Les limites du glamping

Ce mois-ci, le réseau de veille en tourisme (Uqam) faisait paraître un article intitulé «Du camping au glamping, l’hébergement de plein air se diversifie.» On y affirme que l’hébergement pleine nature est toujours aussi attractif (66,4% de taux d’occupation des sites de camping du Québec), mais aussi que le public se tourne de plus en plus vers le prêt-à-camper et les innombrables types d’hébergements rustiques qui poussent dans nos forêts, nos arbres et même sur la surface de nos lacs!

En cela, il faut le concéder : la Sépaq a fait preuve de vision en investissant dans ses tentes Huttopia dès 2008. Le succès a été immédiat. Quand ils sont venus me voir, avec les concepteurs de ces tentes tout équipées, j’avoue que j’ai fait preuve d’un certains scepticisme… En France (d’où sont originaires les concepteurs), on commençait à en installer tranquillement, surtout autour de Paris – forêts de Versailles, Rambouillet – des espaces naturels relativement «domestiqués» proches d’un énorme bassin de population. La chose était-elle vraiment «exportable»? J'avais tort: cette année, on compte 250 tentes Huttopia dans 15 des 22 parcs nationaux. Et le taux d'occupation pour juillet est de 90%!

Moi qui tripe plus camping rustique que village de vacances, je voyais ces tentes nouveau-genre comme l’affirmation d’une tendance un peu pernicieuse: amener le confort jusqu’au fond du bois. Quand ce n’est pas le luxe… Question rapprochement avec la nature, des nuances sont à faire.

C’est vrai, ces structures tout équipées ne s’adressent pas vraiment à moi (ni sûrement à vous!), mais bel et bien à des néophytes du plein air, qui veulent découvrir la nature, mais pas à n’importe quel prix. Qui veulent bien popoter en plein air, mais sur un poêle au propane plutôt que sur un réchaud… qui préfèrent s’éclairer à la lanterne plutôt qu’à la frontale. Des pour qui la douche quotidienne (chaude!) est un pré-requis sans concession. Bref : rapprochement avec la nature oui, mais pas trop près… et un rapprochement qui a un coût (Huttopia : 113 $ la nuit en haute saison).

En attendant, toutes ces tentes Huttopia, Hékipia (dans les réserves fauniques et centres touristiques), ces yourtes et autres cabanes dans les arbres demeurent des ponts entre urbanité et nature pour des milliers de néo-pleinairistes. Alors pourquoi s’en passer?

S’en passer, non. Mais s’assurer que les parcs – et les espaces naturels en général – conservent leur caractère sauvage et authentique. Avec des sites de camping rustique, mais aussi des refuges pour la longue randonnée, par exemple.

Amener de nouveaux adeptes dans la nature avec ce type de «produits» est une excellente chose. Mais, il y aura un moment où ces nouveaux pratiquants voudront s’aventurer plus profondément dans le bois. Il faudra alors pouvoir répondre à leur désir d’intimité avec la nature sauvage.