Destinations
Aventures automnales
Pour une virée colorée entre mer et montagnes, on met le cap sur la Gaspésie.
Naturoscope, des sorties au vert
On a même dû fermer quelques écoles durant un jour ou deux, et certaines administrations – dont le Tribunal de Marseille – ont stoppé leurs activités dès 15h, toutes affaires cessantes, devant la menace d'une tempête de neige…. qui n'a pourtant jamais vu le jour! moi qui rêvais de voir Marseille sous la neige!… mais, par solidarité pour un peuple qui n'a que trop rarement l'occasion de se frotter à l'hiver, j'ai remis à plus tard le plaisir d'aller user mes bottes sur les sentiers glacés du littoral.
À défaut de m'y rendre, je suis donc allée en parler devant un espresso avec Cyril Gombert, le directeur de Naturoscope, un organisme environnemental qui agit comme consultant en développement durable et qui offre des randonnées guidées aux touristes épris de nature. «On ne propose pas de randonnées durant l'été, d'abord parce qu'il y fait trop chaud, et aussi parce que leur accès peut être à tout moment interdit par arrêté préfectoral à cause d'un risque accru d'incendie›, m'explique Cyril Gombert, biologiste de formation et manifestement passionné d'écologie. L'été, l'organisme se rabat sur les sentier du Frioul, une île au large de Marseille qui n'a jamais été boisée à cause de la force du vent qui y sévit à l'année longue. (Cette île fait d'ailleurs partie intégrante du futur parc national des calanques, qui doit être officialisé dans quelques mois.)
Les randonnées proposées par Naturoscope relèvent plus de l'observation de la nature que de la marche sérieuse, même si les calanques sont classées dans la catégorie des ‹moyennes montagnes» à cause de l'escarpement de leurs sentiers, leur caractère étonnamment sauvage et la multiplicité des chemins souvent mal balisés, qui incitent à s'y perdre. Chaque année, on y déplore des accidents tragiques, les ‹randonneurs du dimanche› s'imaginant, à tort, qu'un terrain de jeux si proche de la ville ne présente guère de dangers. ‹Nous aimons donner un côté développement durable en associant, durant nos sorties, le patrimoine bâti avec le milieu naturel, explique Cyril Gombert. En effet, si sauvage soit-il, ce futur parc national présente bel et bien des traces toujours visibles de l'occupation humaine: bergeries, anciennes charbonnières, fours à chaux, cette poudre de calcaire qu'on utilisait en Méditerranée comme ciment pour la construction des maisons.
L'observation de l'écosystème des calanques, si distinctif, révèle, quant à lui, une étonnante information: la présence de pins d'Alep, ces conifères omniprésents dans le massif, ne serait apparue qu'après la déforestation pratiquée par les citadins. En effet, ce territoire était autrefois parsemé de chênes verts et blancs (dont certains spécimens trahissent la présence originelle), d'ailleurs abondamment décrits dans la Guerre des Gaules du grand Jules César, rappelle le biologiste. Les citadins de Marseille, Cassis, Aix-en-Provence et Arles auraient ainsi intensément puisé dans la ressource forestière sans songer au reboisement. Le chêne ne pouvant repousser sans l'ombre nécessaire à sa survie, a laissé ainsi toute la place au pin, avide d'espace ensoleillé. Résultat: une transformation écosystémique à l'origine de la pinède qui s'impose désormais dans l'ensemble du massif des calanques. La pièce ‹rapportée› figure étrangement aujourd'hui au rang d'icône de ce territoire exceptionnel.
Repères: Naturoscope propose des randonnées dans les calanques, l'île du Frioul, mais aussi dans la Sainte-Beaume (massif qui s'étend entre Boûches-du-Rhône et Var), la Sainte-Victoire (massif dans l'arrière-pays aixois), les Alpilles (massif au nord-Ouest des Boûches-du-Rhône) et en Camarge (delta du Rhône). L'organisme propose aussi des plongées masque et palmes pour observer le milieu sub-aquatique du littoral. Réservation nécessaire. Info: (011-33) 04 91 40 20 11 ou www.naturoscope.fr.