Explosion de couleurs… et de saveurs
Moins développé et moins achalandé par les touristes que le Costa Rica, le Nicaragua est une destination méconnue, mais tout de même fort appréciée des Québécois. Surtout qu’elle ne vous ruinera pas : malgré la faiblesse du dollar canadien, le taux de change avec le cordoba reste avantageux.
Or, le mot commence à se propager et le pays, à préparer son infrastructure pour accueillir un nombre grandissant de visiteurs dans les prochaines années. D’aucuns craignent que le pays, à l’instar du Costa Rica, ne s’américanise et perde de son charme. C’est donc le moment d’y aller maintenant, avant que le pays ne se transforme radicalement.
Granada et les environs
Le Nicaragua est un pays qui se prête bien au slow travel. Située au pied du volcan Mombacho, la ville de Granada et ses bâtiments coloniaux appellent à la déambulation. Les façades colorées des habitations attirent le regard et donnent envie de s’arrêter à chaque coin de rue pour prendre des photos.
Lorsque vous errerez à travers les rues de la ville, la cathédrale, impossible à manquer avec ses murs jaunes canari, sera votre point de repère. En face, le parc central est un bon endroit pour s’arrêter manger une crème glacée tout en observant les passants. Sur la calle Real Xalteva, qui longe un des côtés de la cathédrale, on trouve de nombreux hôtels et restaurants avec de belles terrasses. Cependant, pour prendre vraiment le pouls de la ville, il faudra s’éloigner de cette rue touristique. Rendez-vous au marché municipal, où vous pourrez faire vos courses et découvrir les spécialités locales ou tout simplement vous imprégner de l’énergie des lieux.
À proximité de Granada se trouve un archipel formé de 365 petites îles appelé Las Isletas. Il est possible de faire le tour des îles en bateau à moteur, ou encore mieux, en kayak ou en stand-up paddleboard. La compagnie Livit Water offre des excursions de quelques heures sur les eaux du lac Nicaragua. L’occasion rêvée d’essayer le SUP avec un instructeur qualifié, tout en découvrant cet archipel né à la suite d’une éruption particulièrement virulente du volcan Mombacho.
À une dizaine de kilomètres de Granada, la réserve naturelle Laguna de Apoyo est une autre excursion populaire. Ce lac d’origine volcanique se prête bien à la détente. Loin des bruits de la ville, on peut s’étendre dans un hamac, un bon livre à la main, ou explorer le lac en kayak. En effet, plusieurs établissements en bordure du lac, en plus d’offrir un service de restauration, mettent des kayaks à la disposition des visiteurs. L’écosystème de la réserve naturelle est également intéressant à découvrir; on peut apercevoir autour du lac plusieurs espèces animales comme les singes hurleurs et les singes capucins à face blanche, des iguanes verts et même des boas et des jaguarundis, de petits félins également appelés chats loutres.
Isla de Ometepe
Au beau milieu du lac Nicaragua, l’un des plus grands lacs d’eau douce au monde, se trouve une île formée de deux volcans : Ometepe. Ici, les sabots des chevaux claquent un peu plus lentement qu’ailleurs au pays. Les poules et les cochons – beaucoup de cochons – se promènent librement près des routes et des terrasses. L’ambiance campagnarde plaira aux voyageurs qui ont laissé leur montre à la maison. De plus, les amateurs de plein air y trouveront leur compte, puisque les deux volcans – le Concepción, toujours actif, et le Maderas – peuvent être explorés en randonnée.
Nous sommes partis en compagnie de notre guide local Saoul, de bon matin, à la conquête du volcan Maderas. Du haut de ses 1 394 m, il est le plus petit des deux sommets de l’île. L’ascension n’est toutefois pas douce pour autant! Le volcan étant surmonté d’un nuage la plupart du temps, le sommet est recouvert d’une forêt tropicale humide. La pluie fréquente a créé un joli lac dans le cratère… mais elle a également rendu le sentier pour le moins boueux. Après quatre heures de montée ardue, les pantalons couverts de boue jusqu’aux genoux, le risque de n’avoir aucune vue au sommet est assez élevé… mais vaut la peine d’être pris. Après tout, ce n’est pas tous les jours qu’on a la chance de faire une randonnée au son déstabilisant des singes hurleurs! En plus de s’assurer que nous empruntions le bon chemin, qui requiert de passer sur des terrains privés, notre guide, du haut de ses 70 printemps, s’est avéré connaître la réponse à toutes nos (nombreuses) questions sur le volcan et sur le pays en général. Vous l’aurez deviné : être accompagné d’un guide pour effectuer cette randonnée est hautement recommandé.
Sur Ometepe, les prix sont un peu plus élevés que sur le continent. Le transport en commun étant aussi instable qu’inefficace, mieux vaut louer une motocyclette pour se déplacer. Pour environ 25$ US par jour, vous pourrez explorer les diverses facettes de l’île en toute liberté.
Autre attraction de l’île : la chute de San Ramon, au pied du volcan Maderas, dans laquelle il est possible de se baigner. On peut s’y rendre à pied ou à cheval. Les randonnées à cheval coûtent en moyenne 10$ US l’heure. Il est possible de trouver moins cher, quoique souvent au détriment de la santé des chevaux. N’hésitez pas à demander à voir les animaux avant d’effectuer une transaction.
Oui, les Nicaraguéens raffolent du gallo pinto, et ils en mangent pratiquement tous les jours. Ce mélange de riz et de haricots accompagne à merveille la plupart des plats, mais la cuisine locale compte plusieurs plats typiques, comme le nacatamal ou le vigorón. Voici 10 spécialités à découvrir pendant que vous êtes sur place – car la cuisine nica est difficile à trouver ailleurs!
• Tostones : des bananes plantains frites, servies sous forme de bouchées garnies d’un morceau de fromage. Parfait comme entrée à partager avec un groupe d’amis.
• Quesadilla : la version nica de ce classique latino-américain comprend une pincée de curtido (ou repollo), soit du chou émincé mariné
• Nacatamal : pâte faite à base de farine de maïs, fourrée avec de la viande de porc, du riz et des légumes, et cuite à la vapeur dans une feuille de bananier.
• Indio viejo : le plat favori de nombreux locaux, son nom signifie « vieil Indien ». Il s’agit d’un type de ragoût de bœuf effiloché rehaussé d’oranges et de menthe.
• Quesillo : en-cas de fromage au goût vinaigré servi dans une tortilla de maïs.
• Vigorón : mélange de curtido, de manioc bouilli et de chicharrones (lard frit), enveloppé dans une feuille de bananier. À manger avec les doigts!
• Fresco : au Nicaragua, le mot fresco réfère à une boisson non pétillante. Servie dans un sac de plastique avec une paille. Il existe toutes sortes de saveurs – parfait pour les journées chaudes!
• Rhum Flor de Caña : servis dans tous les bars, les cocktails à base de rhum utilisent la plupart du temps la marque locale Flor de Caña (à une fraction du prix auquel on le trouve au Canada).
• Calala : jus naturel à base de fruit de la passion.
• Jamaica : jus naturel à base de fleur d’hibiscus. On dit qu’il possède des propriétés antiseptiques… un allié en cas d’intoxication alimentaire!
Volcan Masaya
Il existe peu d’endroits au monde où l’on peut observer une éruption volcanique d’aussi près que sur le volcan Masaya. En effet, celui-ci est extrêmement actif et on peut le voir fumer sans relâche depuis un peu plus d’un an. Il est possible de se rendre à son sommet par la route. Le nombre de véhicules est limité, de même que le temps accordé pour l’observation. De plus, on vous fera stationner de reculons afin de faciliter l’évacuation, en cas de besoin. Le spectacle est impressionnant : au fond du cratère, on peut apercevoir et entendre le bouillonnement de la lave en fusion.
Des excursions sont organisées à partir de Masaya et de Granada. Il est conseillé de s’y rendre une fois la nuit tombée, pour une expérience optimale.
León et les environs
Bien que le café soit le principal produit exporté du Nicaragua à travers le monde, la culture du « coffee shop » n’est pas très répandue dans le pays. Seule exception : León. Comme toute bonne ville étudiante qui se respecte, León possède son lot de petits cafés charmants. Certains font également office de boutique d’artisanat et mettent en valeur de jolis produits faits à la main au Nicaragua.
Ville jeune et dynamique, León possède également sa cathédrale, où repose Rubén Darío, le poète le plus connu et la fierté du pays. Il est possible de monter sur le toit de l’édifice pour accéder à une vue époustouflante de la ville et des volcans environnants.
Près de la cathédrale se trouve un marché où sont servis tous les jours des plats typiques à prix risible. Une fois la nuit tombée, l’action continue en face de la cathédrale, sur la place principale. Les petits jouent pendant que les grands mangent une glace au son de la musique live. León est une ville plutôt sécuritaire, en plus d’être considérée comme la capitale intellectuelle du pays.
Par ailleurs, León est un excellent camp de base pour la randonnée en raison de sa proximité avec l’arc volcanique d’Amérique centrale, dont font partie tous les volcans du Nicaragua. L’organisme Quetzal Trekkers, une ONG qui œuvre auprès des enfants de la région, offre des randonnées guidées de plusieurs jours. Tous les profits sont remis à des projets pour les jeunes.
On ne visite pas un pays aussi exotique que le Nicaragua sans sortir un peu des sentiers battus. Voici donc quelques suggestions d’activités à faire pour goûter à fond la nature locale.
Volcano boarding
L’une des activités que propose Quetzal Trekkers est un incontournable auprès des backpackers au Nicaragua : le volcano boarding. Pour 30-35 $ US, on vous offre de dévaler la pente du volcan Cerro Negro, avec pour seul équipement une luge de bois et un habit qui ressemble à un costume de prisonnier.
L’ascension du Cerro Negro n’est pas ultra difficile; elle ne dure qu’une heure, mais il y a beaucoup de vent. Certaines compagnies offrent de transporter votre planche pour 5$ US. Une fois au sommet, on vous permet de souffler un peu, d’admirer la vue (juste pour la vue, ça vaut la peine de s’y rendre) et de prendre des photos. Du sommet du Cerro Negro, on peut apercevoir les autres volcans de la chaîne; c’est magnifique! Le Cerro Negro est un des volcans les plus actifs du Nicaragua. La dernière éruption remonte à 1999, ce qui veut dire, en années volcaniques, à pratiquement hier.
Puis, on vous fait enfiler l’habit, les lunettes de ski et les gants. On vous conseille d’apporter un foulard ou un t-shirt que vous vous attacherez autour du cou afin de protéger des petits cailloux qui jaillissent lors de la descente.
Enfin, le plaisir commence. Si vous êtes brave, vous pouvez descendre à vive allure; le record absolu de vitesse est de 93 km/h. Par contre, si vous êtes plutôt du type conservateur, il est possible de contrôler sa vitesse assez facilement, soit en se penchant vers l’avant pour ralentir, tout en enfonçant ses pieds plus profondément dans le sol. Une expérience marquante!
Surf
Le Nicaragua s’impose de plus en plus comme une destination surf. San Juan del Sur, sur la côte Pacifique, est la destination par excellence des jeunes surfeurs et backpackers. On y trouve une belle variété d’hébergements et une vie nocturne pas ennuyante du tout. Toutefois, la clientèle est surtout internationale, ce qui peut déplaire à certains.
Ceux qui préfèrent la tranquillité d’une plage peu fréquentée choisiront plutôt la région de Popoyo. Plusieurs plages, dont la Playa Santana, commencent à peine à voir des infrastructures s'y installer. On peut marcher des kilomètres sur le sable blond et n’apercevoir que quelques personnes ou chevaux. Et pour les surfeurs, 4 surf breaks sont accessibles à distance de marche de la Playa Santana.
Cependant, le potentiel de la région n’est plus un secret pour les investisseurs, et celle-ci s’apprête à connaître un boom de développement. C’est donc le moment ou jamais d’y aller avant les foules!
Plongée
Les amateurs de plongée trouveront leur bonheur aux îles Corn Islands, à 75 km au large de la côte caraïbe. La petite et la grande île du maïs comptent environ 7 500 habitants; on peut s’y rendre en bateau à partir de Bluefields ou par avion à partir de Managua.
Fiche technique
Le Nicaragua est le plus grand pays d’Amérique centrale en superficie. Il est bordé par le Honduras au Nord et le Costa Rica au Sud.
Capitale et plus grande ville : Managua
Population : 6,08 millions
Superficie : 130 375 km²
Monnaie : cordoba
Climat : tropical humide. La saison des pluies (hiver) s’étend de mai à novembre et la saison sèche (été), de décembre à avril.
S’Y RENDRE
La compagnie Air Transat offre des vols sans escale de Montréal à Managua. Le vol dure 5 h 15 et coûte environ 700$ aller-retour.
Il est possible de se déplacer à travers le pays soit en bus local, soit en transport organisé par une agence ou un hôtel.
DES BONNES ADRESSES
Granada
Auberge El Momento – installée dans une maison coloniale, auberge propre avec plusieurs douches et casiers. 9 $ US pour un lit en dortoir ou 32 $ US pour une chambre privée pour 2 personnes (incluant le petit déjeuner).
Ometepe
Puesta del Sol – hébergement dans une famille locale. 25$ US pour le logement et 3 repas.
León
Tortuga Booluda – belle auberge, un peu à l’écart de l’action de la ville. Tranquille et propre. 8$ US la nuit pour un lit en dortoir mixte de 4 personnes.
Masatepe
Centre écotouristique La Flor del Pochote – auberge située au pied du volcan Masaya, près du village de Masatape. La cour arrière offre une vue imprenable sur le volcan Masaya et son lac, la Laguna de Masaya. Piscine et sentier pédestres à proximité.
Playa Santana
SUYO possède 6 cabanes situées à quelques mètres de la plage. Chaque cabane possède son propre hamac et vue sur la mer. Les cabanes sont munies d’électricité. Cuisine commune.
Meson Nadi est un hôtel boutique de 6 chambres avec une belle piscine au centre. Un endroit branché qui offre également un service de restauration un peu plus haut de gamme que ce qu’on retrouve ailleurs.
L’agence touristique Green Pathways offre des circuits basés sur les intérêts (ex. luxe, aventure, culture, bien-être. etc.), ainsi que des itinéraires sur mesure. Excellent service.