhait est de ne jamais laisser une mauvaise journée gâcher mon bonheur de courir. Fais-moi la promesse que toi non plus. Surtout que dans le cas présent, on se rappellera toujours toi et moi de cette première fois.