Les Karibu : le retour

La nouvelle s’est propagée comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux… Les membres du projet Karibus Marie-Andrée Fortin, Jacob Racine, Sébastien Dugas et Bruno-Pierre Couture ont terminé leur incroyable odyssée lundi et sont rentrés hier à Montréal. Après 4 mois passés à traverser le territoire direction Kuujjuaq en ski de fond.
Ce matin, Géo Plein Air les accueillait en conférence de presse devant un public acquis et plusieurs médias. Une conférence de presse informelle, sympathique et inspirante: à leur image. En voici quelques faits saillants:

Première constatation: ils ont perdu du poids et pris des couleurs!
À peine 24 h qu’ils ont remisé leurs skis pour passer, en quelques heures d’avion, de l’hiver persistant au printemps naissant. Gros sourire, encore les morsures du soleil sur la face, ils dégageaient une énergie à tout casser, les Karibus. Ils ont eu froid – deux semaines à -40 non stop autour de Témiscami, juste un exemple pris au hasard – dormaient avec leur one-peace dans leur sac de couchage. À 22h, je me réveillais convaincu qu’il était 2h du matin! raconte Bruno-Pierre. Après, il fallait manger aux demi-heure pour pouvoir endurer le froid! La nourriture a même fini par manquer devant leurs besoins caloriques en croissance constante. La logistique s’est adaptée.

Deuxième constatation: leur motivation était plus forte que tout!
Durant une expé aussi intense, à un moment donné, l’usure s’installe. L’usure de l’équipement, ça, on y fait face. Mais l’usure physique et psychologique, c’est plus difficile à gérer, même pour des guides en plein air comme ceux-là. Ils racontent: on avait deux motivations: y croire, coûte que coûte, croire en nous, en notre projet. Mais aussi accepter de se laisser tirer, pousser, encourager par tous ceux qui nous suivaient depuis longtemps et qui, eux, continuaient à croire en nous. Les feedback web, Facebook, les entrevues, les messages de tout bord tout côté nous ont donné des ailes, disent-ils.

Troisième constatation: leur motivation en a motivé tout plein d’autres!
Le projet a commencé tout doucettement sur l’espace public mais la beauté de la chose, c’est qu’il a étendu son rayonnement par le «bouche à oreille» et le formidable relai des réseaux sociaux. Élèves dans les écoles, voisins, amis, parfaits inconnus ont fait souffler un vent dans le dos des skieurs sur 2000km…
Des mois avant l’expé, pour l’entraînement, Bruno-Pierre se promène dans son village (Roxton Pond) avec une pancarte qui dit: Moi, cet hiver, je traverse le Québec en ski. Toi, tu fais quoi? Quelques mois plus tard, dans les Laurentides, il rencontre un citoyen de Roxton Pond qui lui confie: cette pancarte a changé ma vie, merci! Bruno-Pierre se dit alors: à peine 100 km de fait et j’ai déjà changé la vie de quelqu’un… qu’est-ce que je vais faire pour les 1900 km qui restent??
À la conférence de presse, André Laperrière, l’instigateur de la première édition de la traversée en 1980, s’est adressé aux Karibus: Vous continuez d’alimenter cette passion pour le Nord et l’hiver. Vous êtes les gardiens du territoire et vous avez été ma propre motivation durant cet hiver.

Petit moment de grâce intergénérationnel… partage de passion et apologie de la beauté du monde. Ah… où peut conduire l’amour du plein air, tout de même…