Toutes voiles dehors

Ville-Marie«Géomorphologiquement» parlant, le lac Témiscamingue est le résultat d’un fractionnement des plaques, opéré par la dernière déglaciation, et de la formation d’une grande faille où l’eau s’est frayé un chemin. Esthétiquement parlant, c’est un vaste et superbe plan d’eau oblong, bordé de falaises abruptes, qui prend, par moments, des allures de fjord. Cette «mer intérieure» de plus de 100 km de longueur, qui marque la frontière naturelle avec l’Ontario, est le prolongement de la rivière des Outaouais. La navigation y est assez aisée, même avec un vent qui peut venir du nord ou du sud. La marina de Ville-Marie est la seule en pleine croissance de cette région; certains plaisanciers peuvent embarquer des amoureux de la voile pour de petites sorties improvisées et gracieuses; il ne faut pas hésiter à se renseigner à la marina.

En cette belle journée d’été, nous larguons les voiles sur le monocoque Djinn Tonic de Daniel Desjardins, directeur du Centre plein air Mont-Kanasuta, une belle station de 11 pistes à la porte de Rouyn-Noranda, en Abitibi. Le temps est beau, un léger vent sud-sud-ouest nous ouvre la voie vers Devil Rock, côté ontarien, une grotte exiguë à laquelle on accède directement du bateau. Daniel est intarissable sur le bonheur de naviguer sur ces eaux calmes mais ô combien propices à l’émerveillement.
En milieu de journée, nous amarrons sur l’île Mann, une île sauvage où la petite communauté de «voileux» de Ville-Marie a l’habitude d’accoster pour un pique-nique. Daniel évoque Stéphane Belliard, un fou de voile originaire de Val-d’or, parti un beau matin avec sa blonde Brigitte pour une traversée de 10 mois entre le Canada et les Bahamas sur un voilier de 30 pieds. De cette aventure audacieuse, Stéphane a signé À la poursuite de la liberté, un récit de voyage où il est question d’aventure, mais aussi de réflexion sur la vie, sur l’amitié et sur le bonheur.

En cette fin de journée, alors que le soleil nous offre la spectaculaire séance de son coucher, nous rentrons au port, essoufflés par la brise et vaguement grisés par des envies de grand large.

REPÈRE

La voie navigable de la rivière des Outaouais offre 1300 km de routes fluviales accessibles par bateau de plaisance (32 pieds maximum). Carte et information sont disponibles dans toutes les marinas du Témiscamingue, notamment à la marina de Ville-Marie. Un service de vidange et d’essence y est offert. Info: 819 629-2881
Comment s’y rendre
Ville-Marie est accessible par la route 101, au sud de Notre-Dame-du-Nord.

Le chevalier de Troyes sur le Témiscamingue Il est déjà emprunté par les navigateurs du XVIIe siècle, ce vaste plan d’eau relié au bassin hydrographique de la rivière des Outaouais. Au tout début de ce siècle, Champlain y aurait accosté lors d’une de ses expéditions. Il est ensuite utilisé comme voie d’accès à la baie James et à ses postes de traite établis par les Français. En 1686, le chevalier Pierre de Troyes y fait une halte avant d’aller bouter les Anglais hors de la baie d’Hudson lors d’une célèbre expédition financée par la Compagnie du Nord.

La colonisation de Ville-Marie
La plus ancienne localité du Témiscamingue a été créée en 1881 par les missionnaires oblats. Les premiers occupants de la région arrivent vers 1836 pour exploiter la forêt. Entre 1860 et 1870, la région se peuple peu à peu; les Algonquins de même que les employés de la Compagnie de la baie d’Hudson sont déjà sur place. Mais c’est au milieu des années 1860 qu’un mouvement de «colonisation volontaire» prend forme sous l’impulsion des oblats pour amorcer l’intensive exploitation minière de la région. La Maison du Frère-Moffet, un des religieux très impliqué dans le développement agricole des alentours du lac, retrace l’histoire de ce pays du bout du monde. Info: 819 629-3534, 819 629-3533 ou www.maisondufreremoffet.com

Nos trouvailles

Auberge Chez Eugène
8, rue Notre-Dame Nord, Ville-Marie
819 622-2223 ou www.chezeugene.com
Cette maison d’allure victorienne abrite quelques chambres très confortables et un loft situé au dernier étage, pouvant loger quatre personnes (avec cuisinette, salon et salle de bain). Un menu bistrot apprête divinement les spécialités du terroir.

Chocolats Martine
5, rue Sainte-Anne Ouest, Ville-Marie
819 622-0146 ou www.chocolatmartine.com
Avis aux becs sucrés: cette chocolaterie a mérité, au fil des années, plusieurs prix pour la qualité de ses produits. Au programme: bouchées de chocolat belge à la noisette, à la crème d’érable ou à la truffe. Visite guidée toute l’année sur réservation.

Salle Augustin-Chénier
42, rue Sainte-Anne, Ville-Marie
819 622-1362 ou www.salle.augustinchenier.net
Dans cette vaste demeure sont présentées diverses expositions artistiques et historiques. La programmation est composée d’œuvres d’artistes locaux mais aussi internationaux.

AgendaLa Foire gourmande
Du 15 au 17 août à Ville-Marie
Une fin de semaine de dégustations en tous genres sous chapiteau: vins, portos, fromages, chocolats, nougats et produits bio. Info: 819 622-0199 ou
www.foiregourmande.ca