Des pas sur la neige

Région de Québec
À cheval sur l’Éperon
Par Anne Pélouas
 

C’est une drôle de montagne que celle de l’Épaule, en forme d’éperon rocheux culminant à 460 m, bien visible depuis la vallée de la rivière Jacques-Cartier. En grimpant, on a d’ailleurs des points de vue hors du commun sur les méandres de cette rivière et sur la vallée de la rivière à l’Épaule. Avec de bons crampons aux pieds (pour éviter les chutes sur le sentier passablement glacé), on emprunte le sentier de raquette A qui longe peu ou prou la route d’été et la rivière Cachée. Celle-ci l’est à peine, dévoilant de superbes chutes et des marmites d’eau enserrées dans les glaces. Moins d’un kilomètre plus loin, un abri-relais marque le carrefour avec le sentier B. On lâche les crampons, devenus inutiles sur un terrain plutôt plat, quand le sentier file à gauche pour rejoindre le bord de la rivière Jacques-Cartier. Après le camping, on la délaisse pour suivre la rivière à l’Épaule, nettement plus petite. La montagne du même nom apparaît bien haute… Le sentier de l’Éperon (C) démarre après le passage d’un pont, et les choses se corsent! Crampons de nouveau aux pieds, on attaque la montée, soutenue, pour 190 m de dénivelé sur moins de 1 km. La récompense est au sommet, avec vue plongeante sur les deux rivières et les vallées qui se rejoignent au sud. 

Après quelques minutes sur la crête, sous un soleil radieux, on amorce le retour de la boucle de 5,3 km en descente vers le nord à travers la forêt, avant de bifurquer plein sud. Le sentier suit alors la rivière à l’Épaule. Il prend des allures de petites montagnes russes sans grande difficulté pour peu qu’on garde ses crampons aux pieds! 

Repères 
Le sentier de l’Éperon est accessible par la route de la Vallée, au km 3.
– Parc national de la Jacques-Cartier, 
1 800 665-6527 ou www.parcsquebec.com
 
Comment s’y rendre: Depuis l’autoroute 40 à Québec, prendre l’autoroute 73 Nord, en direction de Chicoutimi. L’entrée par le secteur de la Vallée se trouve au km 74 sur la route 175.

Région de Québec
Sur le mont Gibraltar
Par Anne Pélouas
 
On le voit de loin, en arrivant de Saint-Raymond-de-Portneuf, ce massif à la forme arrondie qui n’a guère de ressemblance avec le rocher du même nom, au sud de l’Espagne. Nommé aussi cap Bédard, il culmine à 450 m au-dessus d’une belle falaise. Le sentier des Falaises porte bien son nom. Du poste d’accueil Shannahan, il court sur le plat en longeant la montagne sur 2 km. Cette mise en jambes d’une demi-heure prépare les randonneurs au morceau de choix: une montée très abrupte dans la forêt, sur terre ou sur pierres, qui les hissera 300 m plus haut et 2,4 km plus loin. On peut y rencontrer toutes sortes de conditions: boue en début ou en fin de saison, glace sous les pas, neige, voire les trois à la fois! Le sentier croise celui du Petit Bûcher avant la crête, puis redescend un peu, remonte pour atteindre un premier beau point de vue sur la vallée et la chute Delaney, suivi de plusieurs autres avant l’arrivée au refuge Montagne-Art. Après trois heures de randonnée, il fait bon se délecter du paysage depuis la galerie du refuge à deux étages. Le lendemain, on grimpera encore un peu à l’arrière du refuge, pour rejoindre la crête et profiter de plusieurs autres très beaux panoramas sur la vallée Bras-du-Nord. Un petit détour par la boucle du Petit Bûcher agrémentera le retour, suivi d’une descente par le même chemin qu’à l’aller, après deux jours de bon air et de petits bonheurs. 

Repères 
Vallée Bras-du-Nord: plus de 90 km de sentiers pédestres et de raquette, dont le sentier des Falaises (8,2 km). Hébergement: sept refuges, une yourte rustique et six de luxe dans un «village» au bord de la rivière, auxquels s’ajoute le réseau associé de chalets dans la région. 
1 800 321-4992 ou www.valleebrasdunord.com 

Comment s’y rendre: De Montréal, prendre la sortie 281 de l’autoroute 40 Est, puis la route 365 jusqu’à Saint-Raymond. Traverser le pont de la rivière Sainte-Anne. À 2 km se trouve l’accueil touristique à gauche, au 100, avenue Saint-Jacques. Il est aussi possible d’aller à l’accueil de la vallée Bras-du-Nord.

Cantons-de-l’Est
Ambiance de rêve au sommet Rond
Par Marie-José Auclair
 
Le sommet Rond, ou Round Top, dans la région de Sutton, est bien connu des adeptes de randonnée estivale et surtout lors de la flambée des couleurs à l’automne. En hiver, la neige abondante du massif des monts Sutton recouvre parfois les résineux d’une fine poussière étincelante, créant une ambiance eni­vrante. Des 52 km de sentiers de randonnée du Parc d’environnement naturel de Sutton (PENS), 45 sont également accessibles à la marche hivernale avec raquettes ou crampons. Ces sentiers donnent accès à quatre sommets et à quatre lacs de montagne, de même qu’à des panoramas à couper le souffle. Par endroits, ils chevauchent les Sentiers de l’Estrie qui traversent la région dans le sud des Cantons-de-l’Est et, depuis juin 2009, ils donnent aussi accès à la réserve naturelle des Montagnes-Vertes, la plus grande aire de conservation privée du Québec.
Un sentier de marche hivernale est ainsi désigné lorsqu’il est entretenu, ce qui n’est pas le cas au PENS. Toutefois, après le passage de raquetteurs, il est possible d’y marcher. Attention, la dernière portion du sentier Round Top est fréquemment recouverte de glace; il est alors fortement recommandé de se munir de crampons. Lorsqu’il y a abondance de neige ou dans les sentiers moins fréquentés, par exemple ceux du Dos d’orignal ou du lac Mohawk, il est préférable de chausser des raquettes. 
Les sentiers de la chute du Pékan et celui du lac Spruce, où on atteint le belvédère en 45 minutes de marche, sont conseillés aux débutants. D’autres itinéraires sont plus accidentés. Celui du Round Top, qui chemine à partir du niveau 520 sur 2,6 km jusqu’à une altitude de 968 m, permet d’apprécier l’effort de l’ascension et offre une vue imprenable sur la rivière Missisquoi et les montagnes Vertes.
 
Le droit de passage est suspendu durant l’hiver sur les sentiers donnant accès au réseau de ski alpin. Les chiens en laisse peuvent circuler partout sauf au sentier Round Top où leur présence est défendue à cause de la fragilité du milieu. Il faut savoir qu’au-dessus de 775 m, les randonneurs pénètrent dans l’habitat de la grive de Bicknell, une espèce en situation précaire qui niche très tôt au printemps. 

Repères 
Information, carte du PENS et paiement des droits d’entrée au bureau d’accueil touristique dans le village de Sutton, à l’Auberge des Appalaches, à l’Auberge Le Montagnard, à l’Hôtel Horizon et au poste d’accueil 520 durant les week-ends, la période des Fêtes et les semaines de relâche. Tarifs: 5 $ par adulte, 2 $ par enfant, 10 $ pour la famille. 
450 538-4085, 1 800 565-8455 ou www.parcsutton.com
 
Comment s’y rendre: Emprunter l’autoroute 10 jusqu’à la sortie 74, puis la route 241 Sud et 139 Sud. Suivre les indications pour Ski Sutton, puis Val-Sutton. L’entrée du parc est au poste d’accueil 520 sur le chemin Réal.

Cantons-de-l’Est
Y’a d’la joie!
Par Anne Pélouas
 
En empruntant le rang Tout-de-Joie par un beau matin d’hiver pour rejoindre le poste d’accueil Gosford, on sourit… mais au retour d’une superbe équipée sur le territoire des Sentiers frontaliers, c’est bien de la joie qu’on ressent, requinqué par tant de beauté!
 
La marche d’approche débute en faux plat le long de la rivière Arnold avant de piquer plein ouest. Après 3 km avalés en moins d’une heure, le sentier traverse le chemin Gosford. Les choses sérieuses commencent. Le sentier 6 grimpe d’abord gentiment dans la forêt pendant 2 km, mais dès qu’on tourne sur la piste 8, c’en est fini! Une montée à 40 degrés se profile à l’horizon. Quelques minutes d’effort intense sur cette pente surnommée le «brise-fesses», puis on grimpe en beaux lacets sur le flanc nord de la montagne à travers une sapinière à oxalide de montagne. Cette partie de la forêt devrait d’ici peu être déclarée réserve écologique pour cause d’écosystème exceptionnel. Raison de plus pour ne pas quitter le sentier et tout abîmer! On finit sur un court plateau bien enneigé pour atteindre le vrai sommet du mont Gosford, souvent battu par les vents, à 1193 m d’altitude. De la tour d’observation, on peut admirer par temps clair le lac Mégantic, le lac des Araignées et le mont Sainte-Cécile au nord, mais aussi, côté ouest, Sugar Loaf et Saddle Back, dans la chaîne des montagnes Bleues (État du Maine), et même le mont Washington!

Repères 
Le réseau pédestre des Sentiers frontaliers couvre 135 km, reliant les plus hauts sommets du sud 
du Québec, dont le mont Gosford et la montagne de Marbre, suivant quasiment la frontière avec 
les États-Unis. Il file jusqu’à Chartierville à l’ouest et se connecte à la Cohos Trail, au New Hampshire. Pour la montée directe au mont Gosford, comptez environ cinq heures en hiver.
Neige: la réputation de la région pour sa neige hâtive et tardive n’est pas surfaite!
Hébergement: la zone du mont Gosford compte six refuges, une tente prospecteur, deux appentis (lean-to) et huit plateformes de camping. Service de transport de bagages.
Adresse: 901, rang Tout-de-Joie, 
Saint-Augustin-de-Woburn
819 544-9004, www.sentiersfrontaliers.qc.ca ou www.montgosford.com 
 
Comment s’y rendre: De Montréal, prendre l’autoroute 10 jusqu’à Sherbrooke, puis la route 108 jusqu’à Cookshire et enfin, la route 212 vers Woburn. À 13 km de Notre-Dame-des-Bois, tourner à droite dans le rang Tout-de-Joie. Accueil à 6 km. 

Laurentides
Petite montagne, grand plaisir
Par Anne Pélouas
 
Seulement 3 km à pied pour l’aller, mais quel beau rapport effort-réjouissance visuelle que cette montée rapide au sommet du mont Kaaikop! En une heure, le tour est joué, du moins pour l’ascension, avec 430 m de dénivelé. Au départ du centre de plein air L’Interval, le sentier traverse le camping. Au-delà d’un petit pont, la piste 7 grimpe à flanc de colline. La montée est soutenue pendant trois quarts d’heure, tandis que les 15 dernières minutes sur l’autre flanc, côté est, sont nettement plus faciles. Au sommet (le troisième plus haut des Laurentides, à 830 m d’altitude), le terrain est dénudé et la vue à 180 degrés s’étend à l’ouest sur le lac Legault et les collines environnantes, dont le mont Ouareau. Pas question de traîner par grand vent! Par une journée bien froide, on peut souvent monter sans crampons ni raquettes aux pieds, surtout le matin, mais pour la descente sur sentier passablement glacé, on vous les recommande! À emporter: un crazy carpet pour s’amuser un peu en zigzaguant entre les arbres de la forêt.

Repères 
Ce tronçon du Sentier national, le sentier du mont Kaaikop, démarre à L’Interval, au 3565, chemin du Lac-Legault, à Sainte-Lucie-de-Beauregard.
Tarifs: 4 $ ou 2 $ pour les 3 à 17 ans. 
819 326-4069 ou www.interval.qc.ca 
 
Comment s’y rendre: De l’autoroute 15 Nord depuis Montréal, prendre la sortie pour la route 329, direction nord, vers Saint-Donat.
À droite, suivre les indications pour L’Interval. Stationnement à 7 km.

Gaspésie
Randonnée alpine dans une mer de montagnes 
Par Marie-José Auclair
 
Cette journée de raquette hors-piste se déroule au royaume du caribou. À travers un panorama grandiose, les adeptes de la randonnée accèdent aux plus hauts sommets du massif gaspésien. On peut désormais profiter d’un transport par chenillette, offert par Ski Chic-Chocs, pour pénétrer dans le domaine alpin très peu fréquenté du secteur Mines-Madeleines. Le parc national de la Gaspésie comprend 25 sommets de 1000 m d’altitude, un terrain de jeu exceptionnel pour l’aventure à tous les niveaux de pratique. Le site de randonnée alpine est situé dans la réserve faunique des Chic-Chocs. Le parcours guidé, qui s’effectue sur une douzaine de kilomètres, longe les flancs du mont Jacques-Cartier, en périphérie du parc national de la Gaspésie, et n’implique qu’un faible dénivelé. On aperçoit ce sommet le plus élevé du parc qui culmine avec ses 1268 m, au cœur des monts McGerrigle dans la péninsule gaspésienne. Les pentes abruptes du secteur offrent des paysages à couper le souffle! On jouit même d’un point de vue saisissant sur le plateau du mont Albert. 

L’enneigement exceptionnel des monts McGerrigle crée un décor fabuleux, rempli de fantômes, ces conifères recouverts d’incroyables amoncellements de neige qui prennent l’allure de revenants. Virginie Morissette, guide et naturaliste, explique que les nuages gorgés d’humidité après leur passage au-dessus du Saint-Laurent crèvent en frappant la première barrière des monts McGerrigle, dans les environs de Mines-Madeleine. «Il y a toujours plus de neige ici qu’ailleurs dans le massif gaspésien», dit la guide. Un véritable trou à neige! On en reçoit chaque année plus de 7 m de la mi-octobre à la mi-avril, avec plus de 3 m d’accumulation au sol. De quoi s’amuser en masse!
 

Repères
Ce parcours de 12 km débute au centre de découverte et de services du parc national de la Gaspésie à 8 h 30, et le retour a lieu vers 16 h. L’équipement de sécurité en cas d’avalanche est inclus, et les raquettes peuvent être louées sur place. Prévoir un lunch. Tarif: 79 $ par personne. Période: du 27 décembre 2010 au 
25 avril 2011. 
418 763-3333 ou www.skichicchocs.com 
 
Comment s’y rendre: Accessible par la route 299 entre Sainte-Anne-des-Monts et New Richmond.