Le Kili sans compromis


Julie est partie de Montréal pour exercer son métier d'avocate au tribunal criminel international, pour défendre des criminels de guerre. "L'incident de parcours", c'est qu'elle a rencontré Onesmo, d'origine massai, qui deviendra son conjoint (et le père de leur petite fille). L'homme a gravi environ 150 fois le Kilimandjaro, avant d'arrêter de compter. Tant de gens voulaient le faire avec lui qu'il a fini par se dire: "Et pourquoi pas?"

Résultat: l'agence East African Voyage est née il y a 5 ans avec pour objectif d'amener des touristes faire le Kili, mais aussi le mont Merhu et des safaris dans le nord du pays. Le tout selon des standards de sécurité et de qualité exceptionnels.

Bon an mal an, c'est 70 000 personnes qui s'attaquent à cette montagne dont le seul défi est l'altitude, et qui demeure très accessible en raison de son manque de difficulté technique. Une manne pour le gouvernement et pour les populations locales. Le KINAPA, l'organisme local qui réglemente les procédures d'ascension du Kilimandjaro, a suggéré à l'industrie de penser à des mesures qui pourraient réduire les effets de sa surfréquentation, tout en maintenant les activités des quelques 300 entreprises locales spécialisées.

"L'une des mesures consiste, depuis peu, à apporter les denrées alimentaires en plusieurs allers-retours et à éviter ainsi la présence de nombreux porteurs sur la montagne durant tout le trek. D'autres mesures sont à l'essai pour valider les meilleures options à privilégier, m'explique Julie. Bref: on y tient au Kili, et on sait que sans certaines mesures préventives, il se pourrait bien que le toit de l'Afrique soit un jour ou l'autre victime de son succès!

Selon Julie, des 300 entreprises qui offrent ce produit, seule une cinquantaine le font sérieusement, surtout au niveau de la sécurite – une donnée cruciale en haute montagne. La Porter Association (une ONG internationale qui exerce dans des pays concernés par le tourisme de montagne, comme le Népal) exerce ici un contrôle assidu de la qualité pour vérifier que les porteurs travaillent dans des conditions adéquates: alimentation, équipement, habillement, tout est examiné a la loupe. " Ce genre de garantie se paie, dit Julie. Nous ne voulons pas vendre un "Kili cheap" qui se monnaie au prix des conditions de travail des guides et des porteurs!" Chaque année, l'entreprise amène ainsi quelque 500 personnes au sommet avec une augmentation constante de 20 à 30 % chaque année depuis 5 ans!

Cette entreprise sera d'ailleurs la première à mettre en place un service de secourisme par hélico avec une entreprise italienne (formée dans les Alpes) dont l'appareil restera stationné à la base de la montagne (et non pas à 4 h comme c'est le cas encore aujourd hui!) avec l'hélico basé à Nairobi et celui de Dar Es Salaam. "Nous comptons établir un partenariat avec d'autres entreprises locales pour étendre le service au maximum et éviter des catastrophes qu'on voit encore trop souvent arriver", explique Julie. Une belle vision qu'on a tous hâte de voir ici d'un peu plus près…