La domestication de la nature

Photo:  Nathalie Schneider

Aménager pour le plus grand nombre.
Certains parcs du Québec sont-ils un peu trop faciles d’accès, trop aménagés, trop fréquentés, pas assez sauvages et trop pourvus de passerelles et pontons de bois? C’est possible. Il est vrai que la population urbaine augmente et se densifie, augmentant l’achalandage dans certains parcs. «Pour inciter le commun des pleinairistes à fréquenter les parcs et à y revenir, il faut un minimum d’aménagements, sinon on le perdra pour longtemps, estime Daniel Pouplot, président-directeur général de la Fédération québécoise de la marche. Et puis les Québécois ont beaucoup voyagé et vu ce qui se fait ailleurs; ils s’attendent donc à un minimum de qualité chez eux.»

Selon Martin Soucy, vice-président à l’exploitation à la Sépaq, les parcs nationaux sont encore jeunes et n’ont pas atteint leur plein potentiel. «Les images promotionnelles qu’on véhicule sont souvent celles qui montrent une nature accessible, celles que nous utilisons pour attirer monsieur et madame Tout-le-Monde, dit-il. Mais en réalité, nos parcs sont incroyablement diversifiés et on y trouve de tout pour tous les goûts. Le hic, c’est que leurs côtés plus sauvages et isolés sont souvent méconnus et peu publicisés», explique le gestionnaire.

Du reste, un minimum d’aménagements dans les parcs ne déplaît certainement pas à Kéroul, cet organisme québécois qui promeut l’accessibilité aux personnes à mobilité réduite. «Outre les personnes souffrant d’un handicap physique, la population en général est vieillissante, indique Lyne Ménard, directrice adjointe de l’organisme. Et ce qu’on demande pour eux sert aussi aux adeptes de voyages multigénérationnels, en pleine croissance, où tant le grand-père vieillissant que son petit-fils en poussette peuvent en profiter.»