Présenté par Tourisme Gaspésie
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Aventures automnales

Pour une virée colorée entre mer et montagnes, on met le cap sur la Gaspésie.

Faut-il encourager le développement du ski hors-piste ?

Au cours des dernières années, pendant que les stations de ski fermaient les unes après les autres, des dizaines de domaines skiables hors-piste sont apparus dans les sous-bois du Québec – la plupart du temps grâce à l’aide financière du gouvernement. Le Guide du ski hors-piste, récemment publié par Zone Ski, compte une trentaine de secteurs au Québec. C’est beaucoup. Qu’en est-il des impacts environnementaux, sociaux et économiques ? Est-ce souhaitable ?
Rien n’est moins sûr.

Du hors-piste… sur pistes
D’abord, pour rendre ces zones skiables, il faut procéder à des coupes forestières. Cela signifie qu’on doit couper beaucoup d’arbres, et pas seulement un arbre sur deux. Dans les forêts de conifères, la coupe se fait par bandes de 25 m de large de haut en bas. Résultat : la création de 10, 15, voire 20 pistes sur une seule montagne, qui finit par ressembler à une station alpine avec des pistes de ski traditionnelles.

Les experts que j’ai consultés me certifient que ces aménagements forestiers sont faits dans les règles de l’art. Par exemple, on maintient des bandes et des îlots « naturels » et non accessibles en skis pour préserver la biodiversité, prévenir l’érosion et assurer la pérennité du couvert forestier.

N’empêche. Les coupes forestières majeures effectuées dans ces secteurs sauvages en disent long sur les attentes des skieurs en matière de hors-piste. En se démocratisant, l’activité attire de plus en plus d’adeptes qui n’ont pas nécessairement les habiletés requises pour skier en terrain technique.

Il est pourtant possible de pratiquer le hors-piste « traditionnel », sans aménager le terrain, comme le propose le parc national de la Jacques-Cartier, près de Québec. Certes, les forêts de feuillus qu’on y trouve se prêtent mieux à l’activité que les forêts de conifères. Malgré cela, la forêt vierge n’est pas ce que recherche le skieur lambda.
Ainsi, on adapte le terrain pour répondre à cette nouvelle demande, propulsée en grande partie par les stratégies mercantiles d’une industrie en croissance. Les fabricants d’équipement, en particulier, y voient un grand intérêt depuis que stagne la vente de skis traditionnels et de planches à neige.

En revanche, le commerce des skis et des planches plus larges, des bottes et des fixations adaptées à la montée, de peaux d’ascension et d’accessoires, connaît, lui, une croissance appréciable.

Enfin, il n’est pas rare de voir 300 personnes en une seule journée dévaler les pistes dans un secteur. Or, contrairement à ce que la plupart des gens pensent, le ski hors-piste ne rime pas nécessairement avec ascension « active ». De plus en plus de services de navette sont offerts, que ce soit en motoneige, en catski ou, même, en hélicoptère. Aussi est-on en droit de s’interroger sur l’impact environnemental de ces infrastructures mises en place pour amener les skieurs au sommet ; ne se compare-t-il pas, finalement, à celui des remontées mécaniques ?

Déplacer le problème
Ce qui m’amène à mon dernier point, très sensible : celui du financement public. On peut se questionner sur les gains financiers réels d’une industrie largement financée pour favoriser le tourisme hivernal et stimuler l’économie des régions. Ces investissements génèrent-ils des retombées économiques plus importantes à l’échelle de la province ? Où ne fait-on, en fin de compte, que « déshabiller Paul pour habiller Jacques » ? Les stations de ski établies constituent déjà des moteurs économiques importants dans les régions. C’est pourtant une industrie fragile qui a, elle aussi, besoin de deniers publics importants, ne serait-ce que pour s’adapter aux changements climatiques.

D’autant plus que la question de la pérennité des nouveaux aménagements reste en suspens. Qui s’occupera de financer l’entretien de ces secteurs en hors-piste ? Pour l’instant, personne ne lève la main. En ces temps d’austérité, on peut se demander si on fait le meilleur usage à long terme des fonds publics.

Le developpement du ski hors-piste, tel qu’il est pratique actuellement, est-il donc souhaitable ? la question demeure.