Scènes d’amour
Le sentier de traverse
Elle, I., est une artiste emblématique de la faune du Plateau-Mile End, à Montréal, genre qui mange du quinoa avec Amir Khadir, écoute Ariane Moffat dans son loft feng shui, etc. Mais derrière ce profil urbain se cache une femme des bois, rompue dès le berceau aux marches ardues, au dépiautage de la mouffette et aux réparations de moulinette.Quand I. me visite à Sutton, on s’envoie en l’air… sur le massif des monts Sutton, lieu privilégié de balades amoureuses – et sudoripares. Le lac Mohawk et le sommet Rond sont superbes et populaires. De ce dernier, par temps clair, on peut même distinguer la file d’attente devant chez Schwartz ! Pour atteindre ces destinations, les visiteurs empruntent habituellement les sentiers du parc d’environnement naturel de Sutton. Pour ma part, je vous propose plutôt de cheminer par les Sentiers de l’Estrie, au sud-est du massif. Les avantages? Nombreux.
Avec quelques petits plateaux, le dénivelé et la végétation sont plus variés qu’au nord, et on y trouve un joli ruisseau avec des cascades. Peu fréquenté, ce sentier offre également un plus grand nombre de vues panoramiques, notamment sur le mont Pinacle, les montagnes Vertes et la vallée Missisquoi.
Après un chouette corridor d’affleurements rocheux aux allures de petit canyon, on arrive enfin au lac Mohawk. I. se précipite avec délectation dans ses eaux froides, sous la surface. Elle a du courage, c’est un de ses traits qui nourrit mon amour. (par Denis Lord)
Repères
Trois kilomètres séparent le stationnement rue Courser du lac Mohawk.
La passe journalière coûte 5 $ par adulte, mais elle est gratuite pour les mineurs. On se la procure par Internet, au Bureau d’accueil touristique de Sutton (24, rue Principale) ou on fait un dépôt dans la boîte d’autoperception au stationnement des Sentiers. Info: 819 864-6314 ou www.lessentiersdelestrie.qc.ca
Comment s’y rendre
De Montréal, prendre l’autoroute 10 vers Sherbrooke jusqu’à la sortie 68 qui mène à la 139 en direction de Cowansville/Sutton. Après Sutton, prendre à gauche le chemin Brookfall, puis à droite le chemin Scenic, qui devient le chemin de la Vallée-Missisquoi. Tourner à gauche sur le chemin Breuleux, puis encore à gauche pour emprunter le chemin Courser. Suivre les indications pour le stationnement.
Vélo, repos, bécots
Au fil des ans, ma blonde a appris à m’offrir gentiment d’aller jouer dehors quelques heures ou quelques jours, question que je revienne à la maison plus… euh… moins… bref: dans de meilleures dispositions. Prenant au sérieux ses sages conseils, je suis ainsi souvent parti quelques semaines. Wow! le miracle! À mon retour, nous nous aimions tellement! Mais aux libertés individuelles, les activités communes doivent faire contrepoids. Le hic, c’est qu’une activité commune doit plaire… aux deux. Pour nous, les critères sont les suivants: pas loin, pas cher, pas dur… Bon an, mal an, une p’tite tournée en vélo sur la piste cyclable du Sentier Nature Tomifobia fait toujours un bien fou.
Ce sentier de 19 km relie le village d’Ayer’s Cliff, près du lac Massawippi, à celui de Beebe, près de la frontière américaine. Bien qu’il soit connu depuis belle lurette, il est encore peu fréquenté et nous laisse de beaux moments, à deux, cachés sous un arbre ou près des berges de la rivière Tomifobia qui serpente doucement vers les États-Unis. Qui plus est, l’endroit est bucolique et bien entretenu.
Il nous arrive de partir pour quelques heures seulement (nous habitons à quelques kilomètres de là, ça aide…) avec les essentiels: appareil photo, jumelles, bouteille de vin, baguette de pain et fromage fin. Dure, dure la vie. Comme tout sentier construit sur un ancien chemin de fer, le dénivelé est faible, donc propice à la jasette, côte à côte (peu de vélos y circulent, l’ai-je dit?). À l’une des deux extrémités, il est possible de faire des provisions, voire de casser la croûte de façon tout à fait honorable. (Par Dany Coulombe)
Repères
Le Sentier Nature Tomifobia est un sentier multifonctionnel (vélo, rando et ski de fond) quatre saisons.
Comment s’y rendre
De Montréal, prendre l’autoroute 10 Est, puis la sortie 121 pour l’autoroute 55 Sud. Emprunter la sortie 21 et la route 141 vers Ayer’s Cliff. À la sortie du village, le stationnement est à gauche, juste avant le pont de la rivière Tomifobia. Info: https://sentiertomifobia.com
L’esprit d’équipe
Dulcinée et moi nous sommes rencontrés dans un haut lieu de la romance: la salle d’attente d’un chiro. Blessures sportives obligent. «C’est à toi le canot sur la voiture?» Outre moi ne se trouvait qu’une «tricotante octogénaire» dans la salle. Dans mon esprit ne planait aucun doute: c’était une stratégie. À l’abordage, moussaillon!
J’imagine que j’ai passé le test initial. La semaine suivante, elle m’invitait à un rassemblement de kayakistes au lac Ha! Ha!. J’ai commencé à me faire des idées lorsqu’elle m’a dit que nous partagerions sa tente. Mes idées se sont rapidement dissipées lorsqu’elle m’a appris que sa fille dormirait avec nous.
Deux ans plus tard, nous formons tous les trois une saprée belle équipe. Nous avons élu domicile au Saguenay, sur les berges d’un lac niché dans l’arrière-pays de Rivière-Éternité. Nos activités de prédilection? Pagayer notre lac. Un de ces lacs typiquement saguenéens, bien emmuraillés de parois abruptes et bordés de part et d’autre d’une végétation généreuse en petits fruits colorés et savoureux… Pagayer notre lac, mais aussi remonter la rivière Éternité qui l’alimente puis le décharge. D’abord à la pagaie dans les méandres jonchés de gigantesques cèdres, de croches pruches, de noires épinettes et de blancs bouleaux; notre jungle boréale à nous. Puis en halant le canot dans les remous. Pieds nus dans le sable. Eau (potable) à mi-cuisses, baignés de soleil.
Seuls au monde.
Et lorsque le temps vire frais, nous nous mesurons aux sentiers du parc national du Saguenay. Nous y admirons le grand fjord. Nous écoutons le rire du torrent de notre rivière qui vient chatouiller le Saguenay. Nous prenons la montagne Blanche par les épaules. Du haut du cap Éternité, je me dis que nous formons une belle trinité… (Par Jean-Charles Fortin)
Repères
Parc national du Saguenay, Rivière-Éternité. Sentier Les Caps (10 km, difficile), sentier des Chutes pour accéder à la montagne Blanche (13,8 km, difficile) et sentier de la Rivière (8,4 km, intermédiaire), tous trois accessibles depuis le secteur de la Baie-Éternité. Info: 418 272-1556 ou www.sepaq.com/pq/sag/fr
Comment s’y rendre
De Québec, prendre la 175 Nord jusqu’à Saguenay, puis la 170 Est vers Rivière-Éternité, une des portes d’entrée du parc.
L’amour soluble dans l’eau salée
De Montréal ou Québec, une quinzaine d’heures de voiture. Enfin pour une fois, tout le temps: pour être ensemble dans une coquille roulante, pour profiter au passage de la proximité imposée par le road trip. En prime, une petite nuit de camping dans un cul-de-sac de chemin perdu de la vallée de la Matapédia. Pour mieux se connaître ou se re-connaître.
C’est un lieu éloigné et pourtant reconnaissable entre tous; le seul endroit du Québec où la concentration de plages n’a rien à envier aux Caraïbes. Parce qu’on a beau dire, mais une marche sur le sable en amoureux, c’est payant!
Un archipel planté au centre du golfe du Saint-Laurent comme le trésor d’une longue chasse. On l’atteint par bateau (si on est écolo et/ou cassé et/ou romantique) et on ne veut plus s’en aller. Nos yeux deviennent gros comme ça, comme s’ils voulaient aspirer tous ces horizons infinis de mer bleue et de longues dunes s’étirant plus loin que le regard.
Au débarquement, après quelques heures de traversier, on arrive ailleurs, on respire la brise et on part à la découverte. On redevient des enfants-aventuriers prêts à tout. On s’arrête n’importe où pour découvrir des falaises ou de longues plages pour se baigner, faire un feu avec du bois de grève et se «reconnecter» aux sentiments infinis de l’amour et de la vie.
On dort dans une des yourtes posées ça et là sur l’archipel, camp de base idéal pour des excursions dans des paysages uniques. Et si on veut jouer avec les forces de la nature, les îles de la Madeleine sont l’endroit de rêve pour l’apprentissage du surf cerf-volant: méchant défi combien pertinent sur ces îles de vent! Épreuve à vivre ensemble, étape par étape, pour surfer en harmonie avec l’eau et le vent. (Par Alexis de Gheldere)
Repères
Vert et Mer (yourtes et surf cerf-volant): 633, chemin des Caps, Fatima.
Info: 1 866 986-3555 ou www.vertetmer.com
Carrefour Aérosport (surf cerf-volant, char à cerf-volant): 1390, chemin de La Vernière, L’Étang-du-Nord.
Info: 1 866 986-6677 ou www.aerosport.ca
Comment s’y rendre
En traversier, avec le Groupe CTMA: 1 888 986-3278 ou www.ctma.ca/traversier-madeleine/index.cfm