Chronique en pays de Loire // Quand on prend le parti de l’art et du vélo, on ne peut pas se tromper!
Ça sonnerait presque comme un slogan politique pour des élections municipales, d’autant que l’ancien maire de Nantes, Jean-Marc Ayrault (aujourd’hui le premier ministre du pays) est à l’origine de ce virage à la fois culturel et vert de la ville.
«Quand Jean-Marc Ayrault arrive à la mairie, il découvre une ville endormie et vaguement désespérée d’avoir perdu ses chantiers navals», m’explique Jean Blaise, directeur du Voyage à Nantes et figure incontournable du développement culturel de la ville*.
Le Voyage à Nantes, c’est une formidable idée qui a germé dans l’esprit de ce créatif allumé: amener le visiteur à suivre une ligne verte au sol, à pied ou à vélo, pour aller à la rencontre d’installations artistiques, d’expositions ou de lieux propices aux échanges. C’est l’inusité et l’exploration à la portée des pas, c’est une invitation à voir la ville autrement, à un autre rythme, pour d’autres raisons. «C’est aussi une façon d’encourager les artistes émergents d’ici et d’ailleurs, avec l’art de rue, l’underground, mais aussi avec des lieux plus conventionnels comme les musées ou les châteaux, explique Jean Blaise. C’est surtout l’objectif d’unir deux impératifs: le tourisme et la culture.» Mais une culture de la rue, qui ne lève jamais le nez, et qui flirte bien souvent avec l’humour et l’inattendu.
Foi de cyclotouriste, les petits 15 km du parcours, semés à chaque coin de rue d’irrésistibles curiosités (œuvres architecturales, sculptures déroutantes, parcs urbains avec arbres fruitiers, etc.) vous prendra 3 jours si vous vous arrêtez à chacune d’elles. Comme au Nid, un lieu de rencontre installé dans une réserve d’eau (la Tour Bretagne), l’unique tour de la ville que l’artiste Jean Jullien a transformé en un nid invitant où on peut prendre un verre en voyant Nantes des hauteurs, comme si on la survolait.
Arrêt obligatoire aussi à la Cantine du Voyage, un lieu de restauration original, vitrine de l’agriculture locale, convivial, chaleureux et ludique. On y joue au babyfoot ou à la pétanque dans un décor loufoque.
Aujourd’hui, Nantes encaisse 50 millions d’euros de revenus annuels liés au tourisme culturel, et prouve, aux détracteurs du début, que l’art accessible à tous profite à tous. Un projet de bateau de croisière capoté pour traverser la Loire est à l’étude dans une agence londonienne… Des rumeurs de camping urbain circulent ça et là. Bref on n’a pas fini d’apprêter la ville, et ses services, à la sauce artistique. Et l’écologie dans tout ça? Je vous en cause très prochainement!
Le Voyage à Nantes : www.levoyageanantes.fr.
• Il a fondé le Festival des Allumées, la Maison de la culture, la première Nuit blanche à Paris, et contribue à presque tous les grands événements culturels locaux.