Entre volcans et glaciers
Le problème avec les glaciers, c’est qu’ils ont tendance à fondre. Si on associe systématiquement la fonte des glaciers au réchauffement climatique, il y a d’autres facteurs qui peuvent la provoquer. Une éruption volcanique, par exemple.
Avec ses 130 volcans actifs, l’Islande est une véritable cocotte-minute. De surcroît, plusieurs de ces volcans sont coiffés d’un glacier. En cas d’éruption, une telle situation entraînerait d’office une inondation monstre. Cette menace qui plane en permanence au-dessus des Islandais ne semble pas les inquiéter outre mesure ; ils sont accoutumés à vivre sur une île où la nature est reine.
C’est d’ailleurs l’attrait de cette nature imposante qui amène les visiteurs, de plus en plus nombreux, à se rendre au pays des geysers, des trolls et des aurores boréales. Depuis 2010, le nombre de touristes y a augmenté de 20 % par année. L’Islande figure parmi les destinations les plus en vogue de la planète : on estime que 2,7 millions de personnes s’y rendront en 2017.
Cela n’est pas sans soulever des questions sur les impacts environnementaux de cet engouement. Le pays ne possède pas – encore – les infrastructures nécessaires pour accueillir tout ce beau monde. L’Islande n’est pas exactement une destination abordable non plus, ce qui pourrait en prendre plus d’un de court.
Malgré tout, l’Islande mérite d’être visitée. Sa culture – énigmatique s’il en est une – vaut la peine d’être découverte. Heureusement, il existe des façons de visiter l’Islande autrement. Loin des foules, et en réduisant au minimum son impact.
L’escale à Reykjavik
Depuis que la compagnie aérienne Icelandair offre d’ajouter sans frais à ses vols transatlantiques une escale en Islande, les courts séjours à Reykjavik gagnent en popularité.
Quelques jours suffisent pour prendre le pouls de la plus septentrionale des capitales européennes. Petite en matière de superficie, Reykjavik possède néanmoins un caractère bien à elle : une scène littéraire particulièrement prolifique, une importante culture du café, une vie nocturne plus que décente et une configuration privilégiée, notamment grâce à son accès à la mer.
Pour profiter au maximum de ses diverses attractions en peu de temps, on peut se procurer la Reykjavik City Card, une carte donnant accès gratuitement aux piscines, aux principaux musées et au transport en commun, ainsi qu’un rabais sur certains forfaits. Coût : 3500 ISK pour 24 h ; 4700 ISK pour 48 h ; 5500 ISK pour 72 h.
Inusité : le Musée national des phallus expose plus de 280 membres de mammifères d’Islande et d’ailleurs, en plus d’extraits de littérature nordique et d’œuvres d’art réunies sur un même thème. Une visite assurément divertissante, moyennant 1250 ISK.
En été, les rues de Reykjavik sont animées ; repérez la rue Laugavegur pour faire les boutiques ou prendre un verre. Comme l’alcool en Islande n’est pas donné, mieux vaut profiter du happy hour qui a lieu dans la plupart des bars entre 16 et 19 h. Au bar Lebowski, inspiré du fameux film américain, on peut savourer deux pintes de bière locale pour le prix d’une dans une atmosphère joyeuse.
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Cinq activités gratuites à Reykjavik
Pour visiter la capitale islandaise sans y laisser sa chemise, voici quelques suggestions d’activités qui ne coûtent pas un rond !
> Explorer le Musée de la photographie (au-dessus de la bibliothèque municipale).
> Visiter le centre d’art Harpa, pour son architecture et, à l’occasion, ses concerts gratuits.
> Prendre part à la Literary Reykjavik Walk, une visite littéraire à pied.
> Faire un pique-nique au bord du lac au parc Tjörnin.
> Photographier la sculpture Sólfar (le Voyageur du soleil) au coucher du soleil.
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L’Islande en autonomie
La route 1 (ou Ring Road) est la principale voie d’accès en Islande. En voiture (de location) ou en transport en commun, s’aventurer autour de l’île est la chose à faire. La presque totalité des visiteurs étrangers arrivent par avion à Reykjavik ; plus vous vous éloignerez de la capitale et plus vous serez tranquille. Aucune crainte : l’endroit est sécuritaire. Il faut compter de 7 à 10 jours pour faire le tour, et jusqu’à 14 jours en incluant des régions un peu plus éloignées de l’itinéraire, comme les fjords de l’Ouest.
En voyageant hors saison (de septembre à mai), on peut se permettre plus de liberté. Les auberges sont moins achalandées, les hôtes soufflent un peu… Autrement, il est indispensable de planifier son séjour à l’avance. En effet, à moins d’y aller en mode camping, la plupart des hébergements affichent complet en saison estivale.
De la péninsule de Snæfellsnes à la côte sud
Faire le tour de l’île dans un sens ou dans l’autre n’a pas vraiment d’importance. Direction nord, on fait d’abord escale dans la péninsule de Snæfellsnes pour visiter le parc national Snæfellsjökull. La tranquillité des villages de pêcheurs et le fracas des vagues sur les falaises escarpées incitent à la rêverie. Loin de la pollution lumineuse, c’est l’endroit idéal pour s’attarder et espérer voir le spectacle des aurores boréales… si le ciel veut bien se dégager.
De fjord en fjord, on poursuit sa route. Si on inclut les fjords de l’Ouest, la région la moins visitée du pays, on doit compter plusieurs jours pour en tirer parti. Un incontournable sur le chemin : le café Gísli, Eiríkur, Helgi, à Dalvik, et sa réconfortante soupe au poisson frais. Puis on arrive à Akureyri, deuxième agglomération d’Islande et point de départ de nombreuses excursions pour l’observation des baleines. Après un arrêt réglementaire à la divine chute Goðafoss, on atteint le lac Mývatn. Les paysages surréalistes formés par les coulées de lave nous téléportent dans la série télévisée Trône de fer ; certains épisodes y ont d’ailleurs été tournés.
Cap vers l’est et le fjord de Seyðisfjörður, puis vers le sud, à la rencontre de la plus grande calotte glaciaire d’Islande, Vatnajökull, qui couvre 16 fois la superficie de l’île de Montréal ! Un détour par le hameau de Hoffell s’impose : ici, l’accès aux sources d’eau chaude naturelles ne coûte pratiquement rien. Il faut y aller tôt le matin, alors que l’eau vient d’être nettoyée et que les autres visiteurs dorment encore.
On rejoint tranquillement les endroits les plus prisés des touristes, dont le fameux lac proglaciaire Jökulsárlón : sa plage de sable noir parsemée de blocs de glace rappelant des diamants est photogénique, mais très achalandée. Non loin de là, on traverse le charmant village Vik et on revient tranquillement vers Reykjavik, en faisant un détour par le Cercle d’or, soit le fameux trajet reliant les trois sites les plus fréquentés d’Islande : Geysir, qui a donné son nom au phénomène des geysers, la double cascade de Gullfoss, puis le parc national de Þingvellir, où a été fondé le premier parlement islandais… en l’an 930.
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Petit guide du touriste exemplaire
Chacun peut, à sa façon, éviter de contribuer aux effets dévastateurs du tourisme de masse. Voici quelques gestes qui feront une grande différence.
> Optez pour une agence locale ou une auberge indépendante plutôt que pour les grandes chaînes.
> Évitez de consommer les espèces animales menacées (ex. : baleine et macareux).
> Dans la nature, respectez la règle de base selon laquelle vous rapporterez tout ce que vous aurez apporté. Même les matières compostables comme le papier de toilette, les sachets de thé et les trognons de pommes peuvent prendre jusqu’à plusieurs mois à se décomposer.
> En voiture, ne roulez jamais hors des routes.
> Privilégiez les produits locaux et optez pour des souvenirs fabriqués en Islande.
> Prenez une douche avant de plonger dans les bains chauds. En Islande, c’est primordial ! Dans certains endroits, il y a même un surveillant qui s’assure que tout le monde a bien pris une douche sans maillot de bain avant de pénétrer dans l’eau. À Rome, on fait comme les Romains !
> Respectez la propreté générale des lieux.
> Si vous campez, utilisez les endroits aménagés à cet effet. Les campings sont nombreux et ont des douches chaudes à la disposition des campeurs.
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L’hiver islandais
Une option pour éviter l’affluence touristique consiste à visiter l’Islande en hiver. Certaines activités très prisées comme l’observation des aurores boréales ou les excursions sur glacier, notamment, ne sont possibles qu’en hiver. En saison froide, les routes sont moins fréquentées, et les hébergements, moins saturés. Plus de liberté pour le voyageur !
Étant gelé six mois par année, le lac Mývatn, dans le nord du pays, est le terrain de jeu idéal pour les visiteurs hivernaux. On peut y faire du ski de fond, de la motoneige, de l’équitation et, depuis l’an dernier, du traîneau à chiens. Demande oblige… Cela ne fait pas partie des traditions islandaises, mais qu’à cela ne tienne ! Le lac Mývatn est quand même un endroit privilégié pour essayer le traîneau à chiens pour la première fois. Pour y organiser ses aventures, on peut faire appel aux guides de l’agence Hike & Bike, directement sur place.
Le trek Laugavegur
Beau temps, mauvais temps, des dizaines de randonneurs parcourent chaque jour le sentier reliant les sources d’eau chaude de Landmannalaugar à la vallée glaciaire de Þorsmörk. Longue de 55 km, la randonnée la plus populaire d’Islande attire énormément de marcheurs. Et pour cause : en quatre à six jours, le trajet rejoint toute une variété de paysages et d’éléments géographiques incomparables. Impossible de s’ennuyer : des sols volcaniques aux falaises de rhyolite en passant par les canyons profonds et les innombrables chutes d’eau, il y a là de quoi impressionner même le plus blasé des randonneurs.
D’une beauté inouïe, le chemin Laugavegur – qui signifie « route des sources d’eau chaude » en islandais – n’était autrefois emprunté que par les Islandais. Aujourd’hui, ce sont surtout des pieds étrangers qui en foulent le sol. En haute saison, les camps prennent davantage des allures de Woodstock que d’Into the Wild. Les amoureux de grands espaces et de solitude pourraient ainsi être tentés de l’éviter. Or, ce serait se priver d’une occasion de plonger véritablement dans la nature sauvage islandaise.
Il est aussi possible de faire appel à un guide local pour effectuer une partie du trajet en hors-piste. La compagnie familiale Fjallabak, qui porte bien son nom (« Fjallabak » veut dire « derrière les montagnes »), propose un circuit unique. Accompagné d’un guide de haute montagne, le groupe fait son propre chemin, sans croiser âme qui vive pendant des jours. De refuge en refuge, les bagages sont transportés, de sorte que vous n’avez à vous soucier que de vos vêtements et de vos collations pour la journée.
Début septembre, en pleine fin de saison touristique, on nous a déposés près du volcan Hella, soit à 140 km à vol d’oiseau de Reykjavik. Les sentiers sont moins fréquentés qu’en été, mais Dame Nature peut également se montrer capricieuse. Ici, pas d’été indien. La tuque, les gants et la doudoune en duvet sont de mise.
Chaque matin pendant six jours, après un petit-déjeuner autour de la longue table réunissant ce qui semble une famille de grands enfants, nous attaquons la route tracée par notre guide francophone. GPS à la main, celui-ci nous indique le chemin. Il ne nous reste qu’à ouvrir grands les yeux.
Le terrain varie d’une vallée à une autre, d’un passage de col au prochain. Des cendres volcaniques drôlement molles à la mousse vert lime qui s’enfonce sous chacun de nos pas, de la glace au sable noir à la route en terre battue, le parcours est loin d’être monotone. Le décor est quant à lui tout aussi changeant. Au détour d’une colline, ici un glacier, ici un immense rocher dont la forme rappelle un casque de Viking, ici un canyon grandiose. De temps en temps, on est appelés à enfiler nos sandales pour traverser un ruisseau.
Ce jour-là, on s’arrête pour pique-niquer au bord d’une chute à paliers. Le soleil décide au même moment de se montrer le bout du nez. D’un commun accord, on décide d’en profiter. On enlève nos bottes de marche ! Ni un moustique ni une fourmi ne viendra interrompre notre sieste dans l’herbe. C’est le bonheur !
Au fil des jours, l’appréhension fait place à une franche camaraderie au sein du groupe. Des liens se tissent – même les plus solitaires y trouvent leur place. Les randonneurs expérimentés côtoient ceux qui ont acheté leur paire de bottes la semaine précédente. Le groupe avance d’un bon pas.
Le trek Laugavegur traditionnel fait 55 km ; nous en aurons parcouru plus de 80, dont les 60 premiers sans croiser qui que ce soit. La nuit, les températures chutent, même l’été. Il faut prévoir des vêtements en conséquence. Heureusement, nous sommes au chaud dans les refuges !
Les journées de marche se terminent impérativement par un apéro. Grâce au service d’accompagnement, nul besoin de sacrifier son plaisir de la bonne chère au profit des mets lyophilisés. Au menu, des spécialités locales : saumon sauvage, gigot d’agneau, morue, skyr… On peut même se permettre d’apporter quelques bouteilles de vin, puisqu’elles sont transportées pour nous. La grande classe !
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Trois sorties d’un jour
Si la longue randonnée n’est pas votre truc, voici quelques solutions de rechange qui vous permettront de sortir au grand air et de rentrer le jour même.
Croisière d’observation des baleines (en saison)
Les eaux au large de l’Islande grouillent de vie et on peut y apercevoir des baleines à bosses à profusion. La compagnie Elding Adventure at Sea (www.elding.is) offre des croisières d’observation des baleines (et des macareux), garanties à 99 %. La croisière dure trois heures et si, par malheur, les baleines sont timides ce jour-là, on vous donne la possibilité de revenir un autre jour, et ce, gratuitement. Au départ d’Akureyri ou de Reykjavik.
Exploration d’un glacier (à l’année)
Les glaciers recouvrent 11 % de la surface de l’Islande. Pourquoi ne pas pousser l’aventure un peu plus loin et prendre part à une excursion guidée sur un glacier ? Asgard Beyond (asgardbeyond.com) offre des sorties d’une journée au glacier Sólheimajökull et fournit le transport, l’équipement et le guide. Ne reste qu’à relever le défi avec courage !
Découverte des environs du lac Mývatn
Après avoir vu des milliers de chevaux au bord de la route lors de vos déplacements, gageons que vous aurez envie de faire plus ample connaissance avec eux. Au lac Mývatn, l’entreprise familiale Safari Hestar, située juste en face des pseudo-cratères, suggère des promenades à cheval (une ou deux heures). L’agence Hike & Bike offre également des visites guidées sur mesure dans les environs, à vélo ou à bord de leur super-jeep qui peut vous mener loin !
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REPÈRES
S’Y RENDRE
Depuis 2016, deux compagnies aériennes assurent la liaison Montréal-Reykjavik : Icelandair (www.icelandair.ca) et Wow Air (www.wowair.ca).
À noter que la compagnie à bas prix Wow Air, qui affiche souvent des rabais en plus, demande toutefois un supplément de 60 $ par segment de vol, pour l’enregistrement des bagages… ce qui n’empêche pas de pouvoir se rendre à Reykjavik pour moins de 400 $ aller-retour, tout inclus. Autrement, les prix varient entre 600 $ et 900 $ aller-retour. Le vol dure environ cinq heures.
L’Islande a obtenu son indépendance totale du Danemark en 1944.
Population : environ 330 000 habitants
Superficie : 103 125 km2
Capitale (et plus grande ville) : Reykjavik
Monnaie : couronne islandaise (ISK)
Climat : océanique tempéré ; températures moyennes de 10 oC en juillet et de 0 oC en janvier.
BON À SAVOIR
> Pour un séjour de moins de trois mois, les Canadiens n’ont pas besoin d’un visa pour visiter l’Islande.
> Le transport en commun autour de l’île est limité durant l’hiver.
> Même en plein été, il peut faire froid. Il faut donc se préparer au pire (oui, vous aurez peut-être besoin de votre tuque).
> Les voyageurs et randonneurs indépendants peuvent enregistrer leur itinéraire de voyage en ligne au www.safetravel.is.
> Le paiement par carte de crédit est très répandu sur l’île.
> On peut faire le trek Laugavegur de façon indépendante ou s’adresser à la compagnie Fjallabak (www.fjallabak.is/fr) pour un circuit hors des sentiers battus.