Final bâton!

  • Crédit photo Simon Diotte

Tous les randonneurs, même ceux du dimanche, gagnent à inclure les bâtons de marche dans leur attirail.

Pour traverser un ruisseau ou éloigner un chien méchant, certes. Mais encore ? Les bâtons de marche ont beau être des alliés de choix des amateurs de randonnée pédestre, ils demeurent impopulaires auprès des Québécois, qui ont tendance à les percevoir comme encombrants, inutiles, voire ringards. C’est tout le contraire sur le Vieux Continent, où ils font partie intégrante de l’équipement de base des montagnards, au même titre que les bottes de rando, par exemple.

« J’ignore pourquoi il en est ainsi ; peut-être est-ce un biais nord-américain ? Nous associons les bâtons aux randonneurs au long cours qui survolent le sentier des Appalaches avec un énorme sac à dos sur les épaules, mais les marcheurs du dimanche au mont Saint-Bruno gagnent aussi à les utiliser », explique Robin Collard, physiothérapeute, auteur du blogue Physiorando et lui-même fervent utilisateur de bâtons de marche.

Que des avantages

La littérature scientifique tend à lui donner raison. Marteler les sentiers avec des bâtons améliore significativement le rendement et la dépense énergétique, sans toutefois éprouver une plus grande sensation de fatigue. Les fanatiques de bâtons font de plus grandes enjambées et travaillent à des fréquences cardiaques plus élevées de manière à oxygéner les muscles de leurs membres supérieurs, qui sont alors davantage sollicités durant l’effort.

Mais ce n’est pas tout. Ils réduisent aussi le stress que subissent les articulations des chevilles, des genoux et des hanches. L’effet n’est pas énorme – une diminution des impactsde 10 à 30 %, selon les études –, mais appréciable lorsqu’on trottine des heures durant. « Les bâtons permettent au cors d’être mieux aligné, réduisant l’incidence de lésions traumatiques, comme des foulures ou des entorses », ajoute l’expert.

Marcher plus vite

Sur le terrain, tout cela se traduit par de meilleures performances. C’est du moins ce que Robin Collard a constaté au fil de ses propres expériences avec des bâtons de marche. « Je marche plus vite grâce à eux, surtout si les sentiers sont peu accidentés. Cela m’aide grandement en fin de parcours, lorsque les jambes s’alourdissent », jure-t-il. Cette économie musculaire au niveau des jambes est d’ailleurs ce qui pousse les coureurs en sentier à recourir eux aussi à des bâtons (voir encadré).

Bien marcher avec des bâtons n’est cependant pas inné. Un certain degré de compétence est nécessaire pour en tirer pleinement parti. Et à ce chapitre, il n’y a pas de secret : il faut pratiquer. « La technique est semblable à celle du ski de fond. On cherche à se propulser en piquant la pointe du bâton derrière soi et non devant soi, ce qui aurait plutôt pour effet de se freiner », précise Robin Collard. Vous ressentez une fatigue dans les bras en fin de journée ? Vous êtes sur la bonne voie, persévérez !

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Encadré

Courir avec des bâtons ? Oui, oui !

Robin Collard n’est pas qu’un amateur de randonnée pédestre ; il est aussi coureur en sentier à ses heures. Vous croiserez peut-être le physiothérapeute à l’entrainement sur les versants du mont Saint-Grégoire, où il court régulièrement… sans bâtons, cette fois. « Ils m’encombreraient plus que d’autre chose ! Par contre, je comprends leur utilité en ultra-trail », glisse-t-il. Avec la bonne technique, les coureurs parviennent en effet à soulager leurs quadriceps, leurs ischio-jambiers et leurs mollets en taxant davantage les muscles des épaules et des bras. Cette fraîcheur physique, toute relative sur 100 miles (160  km), est surtout manifeste en descente, où les muscles des membres inférieurs sont tout particulièrement mis à contribution. Les bâtons leur servent également de moteurs d’appoint en montée. La technique alternée, qui consiste à planter les bâtons en alternance tout en courant, ou en double poussée, dans les pentes raides, est alors à privilégier.