Présenté par Tourisme Gaspésie
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Aventures automnales

Pour une virée colorée entre mer et montagnes, on met le cap sur la Gaspésie.

La seule donnée dont vous avez vraiment besoin

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Devriez-vous vous affranchir de votre montre de sport et vous fier uniquement à vos sensations ? C’est un pensez-y-bien.

Sur une échelle où 0 correspond à l’absence d’effort physique et 10 correspond à un effort maximal, comment vous sentez-vous ? À l’ère de la quantification de soi, du corps connecté et de Strava, cette question toute simple a quelque chose de délicieusement décalé. Nombreux d’ailleurs sont ceux et celles qui s’en remettent entièrement à leur montre d’entraînement dernier cri plutôt que de se la poser. Ce faisant, ils se coupent délibérément de la seule donnée dont ils ont véritablement besoin. Et qui est, en outre, gratuite.

Échelle de Borg

L’évaluation subjective de la perception de l’effort est une notion introduite vers la fin des années 1960 par Gunnar Borg. Ce psychologue suédois avait remarqué qu’il existe une relation passablement étroite entre les sensations physiques et psychiques ressenties à l’exercice et l’intensité relative de ce dernier. Cela l’a mené à proposer une échelle de 6 à 20 – plus tard modifiée de 0 à 10 – où chaque échelon est associé à des informations verbales permettant la description subjective de l’effort (facile, moyen, très difficile…).

Les travaux de Gunnar Borg, qui est décédé l’année dernière à l’âge de 92 ans, ont fait école. Un de ses articles publiés en 1982 est, soit dit en passant, parmi les plus cités dans le domaine des sciences de l’activité physique – au-delà de 7000 fois ! Le scientifique y soutient que son échelle tient compte d’une foule de facteurs comme la condition physique, les conditions environnementales et le niveau de fatigue générale. Cette mesure globale par définition constitue en ce sens LA mesure par excellence de la pénibilité d’une tâche, y compris de nature sportive.

De fait, l’échelle de Borg a été corrélée à nombre de paramètres physiologiques au fil des années. On sait ainsi qu’un début ventilatoire relativement intense est synonyme d’une cote de perception de l’effort plutôt élevée sur l’échelle de Borg, et vice versa. Même chose pour la vitesse de course, la puissance déployée ou que sais-je encore : si vous sentez que vous poussez par exemple à 8 sur 10, les chiffres affichés sur vos différents moniteurs d’activités ne feront qu’attester cet état de fait… et l’imminence de la fin de l’exercice, dans ce cas bien précis.

Et alors ?

Tout cela ne signifie pas pour autant qu’il est temps de mettre ces instruments de mesure à la poubelle. Il faut plutôt apprendre à les utiliser pour ce qu’ils sont : des outils qui informent sur le contexte. En procédant de cette façon, vous affinerez votre registre de sensations – la différence entre un exercice « un peu difficile » et « assez difficile » peut en effet être mince. À l’entraînement, ces appareils ont le potentiel de confirmer que vous travaillez aux bonnes intensités relatives, c’est-à-dire celles qui sont profitables au bout du compte. Au fil du temps, l’accumulation de données diverses aidera à valider un état de forme ou, a contrario, de fatigue excessive.

Vous pouvez aussi apprendre à vous entraîner « librement », sans montre, sans chiffres et apparemment sans stress, comme le prône Nathalie Bisson, coureuse, conférencière et coauteure du livre Le pace du bonheur. Bien qu’assez radicale, cette approche basée sur une philosophie du lâcher-prise a le mérite de donner toute la place à l’évaluation subjective de la perception de l’effort. Surtout, elle replace la subjectivité inhérente à la condition humaine au cœur du geste sportif, lequel ne se résume pas qu’à un déluge de statistiques et de kudos (l’équivalent « J’aime » de l’application Strava).

Influences diverses

La température extérieure, la présence de rivaux, la fatigue mentale, la consommation de psychostimulants comme la caféine, l’attribution d’une récompense (monétaire ou non), la connaissance d’un parcours donné, la privation de sommeil, les superstitions et le rinçage de la bouche avec une boisson riche en glucides sont autant de facteurs ayant une influence certaine sur l’évaluation subjective de la perception de l’effort.