La simplicité en l’histoire

«Je suis un aventurier de l’Histoire, confé́rencier, auteur et spécialiste en reconstitutions historiques, dont celle de la sé́rie té́lé́visée d’aventure La ruée vers l’or, à TVA. Je suis aussi ambassadeur de Chlorophylle et j’œuvre comme motivateur auprè̀s d’organismes et d’é́tablissements scolaires. J’ai publié quatre ouvrages chez Bertrand Dumont éditeur:
En route vers l’Alaska; 16 pays, 3 mois,1 sou; Sur les traces des Chevaliers de Malte; et La ruée vers l’or. Je partage mon temps entre ma “cabane au Canada” et Montré́al.»
www.billyrioux.com

Mon toit est une cabane en bois équarri, construite comme au XIXe siècle, que j’ai bâtie de mes propres mains, à la hache et au godendard. Il n’y a ni eau courante ni raccordement électrique. Je porte des vêtements d’inspiration victorienne ou napoléonienne, fabriqués par une entreprise québécoise de plein air, qui minimise les impacts environnementaux. Je forge mes propres clous, je pratique les techniques ancestrales, j’étudie et expérimente l’Histoire.

Vous croyez que j’ai choisi de vivre dans la grosse misère? J’ai plutôt choisi le confort ancestral, choisi d’apprendre à me débrouiller et à patienter. Car c’est un véritable choix: je vis ainsi, simplement, pour mieux me définir, mieux me connaître et mieux accéder à mon bonheur. Dans ma cabane, je suis à la recherche de mon être, sans trébucher sur mes avoirs. Quand je pars à l’aventure, je le fais dans ce même esprit.

Si ma traversée sur le pouce du continent nord-américain se fit de manière moderne, elle s’est surtout effectuée dans un certain dénuement (je suis parti avec 800 $, j’en ai gagné 4000 autres pour de menus travaux). Je cherchais déjà la simplicité et une nouvelle forme de liberté. Par la suite, en parcourant 16 pays d’Europe comme l’ont fait les pèlerins médiévaux, en 3 mois et sans 1 sou, les prémisses de reconstitutions historiques se sont fait sentir. L’année d’après, je me suis nourri et vêtu à la mode des chercheurs d’or de 1898, en recréant fidèlement la ruée vers l’or du Yukon, à pied sur la Chilkoot Trail et en radeau sur le fleuve Yukon. Mais c’est finalement en marchant sur les traces des Chevaliers de Malte, vêtu comme eux d’une aube, que j’ai le plus éprouvé l’humilité et vécu la fraternité, sur les 1600 km de mon périple entre les Alpes et Jérusalem.

Dans ma philosophie de vie, l’aventure ne doit pas être associée à la conquête de la prospérité financière, mais plutôt à la liberté et à la recherche d’humilité; c’est ce qui m’a amené à recréer des aventures du passé. En m’intéressant à l’Histoire, j’ai découvert que mes ancêtres étaient patients, qu’ils se dé­brouillaient avec leurs maigres possessions et qu’ils avaient érigé la fraternité en système. Je trouve personnellement que ces valeurs sont peu valorisées dans notre société. C’est pourquoi je me plonge dans le passé pour me ramener à l’essentiel. Celui-ci me murmure: «Billy, oublie tous ces gadgets, ils ne font que retenir tes rêves et favoriser ton individualisme; écoute plutôt ton cœur, c’est tout ce dont tu as besoin.»

Avant d’entreprendre mes aventures, j’étais un jeune rêveur, bourré d’illusions aussi belles les unes que les autres. J’observais les aventuriers, je lisais leurs écrits. Mais à travers leurs textes, je ne ressentais pas leurs émotions. Je les sentais distants, encore là-bas, dans une contrée lointaine, dans une grande solitude. Bien des fois, il me semblait que le fruit de leurs efforts était la recherche d’un financement. C’est pour cette raison que j’avais l’impression qu’ils conservaient une certaine distance avec l’expérience elle-même. Ils m’inspiraient, je voulais suivre leurs traces, mais je voulais aussi vivre différemment. Et c’est dans l’Histoire que j’ai trouvé ce qu’il me manquait.
Après toutes mes expériences, je sais maintenant à quel point j’ai
besoin de me dépasser, à quel point je veux vivre ma vie. Non pas dans l’opulence, mais dans la simplicité… inspirée de l’Histoire.