Concert faunique à la Forêt Montmorency

Essayez d’imaginer un spectacle musical sans système de son, sans éclairages, sans applaudissements, sans « hits » chantés en chœur par la foule, sans rappel, sans moshpit, sans body surfing. Le Concert faunique, c’est carrément l’anti-concert. C’est ce que je me dis en m’y rendant, secoué sur la banquette d’un autobus scolaire qui brinqueballe sur les rudes chemins de la Forêt Montmorency. Un anti-concert rempli de silence, où on ne verra même pas les musiciens jouer. Bori peut bien aller se rhabiller. Robert Lepage aussi, la «canotgraphie» existait bien avant qu’il n’invente ce mot. Fervent amateur de spectacles punk-métal d’où on sort en nage et couvert de bleus, je suis donc résigné à passer une soirée très tranquille.Nous arrivons à notre destination, le lac Bédard.

La foule descend des trois autobus sans dire un mot, à pas de serpent, pour ne pas effrayer les animaux qui pourraient se trouver dans les parages. Pas besoin de lampe de poche, quelques jolis lampions de papier nous guident vers les abords du lac, où nous déplions nos chaises.

Une fois tout le monde installé, le silence et la noirceur s’imposent à nous. Silence et noirceur… on avait presque oublié ce que c’était. Au début, ça déstabilise, puis, doucement, on s’y fait. Nos oreilles découvrent les petits bruits de la nature, le glou glou de la décharge du lac. Nos yeux s’habituent à l’obscurité et nous distinguons le décor dans toute sa splendeur: le lac, les montagnes tout autour et la voûte étoilée au-dessus. Sur ce lac, cinq canots pilotés par cinq musiciens. Tiens, les sons de la nature semblent s’amplifier… Un étrange sifflement se fait entendre, c’est celui du bâton de pluie. Encore plus envoûtant, le souffle du didgeridoo emplit peu à peu l’air de ses vibrations hypnotiques.

C’est ainsi que débute un étonnant concert, où le violon et la guitare se chargent de l’aspect mélodique et où d’autres instruments insolites nous réservent de belles surprises.
L’appel du loup est un moment inoubliable, les musiciens imitant à merveille les bêtes se répondant en ambiophonie, d’un bout à l’autre du petit lac. Le call de l’orignal est aussi réussi, avec la mise en scène de l’animal en rut qui vient patauger à nos pieds dans la noirceur. Certaines nuits, il paraît que les huards, les loups ou les orignaux répondent pour de vrai aux appels musicaux. Ce n’est pas le cas ce soir, pourtant, la magie opère à fond. Au diable mes préjugés sur les concerts! je me cale sur mon siège, je fixe les étoiles et je me liquéfie doucement, enveloppé par la musique…
Repères

Cet ambitieux projet est une idée originale de Pierre le Loup (Vaillancourt), guide naturaliste passionné par les loups, qui a longtemps sévi au Parc National de la Jacques-Cartier. Avant de prendre l’autobus pour se rendre sur le site du concert, il ne faut pas manquer la brève mais très intéressante présentation des musiciens et de leurs instruments. Apportez une chaise pliable, des rafraîchissements, de l’huile à mouche et des vêtements chauds. Laissez les chips à la maison; c’est trop bruyant. N’apportez pas non plus d’appareil photo, ce concert est un cauchemar pour les photographes, croyez-moi sur parole.

Repères:
Dates : Les samedis 31 juillet, 7, 14, 21, 28 août et 4 septembre 2010. Supplémentaire le 20 juillet.
Lieu : Forêt Montmorency, à 50 minutes au nord de Québec par la route 175
Heure : 20h00 à 23h00
Tarif : 41.25$ / pers., incluant transport en autobus du pavillon au lac Bédard
Réservations obligatoires : 418.656.2034
Forfaits avec souper et /ou hébergement disponibles
Transport en autobus disponible, à partir de Charlesbourg
Info : 418.656.2034 ext 2572 ou www.fm.ulaval.ca