Quand la Chine s’éveille
Tandis que le portrait sévère de Mao irradie toujours la place Tian Anmen, Beijing a les yeux rivés sur les marchés boursiers et sur l’hyper-croissance de sa courbe économique.
Lamborghini, Aston Martin, Ferrari: les signes extérieurs de sa fulgurante ascension vers le capitalisme sont partout dans les rues du centre-ville. Partout aussi, les tours à bureaux, les buildings rutilants, les centres commerciaux sortis de terre, ces dernières années, comme par magie. Les affaires vont bien ici, et ça se voit.
Les banlieues sont des chantiers de construction à ciel ouvert. À une bonne heure de Beijing, on érige des appartements unifamiliaux (2 chambres) pour la modique somme de 700 000 dollars chacun! Et ça s’arrache comme des petits pains…
Il faut bien loger cette génération de trentenaires soumis à la règle de l’enfant unique et avides de biens de consommation qui inondent désormais le marché… Et ce n’est sûrement pas fini : on s’attend, pour la prochaine année, à un nouveau raz de marée démographique, année du Dragon oblige. Pas de meilleur augure que le Dragon pour étendre la famille et prospérer…
Il y a tout à parier que, d’ici 5 ans, la Chine sera aux prises avec un manque de places en garderie, prédit Amélia Sun, 30 ans, mariée et maman en latence. D’autant que désormais, l’État permet un deuxième enfant, mais seulement si les deux parents sont eux-mêmes enfants uniques. Sinon, ce deuxième enfant est illégal…
En attendant, Amélia pianote sur son iPhone, guide les touristes en tenue de sport Adidas et chausse des Nike de l’année. De l’ouvrage, elle ne risque pas d’en manquer. Parce que le tourisme explose depuis les Jeux. Comme beaucoup de choses, en à peine 4 ans.
Il n’y a qu’à pénétrer dans la Cité interdite pour s’en rendre compte. Les secrets des empereurs et de leurs concubines fascinent toujours les enfants de la République populaire de Chine. Et on les comprend.
Témoins en sont l’imposante démesure de ses salles officielles – palais de l’Harmonie préservée ou de l’Équilibre central -, les quartiers de femmes tournés vers les cours intérieures, les jardins parfumés, les cèdres centenaires qui ont vu se jouer l'histoire d'un suprême empire défait. On ne sort pas de la Cité interdite tout à fait comme on y est entre.