Présenté par Tourisme Gaspésie
Destinations

Aventures automnales

Pour une virée colorée entre mer et montagnes, on met le cap sur la Gaspésie.

D’est en ouest sur la route 138

C’est un classique, au Québec : parcourir la Côte-Nord en plusieurs étapes de Tadoussac à Kegaska, terminus de la route 138. Mais pourquoi ne pas le faire plutôt de Kegaska à Tadoussac, 800 km vers l’ouest ? C’est ce que notre collaborateur a expérimenté.

Ce voyage avait pour but de permettre à ma conjointe, Jessica, de pédaler jusqu’au bout de la route 138, à l’est, pendant que je la suivrais en voiture. Dès qu’elle a atteint, par une journée frisquette et pluvieuse, le panneau annonçant la fin de la 138, ce fut un moment d’émotion intense. Sans plus tarder, nous avons entrepris la phase 2 de notre voyage en troquant la bicyclette pour la randonnée, le camping et le kayak, dans un road trip nord-côtier à l’inverse de tout le monde.

Première étape : Natashquan, avec sa mer à perte de vue et sa plage de sable qui s’étend sur 7 km. Le vent est froid et soutenu en cette fin d’août, mais le sable fin nous donne l’impression d’être dans une station balnéaire du Sud. Il n’y a pas de parcours officiel en Innucadie, seulement un bord de mer extraordinaire à parcourir comme bon nous semble.

Nous poursuivons notre chemin jusqu’à Baie-Johan-Beetz, un minuscule village de pêcheurs à mi-chemin entre Natashquan et Havre-Saint-Pierre. Se trouve ici, à proximité du cœur habité, un vieux chemin sablonneux qui traverse une forêt dévastée par un incendie en 2013. La nature se remet tranquillement de cet épisode et, à notre grand bonheur, les bleuets y sont omniprésents durant cette période. Randonnée et cueillette de petits fruits : le mariage parfait !

 

Le sentier Spar Mica – nom donné à ce vieux chemin – nous entraîne vers un ancien site minier de feldspath, mais surtout vers une incroyable plage de sable blanc à l’atmosphère surréaliste. À part quelques maringouins qui nous accompagnent, nous sommes seuls au monde. Un aller-retour facile de 7 km qui vaut assurément le détour.

Dans l’archipel de Mingan

Notre prochaine aventure se déroule à Havre-Saint-Pierre, point de départ d’une sortie de kayak-camping dans la réserve de parc national de l’Archipel-de-Mingan. Le plan : pagayer jusqu’à l’île du Havre, le bout de terre le plus proche de la ville, afin d’y passer la nuit. Jessica, qui est une athlète d’endurance, avait prévu de me suivre à la nage pour ce trajet, mais elle s’est ravisée à cause de l’eau glaciale, des vagues immenses et du fort courant. Sage décision !

Pour l’occasion, nous rejoignons mon cousin et sa copine, qui emprunteront le même itinéraire, mais en planche à pagaie, rien de moins ! Avec leurs énormes sacs étanches, ils prennent donc la mer debout sur leur planche alors que je les suis à bord de mon kayak. Jessica, quant à elle, traverse en bateau – la bonne affaire ! Arrivés au camping, nous installons nos tentes et partageons le repas tous ensemble au son des vagues et des goélands. Un décor magique pour célébrer des retrouvailles.

Le lendemain matin, avant de retourner vers la terre ferme, nous pagayons autour de l’île en zieutant les monolithes, ces formations rocheuses typiques de l’archipel de Mingan. Il aurait été aussi possible de le faire au rythme de la marche sur le sentier du littoral, long de 17,2 km. Au total, les îles de Mingan renferment 80 km de sentiers répartis sur neuf îles.

Un lac d’une profondeur abyssale

Toujours en direction ouest, nous faisons escale à Sept-Îles, afin de faire des provisions. L’occasion est trop belle de goûter à la fameuse poutine aux fruits de mer, pièce maîtresse de la table nord-côtienne que les restaurants septiliens servent en abondance. Miam.

De retour sur le bitume, nous faisons un détour vers le mont Trouble, dont les pentes abritent les pistes de ski de la station Gallix. Une petite boucle de 3 km avec un dénivelé de 175 m nous permet d’atteindre un belvédère où le panorama sur les montagnes du coin est incroyable. Un trésor de randonnée qui demeure injustement méconnu.

L’étape suivante nous mène à la réserve faunique de Port-Cartier–Sept-Îles, en bordure du lac Walker, dans un chalet que nous avons réservé afin de bien prendre le pouls de la place. Avec cet hébergement vient aussi l’accès à une chaloupe, un canot et un kayak, ce qui donne l’occasion de naviguer sur ce superbe lac d’origine glaciaire d’une longueur de 33 km, bordé de rives sablonneuses et de parois vertigineuses.

Sur terre, des sentiers permettent de prendre toute la mesure de ce plan d’eau, le plus profond du Québec avec ses 280 m. On comprend pourquoi son eau est froide en permanence. Après une bonne nuit de sommeil, nous entamons la montée du sentier de la Tour à Feu. Puisque la météo ne s’annonce guère coopérative, nous avançons rapidement pour compléter les 8 km de cette randonnée assez corsée, au dénivelé total de plus de 500 m.

Au début, le sentier traverse une forêt de conifères au sol spongieux et recouvert de mousse, une section qui nous envoûte. En progressant en altitude, la végétation alpine et le lichen prennent le relais. À mi-parcours, un belvédère en haut d’une falaise nous offre une vue saisissante sur une bonne partie du lac Walker. À couper le souffle !

Nous continuons jusqu’au sommet de l’ancienne tour à feu où une seconde percée visuelle sur ce lac encaissé nous impressionne tout autant. Après une courte pause, nous retournons vite au chalet avant que la pluie ne prenne le dessus sur les nuages sombres. Ça a été une sortie magnifique, dans un secteur spectaculaire qui fait partie d’un projet de parc national. Le meilleur est à venir.

Notre road trip nous conduit, peu avant le centre-ville de Baie-Comeau, au fjard Saint-Pancrace. Le fjard (oui, avec un « a ») révèle une version adoucie d’un fjord, avec des pentes un peu moins abruptes. Ici, plusieurs activités sont possibles, comme la randonnée et le camping, mais aussi le kayak de mer et la via ferrata proposés par l’entreprise écotouristique Attitude nordique. Nous avons juste le temps d’aller admirer la vue imprenable qu’offre le belvédère perché à 600 m d’altitude, surplombant l’anse Saint-Pancrace et l’estuaire du Saint-Laurent. En avalant notre lunch, nous nous promettons d’arrêter plus longtemps la prochaine fois.

Tadoussac et ses attraits

Un voyage sur la Côte-Nord ne serait pas complet sans un arrêt à Tadoussac ! Véritable incontournable lorsqu’on entre sur le territoire nord-côtier, ce village touristique nous fait vivre une expérience terre et mer sans pareille, tant sur le plan culinaire qu’en matière de plein air. Vous trouverez d’excellents restaurants, mais aussi, et c’est ce qui nous intéresse le plus, un large choix de circuits de randonnée, sur la terre comme sur l’eau.

À ne pas rater : les célèbres dunes de Tadoussac, vestiges d’un delta datant de la dernière époque glaciaire – un paysage unique dans la province. Au pied de ce mur de sable, vous pouvez, à marée basse, marcher longuement sur la plage en vous éloignant du rivage, donnant une tout autre perspective sur la côte et ses terrasses marines.

Plus proche du village, tout près du débarcadère accueillant le traversier qui assure la continuité de la route 138, il est possible de parcourir une série de boucles qui montent la colline de l’Anse à l’Eau et mènent vers la pointe de l’Islet. Un court trajet qui vous fera atterrir entre mer et montagnes. À noter que les chiens sont permis.

Au sommet de la colline, nous découvrons une végétation nordique composée de pins rabougris, de thé du Labrador et de lichen. La vue sur le fjord du Saguenay nous éblouit. Et puisque ce sentier mène au rivage, nous avons la chance d’admirer des baleines qui passent dans les parages. Avec leur chant en guise de toile sonore, c’est l’endroit idéal pour relaxer et siroter un bon café au petit matin. Il est possible de passer directement par le village pour faire cette brève randonnée de 3 km. Et, pour ceux et celles qui ont envie de plus, un tour du côté de la colline de l’Anse à la Barque et du mont Adéla-Lessard, au nord-ouest du village, vous offrira un défi plus relevé.

Finalement, à Tadoussac, on peut bien sûr s’offrir la traditionnelle sortie en mer pour observer les baleines. Pour ma part, j’ai préféré la réaliser par mes propres moyens, en kayak. J’ai pu ainsi les voir le long du littoral. Attention, les forts courants provenant du fjord peuvent être dangereux ; alors, si on n’est pas familier avec les lieux, vaut mieux opter pour une excursion guidée.

Après plusieurs heures à longer la côte afin de me rendre jusqu’aux dunes, c’est au retour, à marée haute, que je m’émerveille à la vue de la splendide baleine qui est passée à quelques mètres de mon kayak. À peine quelques respirations et elle a déjà pris le large, sans doute à la recherche de nourriture. Voilà une image qui conclut un voyage avec panache.

En bref

En mer et dans la forêt boréale, la Côte-Nord vous charmera par son côté sauvage et encore méconnu.

Attraits majeurs

La réserve de parc national de l’Archipel-de-Mingan et le village de Tadoussac.

Coup de cœur

Le kayak-camping sur l’île du Havre, à Havre-Saint-Pierre : une expédition hors de l’ordinaire et fertile en émotions.