La fin

Ce que je croyais
Nous voilà autour du feu, notre dernière soirée en équipe à festoyer, manger un dernier repas Happy Yak, jouer de la guitare, se raconter nos souvenirs d’expédition, tout en procédant au rituel de la totémisation de chacun. Bref, une belle soirée qui dure jusqu’aux petites heures du matin.

Quelques instants plus tard, déjà, nous ouvrons l’œil, il fait encore noir. Nous sommes à la fois fébriles et nostalgiques, car tout ce que nous faisons, nous le faisons pour la dernière fois. On sent un excès d’enthousiasme, alors que nous pagayons nos derniers kilomètres pour finalement entendre le son de nos canots frotter le fond du fleuve, alors que nous terminons notre odyssée de 6 mois.

Cigares, scotch, discours et cris de victoires, mission accomplie!

Des dizaines de personnes sont venues assister à cette arrivée qui frappe l’imaginaire. Nous nous serrons dans nos bras en versant quelques larmes que nous ne pouvons contenir. Magique.

Ce qui est réellement arrivé…
Nous arrêtons diner à Tsiigehtchic, le plan est de questionner les employés du traversier afin de connaitre l’état du petit chenal menant à Inuvik. Il fait froid, c’est humide et une couche de neige recouvre le sol. Les gens du village, surpris, nous disent ne jamais avoir vu de canoteurs aussi tardivement sur les eaux avoisinantes. Les nouvelles sont mauvaises, le chenal est gelé et les autorités nous recommandent fortement de ne pas mettre notre sécurité en danger en poursuivant notre expédition.

Nous sommes à seulement 100 km, 1 journée et demi de canot, et c’est ainsi que notre épopée se termine. Une fin au mouillage, surprenante et surtout imprévisible. Aucune larme, aucun cri de joie. Nous sommes figés. On se sert dans nos bras de façon mécanique et sans chaleur. On essaie de se convaincre que ce n’est pas si grave, qu’on est heureux de notre accomplissement, mais on ne le ressent pas encore.

Après quelques minutes, les émotions reviennent graduellement. Un sentiment de fierté nous frappe de plein fouet à la lecture des centaines de messages de félicitations des gens qui se disent inspirés par notre exploit et nos proches, un peu dépassés par le défi que nous venons de relever.

Après tout, c’est 175 jours d’expédition, 7 000 km, 117 portages et 13 ravitaillements, la réalisation d’un rêve…

Aujourd’hui, nous revenons au Québec, tous ensemble et fiers de nous et de ce que nous avons accompli.

Merci à Géo Plein Air d’être un partenaire aussi incroyable et à tous d’avoir suivi l’aventure!