L’heure est aux décisions
Nous entrons dans une décennie qui sera déterminante pour notre futur – 2030 étant une année charnière dans l’atteinte de nombreux objectifs environnementaux. En effet, 2021 a le potentiel de marquer un tournant dans cette lutte mondiale contre la crise environnementale à laquelle nous sommes confrontés, et plus spécifiquement contre les changements climatiques et le déclin de la biodiversité.
La COP26 sur le climat et la COP15 sur la biodiversité, qui devaient avoir lieu en 2020 et qui sont désormais attendues cet automne, seront des occasions de concrétiser, par des mesures précises, les engagements pris lors de l’Accord de Paris en 2015, afin de limiter à 2 °C le réchauffement de la planète et de définir un nouveau cadre de protection de la nature pour la prochaine décennie et jusqu’en 2050.
Les interactions entre ces deux crises sont connues depuis déjà longtemps. Les activités humaines et le changement climatique progressif engendrent la dégradation des écosystèmes, ce qui menace les contributions de la nature à la mitigation du changement climatique. Or, cette même dégradation, en raison de changements dans l’utilisation des terres et d’autres impacts sur le stockage et la séquestration du carbone, est un facteur important des émissions cumulées de CO2 et, par conséquent, un moteur supplémentaire du changement climatique. Si on résume simplement : d’un côté, le dérèglement du climat aggrave l’érosion de la biodiversité, et de l’autre, la destruction de la nature accélère le réchauffement.
En ce sens, la crise climatique et la biodiversité sont interconnectées, mais les connexions sont multiples et complexes. En effet, bien qu’il y ait une certaine convergence entre les deux, il ne faut toutefois pas assimiler l’urgence écologique à la crise climatique. D’une part, cette crise est engendrée par l’augmentation de nos émissions de GES, et d’autre part, le déclin des espèces est causé par les changements d’usage des terres, la surexploitation des ressources, la pollution, les espèces exotiques envahissantes et le changement climatique.
Il est primordial qu’il y ait un arrimage entre les différentes solutions déployées pour faire face à ces deux menaces majeures inhérentes à la crise environnementale mondiale. Et pourtant, ces deux phénomènes sont encore bien souvent traités isolément lorsqu’il est question d’identifier les principales mesures à mettre en place. Toutefois, les voix s’intensifient et se multiplient pour réclamer une lutte commune et intégrée.
Signe de l’importance de traiter conjointement ces deux enjeux, les experts du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) ont récemment entamé une collaboration inédite, qui a mené à la publication d’un rapport commun en juin dernier. Il s’agit d’une première depuis la création du GIEC, en 1988, et de l’IPBES, en 2012.
Afin d’agir efficacement, les décideurs devront donc tabler sur des synergies, mais aussi être disposés au compromis. Les efforts visant à réduire les émissions de GES ne doivent pas induire de pressions supplémentaires sur la biodiversité et, inversement, la protection de la nature ne devrait pas nuire à la transition énergétique et aux efforts de réduction.
Les écosystèmes jouent un rôle essentiel dans le cycle global du carbone et dans l’adaptation aux changements climatiques, en plus de fournir de nombreux services essentiels à la survie et au bien-être des êtres humains. C’est dans cette optique que les solutions basées sur la nature doivent s’inscrire en complémentarité avec les mesures de réduction des émissions de GES, notamment dans les domaines de la production énergétique, du transport et de l’agriculture.
C’est donc une véritable transition écologique systémique qui devra s’opérer dans le but de faire face à la complexité de la crise qui s’amorce. Demeurons optimistes : comme en temps de pandémie, la science est là pour nous guider, et nous savons désormais à quel point la résilience – humaine, environnementale et économique – est essentielle.