Le succès des parcs nationaux canadiens expliqué

L’agence fédérale Parcs Canada est plus que centenaire. En 1911, elle fut le premier service de gestion de parcs nationaux dans le monde. Depuis, elle n’a cessé de faire grossir son réseau d’espaces naturels protégés. Les parcs couvrent ainsi plus de 328 000 km de terres, représentatives de différentes régions naturelles du pays. Mais pas toutes.

Pour l’instant, 77 % d’entre elles comptent un parc, mais Parcs Canada prévoit en créer de nouveaux dans les prochaines années. Même chose pour les aires marines nationales, au nombre de 4, alors que le Canada compte 29 régions marines. Les prochains sites projetés sont le parc national Thaidene Nëné, dans les Territoires du Nord-Ouest, et l’aire marine de conservation du Détroit de Lancaster, en Arctique. Le réseau a certainement le vent en poupe.

Après des années de vaches maigres (en raison des sombres coupes budgétaires de Stephen Harper), Parcs Canada profite, de la part du gouvernement fédéral, de réinvestissements majeurs, notamment dans ses infrastructures. « Le patrimoine culturel, l’expérience du visiteur, les cours d’eau et routes dans les parcs et lieux historiques », sont particulièrement visés, selon Parcs Canada.

L’organisme fédéral est reconnu comme un chef de file mondial en matière de conservation, ayant développé des programmes très élaborés pour le maintien de l’intégrité écologique. Il fait aussi figure d’exemple en matière d’évaluation environnementale de politiques et de projets. La conservation fait en quelque sorte partie de son ADN, et la création de nouvelles aires protégées, placées sous sa gouverne, est un impératif, vu que le Canada s’est engagé à l’échelle internationale à protéger 17 % de ses terres et eaux intérieures, ainsi que 10 % de ses eaux marines d’ici 2020.

Des lieux naturels et historiques accessibles
L’« accessibilité » est un autre maître mot de Parcs Canada. En plus de la carte d’entrée Découverte gratuite en 2017 (ou plus longtemps si la demande a été faite en 2016), l’agence offrira aussi, dès 2018 et de façon permanente, l’entrée gratuite aux jeunes de moins de 18 ans. Une belle occasion de favoriser les sorties familiales en plein air !

On a par ailleurs déployé beaucoup d’efforts en 2016 pour rajeunir l’image des parcs canadiens et des lieux historiques. Ces derniers, soit dit en passant, sont des perles à découvrir, non seulement pour leur intérêt patrimonial, mais aussi parce qu’ils comportent presque toujours des sentiers sympathiques à arpenter. À Terre-Neuve, par exemple, les lieux historiques de L’Anse aux Meadows et de Port au Choix ont plusieurs sentiers vraiment intéressants en bordure de l’eau.

Des programmes innovants, comme Xplorateurs ou le Club Parka (visant les jeunes et les familles), sont à l’honneur, tout comme les activités d’initiation au camping. La multiplication des tentes oTENTik (formule prêt-à-camper) est un autre de ces développements heureux dans la gamme des hébergements dans les parcs canadiens.

Au cours des prochaines années, plusieurs projets d’amélioration des campings sont sur la table dans les parcs Terra-Nova (Terre-Neuve), des Hautes-Terres-du-Cap-Breton (Nouvelle-Écosse), Fundy (Nouveau-Brunswick), Forillon (Québec), Banff et des Lacs-Waterton (Alberta).

Côté sentiers, on prévoit mettre l’accent sur une amélioration de l’offre, particulièrement dans les parcs nationaux des Glaciers (Colombie-Britannique), de la Péninsule-Bruce (Ontario) et Terra-Nova (Terre-Neuve).

Vers des hébergements plus insolites ?
Durant l’été et l’automne 2016, Parcs Canada a mis à l’essai de nouvelles formules d’hébergement dans cinq parcs du réseau. Des Micro-cubes de 10 m2 pour deux personnes, avec aménagement contemporain, ont été installés au parc Forillon et à celui du Mont-Riding, au Manitoba. Ce dernier a testé aussi la Double-tente, pour deux personnes, avec doublure extérieure à l’épreuve des maringouins.
Le parc national des Hautes-Terres-du-Cap-Breton (Nouvelle-Écosse) a pour sa part eu droit au Cocon, un abri sphérique suspendu aux arbres près d’une plage et pouvant accueillir quatre personnes. La Goutte d’Ô, quant à elle, est encore plus originale. Testé au parc national Fundy (Nouveau-Brunswick), ce logis de 6 m2 en forme de goutte d’eau offre un canapé-lit au rez-de-chaussée et un hamac en mezzanine. Au parc national des Lacs-Waterton (Alberta), ce sont deux minimaisons sur roues, pour quatre personnes, qui ont été installées, l’une avec décor rustique, l’autre contemporain. Des tests sont actuellement effectués et peut-être verra-t-on certains de ces nouveaux « abris » fleurir dans les parcs du réseau dès l’été prochain !

Des expériences canadiennes distinctives
Parcs Canada aime bien se distinguer en mettant en valeur des activités originales, et l’avenir devrait voir celles-ci se multiplier, pour le plus grand bonheur des visiteurs. Sur son site, on y propose par exemple une randonnée au coucher du soleil sur le sentier Skyline, dans le parc national des Hautes-Terres-du-Cap-Breton. Haute en couleur, la sortie guidée de trois heures fait traverser la forêt boréale, les tourbières et les prés, où la faune est nombreuse, avant d’atteindre un promontoire offrant une vue à couper le souffle sur l’océan Atlantique, avec la côte montagneuse, les grosses vagues et, peut-être, des phoques et cétacés à voir en contrebas.

L’accent sera aussi mis sur davantage d’expériences « nordiques emblématiques ». Le réseau en compte déjà huit, mais d’autres sont en voie d’être offertes, notamment dans le parc national Auyuittuq, sur l’île de Baffin (Nunavut). Certains des parcs visés sont difficiles d’accès en raison des frais de transports très coûteux (par avion de brousse), mais quelles aventures à vivre, accompagnés de gardiens de parc souvent autochtones et inuits. Qu’il s’agisse de rando-camping au parc national Ivvavik (Yukon) ou au parc Tuktut Nogait (Territoires du Nord-Ouest), d’un trek au long cours au parc national Quttinirpaaq (Nunavut), d’une randonnée dans le parc national des Monts-Torngat (Terre-Neuve-et-Labrador), on croit rêver !
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Les joyaux canadiens du Québec
Les trois parcs nationaux du Canada dans la province sont très représentatifs de la variété de ses écosystèmes… encore que deux sur trois soient situés en bordure du golfe du Saint-Laurent, voire carrément dans le golfe pour celui de l’Archipel-de-Mingan.

Réserve de parc national de l’Archipel-de-Mingan
Bien connu des kayakistes, il s’étend sur un véritable chapelet d’îles et d’îlots granitiques (plus de 1000) sculptés par la mer, au large de la Côte-Nord. Au programme : du beau camping, y compris en tente oTENTik, neuf sentiers de rando pédestre sur cinq îles battues par le vent du large, de la plongée sous-marine… Sans oublier un petit bijou : la visite de l’île aux Perroquets, paradis des macareux moines. On peut aussi y passer la nuit, car la maison du gardien, près du phare, est devenue une superbe et chaleureuse auberge.

Parc national de la Mauricie
Parmi les amateurs de plein air, qui ne le connaît pas ? En hiver, la raquette est tout indiquée sur le sentier du Lac-Solitaire, tout comme le ski de fond sur plus de 80 km de pistes. L’été, le lac Wapizagonke est le terrain de jeu idéal pour les canoteurs, de même que le sont les parcours entre lacs et rivières – avec portage – pour les adeptes du canot-camping. En matière de randonnée, le choix est vaste, avec quatre options faciles, six de calibre intermédiaire, en plus du sentier des Deux-Criques, un des plus beaux et des plus exigeants du parc !

En prime, une activité bien originale (et gratuite) à faire en raquettes : le graphineige, mêlant sport et art éphémère. Le défi de l’activité consiste à dessiner en marchant avec ses raquettes (et équipé d’une boussole, pour diriger ses pas dans le bon angle, d’une corde ou de tout autre outil) une œuvre temporaire sur le lac Solitaire ou le lac aux Chevaux (gelés). Une fois le dessin réalisé, on monte jusqu’à un belvédère pour admirer son œuvre et la prendre en photo ! Les samedis, de janvier à la fin de mars (réservation requise).

Parc national Forillon
On espère toujours la réouverture du magnifique parc Forillon en hiver. Les mordus du ski de fond et de la raquette le fréquentent quand même, les sentiers La Vallée et Le Portage étant entretenus par une équipe de bénévoles. Celui de La Vallée compte 9 km aller-retour sur un parcours peu accidenté, longeant la rivière de l'Anse au Griffon, et Le Portage est plus « costaud », avec 20 km à parcourir !

À partir du printemps, place à la randonnée et au vélo en forêt ou au bord de l’eau, au kayak de mer, à la plongée sous-marine ou en apnée, à la planche à pagaie ou au surf cerf-volant, qui se pratique surtout au creux de la flèche de sable de Penouille, en eaux peu profondes et avec de bons vents.

Le parc profite de fonds nouveaux pour la remise en état d’infrastructures dès 2017,  notamment dans les secteurs de Cap-des-Rosiers et de Cap-aux-Os (camping, routes, passerelles, réhabilitation de Fort-Péninsule…).

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Des parcs nationaux superstars !
Partout au Canada, les parcs nationaux ont de quoi en mettre plein la vue. En voici trois à inscrire sur votre liste de sites à ne pas manquer.

Terre-Neuve-et-Labrador
Gros-Morne, le parc de la démesure géologique

Le parc national du Gros-Morne, à Terre-Neuve-et-Labrador, mérite largement son inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO. De ses montagnes sauvages à une incroyable plaine littorale, d’un fjord encaissé sculpté par les glaciers au plateau alpin du sommet des monts Long Range, il offre un condensé d’attraits géologiques expliquant, à même le paysage, la tectonique des plaques !
N’hésitez pas à suivre un guide du parc pour une rando enlevante et instructive. Par exemple, partez à la découverte, à pied et sans sentier, des Tablelands, véritable affleurement de la croûte terrestre qui a apparu à la surface de ce beau massif aride il y a 500 millions d’années ; en grimpant via une boucle exigeante de 16 km au sommet du mont Gros-Morne, avec vue spectaculaire en contrebas sur l’étang Ten Mile ; en bateau sur l’étang Western Brook, avec randonnée menant au sommet de la gorge, avec vue impressionnante sur l’enfilade de caps de cet étang longiligne ; en balade sur les hauteurs de la côte volcanique, dans le secteur des Green Gardens, entre prés verdoyants, falaises et éperons rocheux dominant le golfe du Saint-Laurent.

Nunavut
Quttinirpaaq, aux portes du pôle Nord

Le plus septentrional des parcs nationaux du Canada, sur l’île d’Ellesmere (Nunavut), est un vrai trésor, accessible pendant quelques semaines seulement (de mai à août) à coûts faramineux, à moins d’embarquer sur un bateau de croisière en Arctique qui y ferait un arrêt. J’y ai personnellement vécu parmi mes plus grands bonheurs en plein air et aussi mes plus grandes frayeurs, à traverser des torrents profonds et impétueux ou des zones de sables mouvants au pied d’un glacier, à marcher sur un sol de pierres dans des vallées sans fin comme dans de fabuleux champs de coton arctique, à observer des bœufs musqués surgis de la préhistoire, à camper à proximité d’une meute de loups arctiques… le tout au cours d’un trek mémorable de 120 km en 7 jours, au pied de la cordillère arctique, du fjord Tanquary aux confins du lac Hazen. L’expérience d’une vie !

Colombie-Britannique
Gwaii Haanas, au cœur de la culture haïda
L’ancien archipel des îles de la Reine-Charlotte, au large de la côte nord de la Colombie-Britannique, a perdu son nom, mais pas son âme ni ses beautés naturelles ! Devenu il y a quelques années réserve de parc national et site du patrimoine haïda Gwaii Hannas (« îles de beauté », en langue haïda), ce « territoire » entre terre et mer (avec quelque 1900 îles et îlots) est un lieu de découvertes naturelles et culturelles magique.
Côté nature, on est choyés sur les îles couvertes par la forêt pluviale, avec des arbres – thuyas, pruches, épinettes de Sitka – aux dimensions incroyables, qui ont échappé à la coupe grâce à l’opiniâtreté des Haïdas… On y marche sur le littoral rocheux ou sablonneux ou on grimpe sur le mont Yatza (2320 m), point culminant de la chaîne San Cristoval, qui traverse l’île Moresby de part en part. Ou on part à la découverte de sites culturels haïdas qui parsèment les îles : mâts totémiques centenaires en bois de thuya, ruines de longues maisons…
Le kayak de mer est l’activité-vedette du parc, archipel oblige ! Les eaux sont réputées pour l’observation de rorquals à bosse, d’otaries ou de dauphins. Les fonds marins sont exceptionnels pour la plongée sous-marine, et les ornithologues n’ont que l’embarras du choix, avec 1,5 million d’oiseaux de mer nichant sur le littoral, dont le macareux huppé, l’huîtrier de Bachman et le guillemot marmette.
 

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