Triple nordique: Célébrer l’effort

Prenez trois disciplines – raquette, ski de fond et course à pied –, sélectionnez des équipes de trois athlètes qui les enchaîneront à fond de train, et vous obtenez un excellent Triple nordique sur neige fraîche. Récit, à trois plumes, de la première édition.

Le jeudi 12 janvier. Il faisait un froid de canard. La conférence de presse
organisée sur le parvis de l’hôtel de ville de Shawinigan sortait de l’ordinaire. Journalistes, élus municipaux, gestionnaires du parc de la Mauricie, organisateurs et commanditaires du Défi nordique Géo Plein Air, tous avaient été invités à chausser leurs souliers de course, leurs raquettes ou leurs skis de fond. Plutôt que de parler de la nouvelle attraction de son week-end plein air, Marie-Josée Gervais, directrice générale de cette manifestation sportive, avait convié tout ce beau monde à l’expérimenter en avant-première, question d’en donner un avant-goût. Démo plus festive qu’intense, avouons-le, mais on sentait déjà si la compétition pouvait être prise au sérieux ou, au contraire, traitée à la blague.

Le dimanche 4 mars, jour du Triple nordique. Le soleil est au rendez-vous. Une trentaine d’équipes se sont formées, représentant autant d’entreprises. Des équipes de trois, un athlète pour chaque discipline, ou des équipes de cinq ou six personnes. Inutile de dire que les multiples relais compliquent l’accès au podium pour ces équipes plurielles. Tant pis! Tous sont venus au Défi nordique pour s’amuser, arborant dans certains cas des tenues loufoques de carnaval d’hiver. Que la fête commence!

En tant que dignes représentants de Géo Plein Air, commanditaire en titre du Défi, il ne faut quand même pas faire trop mauvaise figure. Jacques, rédacteur en chef de Vélo Mag, n’ayant pas d’expérience de course en raquettes, et Pierre n’ayant acheté ses premiers skis de patin (skate ski) que trois semaines plus tôt, l’espoir repose donc sur Patrice, directeur artistique de Vélo Mag et adepte de l’Ironman, qui aura la tâche de récupérer en finale le piètre rendement de ses acolytes.
                         
L’épreuve de raquette : garder le rythme!
J’ai tout essayé auprès de l’organisatrice en chef, mais pas question de courir avec les raquettes sous le bras, même si la neige est dure et que mon pas serait bien plus alerte en chaussures. Je me résigne donc à enfiler une paire de raquettes de course Atlas. Je dois vous faire deux mea culpa. Primo, contrairement à mes préjugés, elles sont super légères et maniables, c’est déjà un plus pour moi qui m’attendais à courir avec deux enclumes aux pieds. Secundo, je ne me suis pas entraîné à la course en raquettes avant ce fatidique Triple nordique. Alors, attaquer un parcours, même damé, avec de tels engins aux pieds, n’est pas du tout naturel pour moi.

Trop tard pour y penser. Le départ est donné. Comme prévu, c’est la cohue dans le premier virage. Il semblerait que la trentaine d’équipes vise la même stratégie: à fond, du début à la fin. Je reste dans le premier groupe, mais laisse les plus pressés ouvrir la voie. Nous avons trois tours de 750 m à faire. Une courte distance, mais adopter la démarche du canard ne vient pas tout seul. Imaginez une volée de palmipèdes tentant d’échapper en courant au renard qui les chasse.

Après 200 m, le cardio est déjà dans le tapis. J’allonge la foulée en pensant efficacité plutôt que petits pas palmés, qui rendent plus difficile ma cadence. C’est payant, car je rattrape ceux qui sont partis un peu trop vite. Au premier passage de la ligne, les encouragements de mon équipe me donnent l’énergie de garder le rythme. Au deuxième tour, j’ai une demi-
douzaine de raquetteurs devant moi, j’ai le cœur au bord des lèvres, mais je sens la ligne d’arrivée, si proche. Je garde le rythme. Un dernier virage, je tends mon mollet à Patrice, qui s’empresse d’enlever ma puce pour la donner à Pierre, qui chauffe déjà ses skis. J’ai terminé en deuxième place, me dit-on. C’est maintenant à vous de jouer! (Jacques Sennéchael)

Ski de fond : du patin en montée
Pour moi, ce sera quatre tours de 1,5 km chacun. Les premiers 100 m sur le plat, pour rejoindre la route du parc. Puis c’est une longue montée, sur une pente modeste, certes, mais un demi-kilomètre en pas de patin, à pleine intensité, c’est long. Le bon côté, c’est qu’après un virage en épingle, on redescend par la même pente. J’aurai le temps de reprendre mon souffle. Le dernier tiers du parcours se fait dans les boisés. Ça aurait pu être bucolique si ce n’était pas une course. Mais à la fin du premier tour, le cœur tient bon. Je me suis fait doubler par quelques skieurs, mais je me dis qu’à ce rythme, ce n’est pas le désastre. Et les encouragements de la foule me donnent
du cœur au ventre. Sauf qu’il faut maintenant reprendre le même trajet, trois fois encore…

Au dernier passage, après 25 minutes d’effort à fond la caisse, je suis à bout. Et devant moi, les infâmes 500 m qu’il me faut grimper! Ce sera ma première chute… Pas si mal, quand même, pour quelqu’un qui n’a que quatre ou cinq sorties en skate à vie. J’ai perdu un peu de temps, mais ça m’a permis de souffler. Je me relève et finis de monter la côte avec prudence. Au diable la performance! Heureusement, il y a la descente après. Puis, quand on sait qu’il ne reste plus que 500 m à faire, c’est l’énergie du second souffle. Quand je rentre sous les applaudissements, notre équipe a perdu quelques places, mais la tâche ne sera pas impossible pour Patrice, et celui-ci pourra espérer un podium. (Pierre Sormany)

Courir pour une cause
Jacques se précipite aux pieds de Pierre pour lui retirer sa puce et la fixer à ma cheville. Je m’élance. J’ai de la chance, la neige est bien tapée après le contingent de coureurs en raquettes. Mais on est loin de l’asphalte. À chaque foulée ma chaussure s’enfonce un peu, la neige vient chatouiller mes chevilles, ma foulée est loin d’être fluide. Mais on est tous dans le même bateau.

Ce qui étonne et séduit sur le parcours, c’est la diversité des participants, allant du plus sérieux au plus loufoque. Manifestement, certains d’entre eux sont ici pour gagner, mais la grande majorité est ici pour s’éclater – et amasser des fonds pour la Fondation du CSSS de l’Énergie. Les costumes que certaines équipes arborent en témoignent: c’est coloré, vivant et franchement rigolo. L’équipe de Géo Plein Air fait un peu straight, mais on se reprendra l’an prochain.

Je complète mes trois tours avec des enjambées erratiques, franchissant le fil d’arrivée sous les applaudissements de la foule. Pierre et Jacques m’attendent patiemment.

Nous avons terminé au troisième rang avec un temps de 43 m 44 s, à peine 2 secondes de plus que l’équipe qui nous précède, mais à des années-lumière des grands gagnants. En effet, l’équipe Revêtement de la Cité a complété le Triple nordique en… 34 m 47 s. Neuf minutes plus rapidement que l’équipe qui les poursuivait. Si ces gars-là sont capables de faire le revêtement extérieur de ma résidence aussi vite qu’ils ont skié et couru, je les engage illico! (Patrice Francœur) •

Repères
Cette année, le Défi nordique Géo Plein Air a lieu du 21 au 23 février 2014 au parc national de la Mauricie.

Épreuves chronométrées de ski de fond :
❱ 10, 25 ou 40 km en style classique;
❱ 25 km en style libre;
❱ Défi 50 km en combiné, classique et libre (individuel ou en équipe).

Épreuves en raquettes :
❱ Marathon coureur des bois : 12 km en équipe de 4 ;
❱ Rallye du lac Solitaire : 5,5 km en équipe de 2 à 6 ;
❱ Course de qualification pour le Championnat québécois de raquettes :
5 ou 10 km.

Épreuves du Triple nordique :
❱ Triathlon nordique Géo Plein Air en individuel;
❱ Triple nordique corporatif en équipe de 3 à 6 ;
❱ Le Petit nordique (1 km) : pour les enfants de 3 à 12 ans.
819 247-1414 ou www.definordique.com