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Aventures automnales
Pour une virée colorée entre mer et montagnes, on met le cap sur la Gaspésie.
La sylve enchantée
Une balade en forêt avant les premières gelées de l’automne promet de surprenantes trouvailles fongiques aux randonneurs qui portent attention aux vieilles souches et aux chicots. Survol de quelques fongus qui sortent de l’ordinaire, autant par leur forme que par leur texture. Certains ont la mine gracieuse, d’autres présentent carrément une allure bourrue.
Les charmants…
À première vue, l’aspect inusité de l’hydne d’Amérique rappelle davantage celui d’une formation calcaire de stalactites plutôt que celui d’un champignon. Sa largeur de 15 à 30 cm et sa hauteur de 20 à 40 cm tranchent avec la longueur de ses aiguillons blanchâtres, qui ne fait que de 0,5 à 2 cm. Ce champignon particulier pousse sur les troncs morts ainsi que sur les arbres feuillus encore vivants tels que les érables, les hêtres et les chênes. Il dégage une odeur agréable que certains caractérisent de florale.
Parmi le vaste groupe des polypores qui compte de nombreux représentants à la physionomie rébarbative, le polypore bleuté fait figure d’exception. Cet attrayant champignon semi-circulaire et sans pied mesure de 1 à 8 cm de largeur et atteint jusqu’à 1,5 cm d’épaisseur. Les villosités à la surface du chapeau lui donnent un air particulier. De caractère saprotrophe – c’est-à-dire qu’il croît sur des substrats organiques inertes –, on le voit plus souvent sur les chicots et les souches de conifères que sur ceux de feuillus, isolément ou en deux ou trois chapeaux superposés.
Tel que son nom le suggère, l’amanite tue-mouches est fortement vénéneuse et hallucinogène. On la reconnaît aisément à son chapeau jaune qui tend vers l’orangé ou le rouge au cours de sa croissance et qui fait de 7 à 20 cm de diamètre. Adoptant d’abord la forme d’un œuf avant de devenir convexe puis de s’aplatir, le chapeau est couvert d’épaisses verrues qui sont parfois emportées par une forte pluie. Très commune dans les bois, elle pousse sur la litière, isolée ou en petit groupe, dans les peuplements de bouleaux, de peupliers ou d’épinettes.
Le nom évocateur de ce champignon de couleur orangée et à marge enroulée décrit bien son apparence. En effet, on peut imaginer dans la forme du pleurote petit nid, lorsqu’observé d’en haut, la structure d’un abri ou d’un refuge. D’en dessous, on aperçoit plutôt ses lamelles rayonnantes, serrées et plus ou moins espacées. Dépourvu de pied et mesurant de 1 à 8 cm de largeur, il croît directement sur le bois mort de conifères ou de feuillus durant l’automne, en amas imbriqués latéralement ou superposés.
… et ceux qui le sont moins
Le polypore pinicole est un champignon vivace qui pousse du printemps à l’automne et qui s’allonge de 3 à 5 mm par année à partir de sa marge de couleur crème ou jaunâtre. Il est parfois possible d’apercevoir sur cette jeune bordure des gouttelettes claires. Bien que ce champignon grandisse principalement sur le bois mort, les spores qu’il dégage s’infiltrent par les blessures d’arbres sains chez lesquels elles peuvent éventuellement causer une maladie appelée carie brune cubique, qui affecte principalement les essences résineuses.
Comme son nom l’indique, le ganoderme de la pruche est un champignon qui croît de préférence sur la pruche, bien qu’on le trouve parfois sur d’autres essences de conifères. Son chapeau luisant, qui s’étend plus au moins perpendiculairement au pied qui le supporte, est de couleur rouge brunâtre et présente une marge blanchâtre au cours de sa croissance. À maturité, il mesurera de 8 à 30 cm de large. Cette espèce remarquable s’observe de mai à novembre, en solo ou en petit groupe de deux à quatre individus sur un même pied.
Chapeau et pied de la pholiote jaune citron ont ceci de particulier qu’ils sont ornés de petites écailles brunâtres que la pluie fait parfois totalement disparaître. Solitaire ou grégaire, ce champignon privilégie le bois pourri, mais colonise également les blessures d’arbres feuillus, surtout le hêtre à grandes feuilles. Son chapeau de 2,5 à 5 cm de diamètre prend véritablement une couleur jaune-citron lorsque le champignon est frais ou n’est pas endommagé. Cette espèce, de distribution occasionnelle, est observable de juillet à octobre.
Contrairement à la plupart des champignons qui sont en symbiose avec les arbres ou qui recyclent la matière organique, l’armillaire commun est un parasite implacable qui cause le pourridié-agaric, une maladie très répandue dans les forêts conifériennes du Canada. Il pousse le plus souvent en touffes denses sur les troncs et les souches, ainsi que sur les racines de conifères, rarement de feuillus. Son chapeau conique de 5 à 10 cm de diamètre s’aplanit et brunit avec l’âge, formant d’impressionnants empilements lorsque celui-ci s’associe à ceux de ses voisins.
Pierre Bonneau est rédacteur en chef du magazine Nature sauvage.