Destinations
Aventures automnales
Pour une virée colorée entre mer et montagnes, on met le cap sur la Gaspésie.
La constellation des Appalaches
Immense terrain de jeu regroupant six secteurs répartis à l’intérieur de huit municipalités, le parc des Appalaches représente un modèle singulier de développement régional axé sur le plein air. Son succès redynamise le haut pays de Montmagny et en met plein la vue aux raquetteurs.
Martin Dufour et Valérie Bérubé rêvaient de se lancer en affaires. Mais où, comment, quoi? Les deux trentenaires, parents de deux filles, contactent la MRC Montmagny pour signifier leur intention de s’installer à la campagne, à une heure d’une agglomération urbaine. « La MRC a déroulé le tapis rouge devant nous », se rappelle Martin Dufour, qui travaillait en hôtellerie tandis que sa bien-aimée bossait en communication.
Le couple cède à l’opération de séduction. À Saint-Paul-de-Montminy, il achète un terrain au bord du lac Long, où l’électricité ne se rendait même pas, pour bâtir, à partir de 2012, Esker Nature, un centre de villégiature quatre saisons comprenant aujourd’hui cinq chalets de luxe, une zone détente avec bains à remous et sauna et, surtout, un accès direct au secteur Grande Coulée du parc des Appalaches. « Notre but : vendre la nature, le plein air et nos services connexes, comme la massothérapie, que j’ai apprise pour servir notre clientèle, ainsi que le yoga, qu’enseigne Valérie », mentionne Martin Dufour.
Quand nous débarquons chez Esker Nature, à une heure et demie des ponts de Québec, nous entrons en même temps dans le parc des Appalaches. Autant les sentiers du parc nous attirent, autant l’hébergement douillet et le bouillant bain extérieur d’Esker Nature nous tentent. Car le modèle de développement de la Corporation du parc des Appalaches se base à la fois sur la mise en valeur du territoire naturel et sur la diversification de l’offre par des partenaires privés. « Nous avons créé une de sentiers. Aux partenaires de s’y greffer », résume Stéphanie Charland, à la direction des opérations au parc des Appalaches.
Le plein air, vecteur de développement ? Géo Plein Air adore ! Cette façon originale de développer l’arrière-pays, qui compte seulement 4000 habitants dans un océan d’arbres, donne des résultats. « Ce parc est issu d’une volonté régionale de diversifier l’économie locale, qui reposait autrefois essentiellement sur la foresterie », explique Daniel Racine, directeur général adjoint à la MRC de Montmagny et concepteur du parc inauguré en 1997.
En hiver, 70 km de pistes de raquette mènent à la découverte de trois montagnes et d’une large étendue sauvage, où les érablières sont omniprésentes. Quand en fin de journée nous commençons notre exploration à partir d’Esker Nature, nous en apprécions toute la beauté. À la brunante, nous usons nos babiches sur le sentier Cascades des orignaux. Ici, le dénivelé est presque imperceptible, mais un énorme tapis de neige fraîche conduit à une floraison de points de vue sur cascades, canyons, lacs et rivières. Une superbe entrée en matière.
D’Esker Nature, les villégiateurs peuvent partir à la conquête du plus haut sommet de la région, la montagne Grande Coulée, naguère station de ski, qui culmine à 853 m. Par manque de temps, nous jetons notre dévolu, au détriment de cette dernière, sur le mont Sugar Loaf.
Étonnant, un toponyme anglais dans un pays où l’influence anglaise a toujours été discrète. Qu’importe, nous empruntons l’ancien chemin du garde-feu qui nous guide vers la cime, à 650 m d’altitude. À partir du stationnement au lieu-dit La Langue-de-Chatte, le sentier se faufile entre les tubulures des érablières avant d’atteindre un premier belvédère à mi-montagne, où se trouve l’abri-feu, un endroit idéal pour une collation. Un p’tit feu dans le poêle à bois, un p’tit café et une barre énergétique maison à grignoter, et c’est le paradis. Le hic : nous n’avions ni boisson chaude ni goûter digne de ce nom, seulement des barres commerciales. Ne faites pas comme nous !
Cette pause nous aura permis de nous ragaillardir, ce qui ne sera pas inutile. Le sentier, long de 3 km, s’élève de 250 m. Dans le dernier kilomètre, il ne fait pas dans la dentelle, et nous frappons un mur. Des cordes viennent à notre rescousse. Le cœur pompe l’air comme un vieux fumeur. Au sommet, la vue à 360˚ récompense les guerriers. À nos pieds, des kilomètres carrés de forêts et de tourbières, le relief appalachien au loin, et l’un des plus beaux monts québécois conquis en 3 km à peine.
L’intérêt de visiter ce parc éclaté – mais de plus en plus interconnecté par des sentiers – est aussi de s’arrêter dans ses huit villages et leurs commerces. Sans notre généreux brunch au sirop d’érable du Bistreau d’érable, une cabane à sucre biologique de Saint-Lucie-de-Beauregard, nous n’aurions pas même eu la force de cocher le mont Sugar Loaf sur notre liste de choses à accomplir !
TOUS AUX REFUGES
Le parc des Appalaches propose une dizaine de refuges, dont trois sont uniquement accessibles en randonnée. Dans le secteur Mont Sugar Loaf, il est possible de se concocter un itinéraire de refuge en refuge sur plusieurs jours. Pour le coureur des bois qui sommeille en vous.
HÉBERGEMENT EN VRAC
Esker Nature
En bref
Un vaste territoire encore à l’état brut dont le kilométrage de sentiers est plus élevé que le nombre d’habitants (bon, j’exagère un peu).
ATTRAIT MAJEUR
La conquête en raquette des trois éminences : Grande Coulée, Sugar Loaf et du Lac Talon.
COUP DE CŒUR
La collation à l’abri-feu du mont Sugar Loaf, une p’tite cabane panoramique où profiter d’une halte. Apportez un breuvage chaud.