La tentation de la tente trois saisons
Vous cherchez une tente et vos attentes sont élevées? Qu’à cela ne tienne : notre expert vous dévoile toutes ses ficelles pour dégoter le bon modèle qui vous accompagnera du printemps à l’automne.
Qu’attend-on d’une tente? Qu’elle nous protège des intempéries, du soleil, du vent, des moustiques et des yeux indécents des voisins – si voisins il y a. Mais toute tente digne de ce nom se doit aussi d’être portative, légère et peu volumineuse, sans pour autant grever le budget du campeur.
Si l’idéal est de posséder plusieurs tentes, chacune adaptée à un type de sortie, le campeur moyen ne peut se permettre un tel luxe. La solution? Une tente trois saisons pour deux ou trois personnes, assez légère pour faire de la rando, mais assez spacieuse et robuste pour s’adonner au canot-camping. Voici quelques outils pour vous aiguiller sur la bonne voie.
Critères de base
Pour choisir une tente, le type d’activité pratiquée est le principal facteur à considérer, car il implique qu’on s’intéresse à des caractéristiques comme la masse, le volume, la résistance au vent et les saisons durant lesquelles elle sera utilisée. Il faut aussi savoir qu’une tente trois saisons est en fait une tente d’été qu’on peut utiliser en début et en fin de saison, selon sa robustesse et son degré de ventilation. Les tentes qui disposent d’un habitacle tout en filet sont géniales durant les canicules de juillet, mais elles deviennent un peu frisquettes dans la brise glaciale d’octobre.
Il faut ensuite prendre en compte le nombre de personnes qui pourront y dormir, ce qui est toutefois un critère relatif, car si une tente solo est effectivement conçue pour une seule personne, une tente pour deux peut être trop étroite pour deux gars pas si intimes ou même pour un couple d’amoureux coincés à l’intérieur par deux jours de tempête.
Vient ensuite le prix. En obtient-on généralement pour son argent? Généralement, oui. D’une part, le prix augmente quand la masse diminue et que les matériaux deviennent plus performants ou que le volume augmente; d’autre part, le prix élevé d’une tente se justifie autant par la nouveauté du produit que par la nécessité de payer des années en recherche et développement. Pour s’en convaincre, il suffit de comparer une McKinley Katmai 2, à 180 $, et une Easton Kilo 2, à 400 $…
Mais encore?
Une tente a beau être présentée comme étant pour deux ou trois personnes, on n’a qu’une vague idée de son espace habitable, puisqu’il faut également tenir compte de la taille et de la forme du plancher. Un plancher rectangulaire offre plus d’espace aux pieds pour ranger du matériel, tout en permettant de placer la tête ou les pieds à une extrémité ou l’autre, alors qu’un plancher trapézoïdal contribue à minimiser la masse totale de la tente.
La hauteur maximale ajoute à la superficie de l’espace habitable, surtout si elle est portée sur une grande surface. En ce sens, des murs verticaux sont à envisager, surtout quand on sait qu’ils diminuent les risques que le campeur se frotte contre les parois latérales, souvent humides, de la tente.
Le nombre de vestibules, leur taille et leur forme contribuent aussi à influencer l’espace habitable. Pouvoir ranger son sac à dos et ses bottes souillées à l’abri est un réel avantage, sans compter qu’un vestibule favorise des entrées et sorties à sec, lorsqu’il pleut des cordes.
Si le nombre de portes, leur taille et leur forme ne changent rien à l’espace habitable, leur présente influence son utilisation. Une seule porte située à l’extrémité longitudinale permet de réduire le poids de la tente, mais demeure peu commode. Une grande porte s’étendant sur tout le côté est plus conviviale, alors que deux grandes portes latérales, chacune étant protégée par un vestibule, atteignent le summum de l’aisance et du confort.
Un puits d’aération permet, dans certains cas, une meilleure ventilation tout en conservant
les qualités étanches du double-toit
Les moyeux d’aluminium ou de plastique facilitent l’assemblage
et augmentent la rigidité de l’ensemble.
Choix de piquets, de gauche à droite: rond traditionnel,
3 modèles en Y ou T, et enfin en U pour la neige ou le sable.
La masse
Grandement dépendante du nombre et du type d’arceaux ainsi que du type de tissu utilisé pour le double toit et l’habitacle, la masse de la tente varie aussi en fonction des accessoires, comme les piquets, les cordes d’ancrage et leurs tendeurs, la conception de l’ensemble (nombre de portes et de vestibules, par exemple), la toile de fond, les fermetures éclair… Tout le monde veut la tente la plus légère qui soit et la moins volumineuse. Les compromis à faire ont cependant tout à voir avec la rigidité de la structure, la résistance à l’abrasion et aux déchirures des tissus, l’espace habitable et… le prix!
Malheureusement, aucune convention ne gère le vocabulaire employé par les manufacturiers. Ainsi, la masse minimale d’une tente peut viser celle de l’habitacle, du double toit et des arceaux, alors que dans d’autres cas, elle ne tient compte que du double toit, d’une toile de fond et des arceaux – l’équivalent de dormir sous une bâche avec une toile posée par terre, sans protection contre les insectes…
De façon plus réaliste, la masse de la tente inclut le sac de transport, l’habitacle, le double toit, les arceaux ainsi que quelques piquets et cordes d’ancrage. Quant à la masse maximale, elle comprend tout ce qui précède, mais aussi tous les piquets et cordes, parfois même un nécessaire de réparation et un manuel d’instruction…
La structure
Si on fabrique encore des tentes tunnel pour les mordus de la légèreté à tout prix, les tentes autoportantes demeurent, de loin, les plus populaires. Rien de surprenant: certaines de ces tentes sont plus légères que leurs cousines de type tunnel… Une tente autoportante peut être facilement installée sur des surfaces dures comme le roc, mais surtout, elle peut être déplacée et soulevée, une fois montée et toutes portes ouvertes, afin de faire sortir débris et détritus, avant de replier le tout.
Cela dit, une autoportante doit être ancrée au sol à l’aide de piquets ou de cordes attachés à une base fixe, pour éviter qu’elle ne s’envole au moindre coup de vent. De la sorte, on peut aussi tenir le double toit en retrait de l’habitacle, pour les jours de pluie. Toutefois, certaines autoportantes nécessitent quelques piquets pour assurer une tenue adéquate de l’ensemble. Le double toit de la Big Agnes Seedhouse SL2 doit ainsi être bien tendu, tandis que la MSR Nook a besoin d’un bâton de marche pour être totalement autoportante. À vérifier! Enfin, plus une tente compte d’arceaux, plus elle est rigide… et lourde.
Les arceaux
La grande majorité des arceaux sont faits d’aluminium, mais ne s’équivalent pas pour autant. L’épaisseur des murs, la qualité des manchons, la flexibilité variable, l’alliage employé et même la technologie utilisée pour anodiser influencent le prix, la robustesse et la masse des arceaux.
Dans ce domaine, le carbone commence à poindre le bout de son nez noir; c’est par exemple le cas de la Carbon Reflex 2, de MSR, et de la Kilo 2P, d’Easton. Par contre, on est en droit de se demander si le gain en légèreté, lorsque gain il y a, en vaut alors vraiment le prix, et quel en est l’impact sur les qualités mécaniques de l’arceau, en flexion.
Depuis longtemps, des manchons en tissu, dans lesquels les arceaux sont insérés, servent à unir l’armature à l’habitacle. Si la tension est ainsi mieux répartie sur le tissu, la ventilation entre le double toit et l’habitacle peut en souffrir; d’où la présence de manchons en filet, parfois.
Plus populaires, les crochets de plastique ne restreignent pas la ventilation, ou si peu. S’ils sont nombreux et que les points d’ancrage sont bien solidifiés, le stress demeurera bien réparti sur la tente, son assemblage en sera facilité, et sa masse, réduite. Mais il faudra s’assurer que les crochets s’emboîtent facilement sur le corps de l’arceau, car certains d’entre eux sont difficiles à manipuler avec des gants ou lorsqu’il fait froid.
Parlant de facilité d’assemblage, moins il y a d’arceaux, plus la tente est facile à assembler. C’est ainsi que sont récemment apparus des moyeux d’aluminium ou de plastique servant à préassembler les arceaux; de la sorte, on augmente non seulement la rapidité de l’assemblage, mais aussi la rigidité de la structure. Du deux en un!
Le double toit et l’habitacle : tissus et enduits
Dans la fabrication des tentes, le nylon et le polyester sont les deux matériaux les plus populaires. Bien que tous deux soient très performants, le nylon a une plus grande résistance à l’abrasion, mais le polyester a moins tendance à absorber l’eau et, surtout, à se dégrader sous l’action prolongée des rayons ultraviolets. Le tissage joue un grand rôle dans la performance du tissu. Le denier est une mesure de masse, mais il est plus souvent associé à l’épaisseur du tissage; ainsi, un tissu de 40 deniers sera plus épais et plus fort qu’un tissu de 30 deniers de même nature. Un tissage antidéchirure présentera un treillis de carrés délimités par des fils plus robustes, ce qui permettra de diminuer le denier et de garder jusqu’à un certain point la même résistance mécanique du tissu.
Ensuite, les enduits de polyuréthane et de polyéthylène imperméabilisent ces tissus, tout comme le silicone, qui contribue au surplus à solidifier l’ensemble. Des inhibiteurs UV sont également ajoutés au double toit, pour le protéger des rayons solaires. Enfin, la capacité imperméabilisante des enduits est mesurée grâce au test de la colonne d’eau, soit de 1500 à 10 000 mm de colonne d’eau. Ainsi, un plancher sera généralement fabriqué en nylon de fort denier avec un enduit de polyuréthane d’un minimum de 2500 mm, alors que le double toit sera souvent fait de polyester enduit de silicone et de polyuréthane, avec une imperméabilité un peu moindre (autour de 1500 mm et plus).
Repères
MEC www.mec.ca
MSR www.cascadedesigns.com/msr
Big Agnes www.bigagnes.com
EASTON www.eastonmountainproducts.com
THE NORTH FACE www.thenorthface.com
MARMOT www.marmot.com
Mountain Hardwear www.mountainhardwear.com
BLACK DIAMOND www.blackdiamondequipment.com
McKinley www.atmosphere.ca
* Nous tenons à remercier Mathieu Péloquin, acheteur à la boutique Atmosphère de Sherbrooke, ainsi que Noémi Labelle et Léo Viger Bernard, de Mountain Equipment Co-op, pour leur collaboration.