Le défi pour une cause
Photo: Nathalie Schneider/Kilimandjaro
Au sommet, l’altruisme.
Est-ce que l’ascension d’une haute montagne ou la traversée d’un continent à vélo sont des activités qui peuvent encore se suffire à elles-mêmes? C’est à se le demander, tant on associe désormais aux expéditions toutes sortes de causes humanitaires. La Société de recherche sur le cancer, par exemple, a lancé en 2009 les Challenge SRC, des expéditions au Kilimandjaro, des randonnées sur le chemin de Compostelle ou encore, des marathons pour réaliser des collectes de fonds. «Ces activités de financement nous ont permis de réunir un million de dollars l’année dernière, sur un budget total de 17 millions», explique Nathalie Giroux, directrice générale adjointe de la SRC.
Ce phénomène a tellement gagné en popularité que certaines grandes agences de voyages actifs, comme Karavaniers ou Expéditions Monde, proposent désormais des défis caritatifs aux voyageurs. Plus éloquent encore, l’agence Unik Tour a lancé en 2012 Unik Challenge (bientôt une coopérative baptisée Arduum), une division spécialisée dans l’expédition caritative et qui encadre chaque étape de ce type de voyage, qu’on prépare assidûment un an auparavant. «Associer une collecte de fonds à une cause qu’on soutient donne un sens profond à son voyage, explique Jason Dominique, fondateur de la coopérative Arduum. Cela permet de rétablir un peu d’équité dans le domaine du tourisme et ça rapporte à tout le monde.»
Certaines mauvaises langues dénoncent cette tendance comme une forme de déculpabilisation du voyageur moderne qui cherche à donner à ses loisirs une certaine caution morale. «Faux, rétorque Jason Dominique. Les gens qui participent à ces défis sont personnellement concernés par la cause, de près ou de loin. Ce sont des voyageurs sincères et, bien souvent, motivés par un réel altruisme.»•