Vallée Ramechhap: premières impressions

Les premiers jours de notre trek, nous les passons dans la vallée de Ramechhap, à moins de 200 m d'altitude. Un plongeon direct dans la culture locale et les paysages d'une superbe ruralité: à flanc de montagne, des cultures de céréales en terrasses font, de loin, un lumineux patchwork nuancé de verts. Éparpillées entre les champs, de sommaires maisons de bois d'où sortent, à notre approche, des chapelets d'enfants souriants et leur Namaste! mélodieux.

La vallée est, de toute évidence, peu fréquentée par les trekkeurs, qui lui préfèrent celle du Khumbu célèbre pour son accès aux hautes altitudes. Chaque rencontre – femmes au champ, hommes-porteurs, enfants curieux – est l'occasion renouvelée d'échanger un Namaste de plus et un sourire chaleureux.

Ici, on est encore peu habitué à croiser des marcheurs en Gore-Tex, mais les guesthouses – versions himalayennes des B&B – ont poussé partout depuis plusieurs années, offrant aux marcheurs fatigués une halte pour manger et dormir à peu de frais. La rusticité y est de rigueur (les maniaques de confort et d'hygiène n'aimeront pas, mais passeront à côté de l'essentiel !) et le menu alimentaire ne s'aventure guère au-delà du traditionnel dal-bat et du thé noir.

Je sens bien, à voir les premières réactions de notre petit groupe, qu'on pousse un peu les limites de l'acceptable pour le Nord-Américain, habitué a des standards autrement plus sévères sur le confort et l'hygiène, mais cette aventure de 25 jours à pied n'est pas seulement une exploration géographique; elle s'annonce aussi comme une expérience de vie pour nous tous. Chacun de nous est libre de choisir en quoi elle le transformera!

Toujours est-il que je surprends des regards émerveillés sur les flancs de montagne où jouent des faisceaux de lumière de fin du jour. Parfois, un filet de musique aiguë s'échappe d'une fenêtre grand ouverte et mêle le son à la lumière. À chaque fois, je saisis l'instant.

Le rythme de notre marche m'a d'abord surprise par son extrême lenteur, mais nos guides (Emmanuel Daigle et Jean-Sébastien Berlinguette) sont formels: une montée lente et graduelle nous mènera plus loin qu'un rythme soutenu. Ajoutez à cela une hydratation abondante et continue (3 bons litres d'eau par jour) ainsi qu'un lavage de mains fréquent (pour tuer les bactéries à la source), et nous voilà sur le chemin de bonheur!

Malgré notre prudence, notre petit groupe aura souffert en alternance de désordres digestifs et intestinaux assassins. L'un après l'autre, nous aurons vécu 24 h d'enfer à mettre un pied devant l'autre entre chaque étape passée dans des latrines providentielles et des champs éloignés des regards. (Parfois, on ne choisit pas… l'urgence dicte sa loi: mieux vaut obéir!)

Mais tous y auront survécu grâce a un régime strict prescrit par nos guides: soupe (pour la réhydratation), riz blanc (pour l'effet amidon) et de l'attention à revendre de la part de nos sherpas. Ainsi remis sur pied, l'aventure peut désormais continuer…

Un guesthouse typique, ici à Phakding, où nous étions le 6 avril dernier.