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Aventures automnales
Pour une virée colorée entre mer et montagnes, on met le cap sur la Gaspésie.
Vanuatu – Randonnée au centre de la terre
En Océanie, les 83 îles du Vanuatu doivent leur existence à des volcans, dont certains ont une activité intense. Perdue et préservée, l’île d’Ambrym est au cœur de cet archipel où coule le sang de la Terre. Littéralement.
Vous êtes sûrs que c’est bien Craig Cove ? » Les passagers sur le pont supérieur du Brisk acquiescent. Il était temps. Il est 14 h. Ce voyage a commencé à 20 h la veille, à Port-Vila, la capitale du Vanuatu. Dormir sur une caisse en bois n’est pas très reposant, surtout dans un bateau en proie à tous les vents du Pacifique. Depuis quelques heures, ce sont plutôt les parcelles d’ombre qu’on traque, à mesure que le vieux cargo modifie son cap sur l’océan. Il accoste sur une plage constituée d’un mélange étonnant de corail blanc et de sable noir, et une chaîne humaine se forme pour débarquer sacs de riz et bidons d’essence rouillés.
Le chef du village d’environ 300 habitants sort de la foule venue assister à l’arrivée du Brisk et s’adresse à moi en français : «Tu veux monter au volcan? Suis-moi, mon frère est guide!» Et voilà. Quelques minutes à peine après avoir foulé le sol d’Ambrym, une carte de l’île est déroulée dans la salle à manger de Francis – un bâtiment de tôle recouvert d’un toit en feuilles de palmier. Francis fait partie de l’association des guides d’Ambrym depuis 15 ans. Il explique les détails de la randonnée de deux jours qui mène à deux volcans parmi les plus actifs du monde. On descend d’abord dans le cratère du Benbow (1159 m) accrochés à une corde, avec un masque à gaz, pour observer le magma. Puis on passe au Marum (1270 m), dont le lac de lave, plus gros, est visible du sommet. Ce sont en fait des bouches donnant sur la même cheminée, formant une seule montagne couronnée d’une caldeira de 12 km de diamètre, raison pour laquelle, sur l’île d’Ambrym, on parle toujours du volcan au singulier.
PORT VATO

Baignade dans les sources d’eau chaude de Sessivi
Le sentier débute à Port Vato, à 20 km de Craig Cove. Il faut deux jours pour rejoindre Port Vato en marchant sur la piste de sable noir, au milieu des cocotiers. On s’y rend à pied, afin de profiter d’un des plus grands plaisirs qu’offre le Vanuatu : voir les minuscules villages faits de bric et de broc, permettant ainsi de rencontrer les locaux.
Francis tient à planifier les étapes, indiquant où dormir en chemin. Ce soir, je plante ma tente chez lui, et il prépare le repas. Il n’y a pas de restaurant à Ambrym: les résidents ont un jardin dans la forêt, vont à la pêche et cuisinent sur des feux de bois. Ils boivent le «jus de ciel», c’est-àdire la pluie. Si proche d’un volcan qui fume en permanence, la composition de cette eau peut poser problème, m’explique Francis, tout fier de me montrer le filtre communautaire installé près de la petite école par l’association dont il fait partie: H2O pour Ambrym.
Avant d’obtenir son indépendance en 1980, le Vanuatu était le condominium des NouvellesHébrides, administré conjointement par la France et le Royaume-Uni. Pour Ambrym, cela se traduit par le fait que les villages francophones et anglophones alternent le long de la côte. Le français et l’anglais sont les langues d’enseignement, mais les échanges quotidiens s’effectuent dans des dialectes locaux. On en trouve pas moins de six sur l’île, pour une population totale de 7000 personnes.
Au village suivant, Baiap, c’est en anglais que je me fais expliquer la préparation du coprah, la richesse locale: il faut patiemment décortiquer les noix de coco, puis en faire sécher la chair dans un four artisanal. Plus loin, à Sessivi, c’est en français que je montre à la nuée de petits-enfants de Gérard, l’ami de Francis chez qui je passe la nuit, comment se monte une tente. Ensuite, ils m’emmènent dans une petite baie noire où des sources chauffées par les entrailles du volcan se jettent dans la mer. Autour, des femmes de tous âges font leur toilette quotidienne en cette fin d’après-midi

Le camp à l’entrée de la caldeira
Au pied du volcan, Joses héberge les visiteurs dans un bungalow rustique mais mignon dans la forêt. Il explique le programme, plutôt simple: on montera avec un guide du village. Une alerte de niveau 2 (ce qui ne nous dit pas grand-chose) est en vigueur sur le volcan; on n’aura droit qu’à trois minutes pour observer la lave du Marum. Quant à la descente dans le Benbow, c’est hors de question.
La météo est pour sa part hasardeuse : le volcan est dans les nuages depuis notre arrivée, et il a beaucoup plu. On attendra une éclaircie au camp, à l’entrée de la caldeira, et on se dépêchera de parcourir les deux heures qui séparent le camp du sommet du Marum.
Le prix pour monter au volcan est fixé par l’association des guides : 10 000 vatus (120 $). Pour redescendre par le sentier du nord, afin de traverser l’île, il faut un autre guide, venant de cette zone, pour nous rencontrer au sommet, ce qui double le prix. Devant toute cette logistique, un aller-retour semble la solution la plus simple. Ce sera l’occasion de faire le plein au minuscule magasin de Port Vato, un comptoir avec trois étagères où on trouve des biscuits, du thon en conserve et du corned-beef.
À L’ASSAUT DU VOLCAN

Étendue de lave solidifiée et recouverte de lichens, dans le cratère du Marum
Ô bonheur, le lendemain, il fait soleil ! Parfait pour attaquer les pentes du volcan. Le guide, un villageois nommé Bong, arrive machette à la main. La difficulté de la randonnée ne tient pas tant au relief qu’à la chaleur et à l’humidité. On suit pendant un bon moment ce qui ressemble au lit asséché d’une immense rivière. Puis on pénètre les flancs du volcan: en guise de lave, c’est une végétation luxuriante qui dégouline de part et d’autre de la gorge où on avance. Le sentier s’élève, on marche sur des rochers glissants. Bong, qui avait commencé en gougounes, est maintenant pieds nus. Le sentier surplombe des précipices que des fougères géantes tentent de camoufler. Lorsque la température se rafraîchit enfin, c’est pour laisser place à une pluie torrentielle. Quelle idée de venir ici durant la saison humide!
La dernière heure est cauchemardesque. La pluie ne faiblit pas, les souliers sont pleins d’eau. On arrive finalement au camp, exténués, après cinq heures de marche. Peu de temps après arrivent un Français particulièrement costaud, Nicolas, et son guide, Dick : ils ont monté en courant. En deux heures ! Mon orgueil en prend un coup…
La sortie vers le Marum est repoussée au jour suivant. D’ici là, il ne reste qu’à prier très fort. Après le souper, Bong et Dick expliquent que les émoluments des guides varient beaucoup, car ce sont les propriétaires de gîtes qui encaissent les 10 000 vatus réglementaires des touristes… Certains se font payer au lance-pierre, mais ne peuvent se permettre de refuser une montée, sous peine de ne pas être rappelés. Que faire, alors, en tant que voyageur, pour s’assurer que ceux qui font la plus grosse partie du boulot reçoivent leur juste part ? Sans doute aborder clairement le sujet au gîte.
Au matin, mieux vaut se réveiller tôt. Il semble faire beau. Avec Bong, on se lance à l’assaut du Marum d’un bon pas. Mais celui-ci s’ennuage à mesure qu’on approche, et je crains d’avoir fait tout ce chemin pour ne rien voir d’autre que la cendre grise qui recouvre cette étendue morte. On longe une coulée de lave durcie, puis on passe devant un petit cratère, le plus redoutable de la caldeira. Il en émane une odeur de soufre. Les yeux piquent. Lorsque la fumée devient trop dense, elle peut bloquer l’accès au Marum, et les vents traînent son panache toxique jusqu’à la cime du Benbow, plus loin

Terrain de camping improvisé
L’ambiance est apocalyptique, le crachin qui s’est installé rend les flancs du volcan glissants. La fumée des volcans se mêle aux nuages bas, on ne sait plus qui est qui. Une longue fissure déchire la montagne noire. Selon Bong, elle est neuve et témoigne de l’activité récente du volcan. Est-ce bien prudent d’être là? Les guides semblent parfois prendre des risques inconsidérés. «Les touristes qui viennent jusqu’ici, il faut qu’ils voient la lave!» répond Bong. Continuons, alors ! Au sommet du Marum, toit d’Ambrym, on entend un bruit sourd et continu similaire à celui d’une mer en furie. Bong s’approche prudemment du bord, comme si une giclée de lave pouvait en surgir, puis fait signe d’avancer
Le coup d’œil est fantastique! Au fond d’un trou de 400 m s’agite un lac lumineux, rouge et orange. La lave bouillonne avant de se figer en plaques noires aussitôt rebrûlées. Le ballet des nuages laisse voir les teintures sulfurées des parois, creuset minéral qu’un forgeron géant semble avoir abandonné sur le feu. Les directives de Joses ont été oubliées : on reste là pendant 20 bonnes minutes à admirer la force de la planète. Il se remet à pleuvoir, on fuit, mais cette fois-ci, le jus de ciel perle sur nos vêtements sans déranger… Il vaut bien la peine d’en avaler des torrents pour admirer pendant quelques instants, dans cette île mystérieuse du bout du monde, un peu du sang de la Terre.
REPÈRES
Vanuatu
S’Y RENDRE
Port-Vila, la capitale, est accessible en avion depuis l’Australie (Sydney et Brisbane), la Nouvelle-Zélande (Auckland), les îles Fidji et la NouvelleCalédonie. À noter qu’un vol international avec Air Vanuatu donne droit à 20 % de rabais sur les vols intérieurs.
Ambrym
En avion
Deux aéroports, avec trois ou quatre vols par semaine vers Port-Vila: Craig Cove à l’ouest (120 $ aller simple) et Ulei à l’est (115 $ aller simple). Pistes de sable et petits avions à hélice.
En bateau (cargo)
Deux compagnies font du cabotage entre Port-Vila et Luganville, deuxième ville du pays. Les horaires varient d’une semaine à l’autre. En cas de mauvaises conditions météo, les cargos peuvent parfois avoir plusieurs jours de retard. Vanuatu Cargo est un peu plus rapide et confortable. Escales à Craig Cove (80 $ depuis PortVila) et à Ranon (85 $), dans le nord de l’île. Les cargos Brisk et Tina 1 n’offrent aucun confort, mais desservent davantage de villages isolés.
Tarifs: 75 $ pour Craig Cove et 80 $ pour Ranon.
Transport sur l’île
Par pick-up… Attention aux fesses! Le voyage de Craig Cove jusqu’au pied du volcan coûte 60 $. Conseil pour économiser beaucoup d’argent: demander s’il est possible de partager le véhicule avec des locaux.
QUAND Y ALLER
La saison sèche, de mai à novembre, est la plus agréable – le mois d’août étant le plus frais. La saison des cyclones, chaude et humide, s’étend de décembre à avril. Il tombe autour de 300 mm de pluie par mois sur Port-Vila de janvier à mars, alors que les températures maximales dépassent les 30 ºC.
QUOI FAIRE
Ambrym
Dans les villages de Fanla (nord) et Endu (est), participer à un «tour culturel», qui est en fait un spectacle proposé aux touristes sur réservation. Compter tout de même 60 $ pour admirer des éléments de kastom (coutume locale): danses traditionnelles avec masques, démonstrations de magie noire (!) et séance de dessin dans le sable, entre autres.
Aller boire quelques shells de kava, produit à partir d’une racine locale, moulue et mélangée à de l’eau, et qui a un effet relaxant. De nombreux nakamals (bars à kava) faits de planches de bois ouvrent au crépuscule. Dans certains villages, l’accès aux femmes y est interdit.
S’ORGANISER
Un itinéraire apprécié des randonneurs, quoique très coûteux, consiste à atterrir à Ulei, à l’est d’Ambrym, et d’aller à Endu. De là, monter au Marum et au Benbow. Puis attendre un autre guide pour redescendre à Port Vato. Ensuite, rejoindre l’aéroport ou la plage de Craig Cove.
Mais l’option la moins chère reste l’aller-retour depuis Craig Cove… surtout si on prend le temps de s’y rendre en bateau!
Les plus aventureux organiseront eux-mêmes leur transport, et trouveront hébergement et guide (obligatoire) sur place. On trouve un gîte dans quasiment tous les villages, où on peut dormir en bungalow ou camper. Compter environ 25 $ la nuit, repas inclus.
Quelques hébergements au pied du volcan
À Port Vato: Karina Guesthouse (John Tasso), +678 774-2661
À Lalinda: Wola Volcano Guesthouse (Joses Wilfred), +678 548-7405
À Endu: Sea Roar Bungalows (Walter), +678 730-2577
Étant donné l’absence de sites internet, avoir recours à une agence de voyages qui s’occupe des réservations peut être une bonne solution. Malampa Travel (www.malampa.travel) organise des circuits de trois à six jours à Ambrym. «Zaza», Française installée sur l’île de Santo, peut se charger d’effectuer toutes vos réservations à Ambrym, moyennant une commission. Il suffit de chercher la page «Esprit d’aventure au Vanuatu» sur Facebook.