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Aventures automnales
Pour une virée colorée entre mer et montagnes, on met le cap sur la Gaspésie.
La grande nature de Rivière-du-Loup
La périphérie de ce chef-lieu de l’ouest du Bas-Saint-Laurent renferme une concentration surprenante de territoires de grande nature qui valent le détour. Les Louperivois réalisent-ils la chance qu’ils ont ?
Aperçue de Rivière-du-Loup, l’île aux Lièvres se détache sur l’horizon, exerçant sa séduction sur les amoureux de nature. Malgré plusieurs tentatives d’Homo sapiens, cette arche de Noé n’a jamais été colonisée autrement que par des mammifères et des oiseaux. Les baleines et les phoques nagent nombreux dans ses eaux limitrophes. Ses 45 km de sentiers servent de chemin de pèlerinage où l’on entre en communion avec l’âme de l’estuaire du Saint-Laurent.
Depuis des décennies, la Société Duvetnor gère les activités récréotouristiques de l’île. Les responsables de l’organisation sont toutefois conscients qu’encore beaucoup de Bas-Laurentiens ignorent la présence au large de la plus grande île inhabitée du Saint-Laurent. Surprenant, non ? On pourrait émettre l’hypothèse que c’est parce qu’ils sont tellement gâtés en nature qu’ils en oublient des parcelles. Voilà ce qui arrive lorsqu’on vit dans l’abondance.
Avant de s’arrêter plus longuement dans la région de Rivière-du-Loup, on ne prend pas nécessairement conscience de ce que ce coin du Bas-Saint-Laurent compte de merveilles naturelles. L’immensité du Saint-Laurent et ses richesses ne sont jamais loin.
À partir du quai de Rivière-du-Loup, les bateaux de la Société Duvetnor transportent les visiteurs en moins de 30 minutes à l’anse à Bonhomme-Bouchard, lieu d’accueil sur l’île aux Lièvres. Près du débarcadère, chambres à l’auberge, chalets et emplacements de camping offrent la possibilité de séjourner une nuit et plus, si affinités. D’autres campings insulaires, plus éloignés, invitent à l’aventure.
Si on met le cap sur la pointe ouest jusqu’au camping Les Bélugas, à 12 km de marche, on transbahutera tout le matériel nécessaire à une nuitée en compagnie des eiders à duvet, les montagnes de Charlevoix, derrière lesquelles se couche le soleil, se profilant sur l’arrière-fond. On quittera ce camping exceptionnel à regret, des plans plein la tête pour y revenir à la première occasion.
Tous les sentiers de l’île revêtent des attributs distinctifs : les points de vue sur le chenal nord et le souffle des baleines du sentier de la Corniche, le lichen et les arbres rabougris du sentier du Jardin, les anses et les phoques du sentier des Eiders, la plage déserte sur des kilomètres du sentier de la Mer Nord, et plus encore. Au milieu du fleuve, la monotonie n’existe pas.
Cap à l’est
De retour sur la terre ferme, l’exploration de terrain de jeu des Louperivois se poursuit au parc côtier Kiskotuk, à une vingtaine de kilomètres de RDL – c’est ainsi que les jeunes désignent la ville. Créé en 2012, ce parc met en valeur près de 30 km de paysages côtiers constitués de marais, d’îles, de montagnes, de champs cultivés et d’îlots forestiers entre les municipalités de Cacouna et de L’Isle-Verte. Plusieurs escales s’avèrent incontournables sur ce territoire dont le nom signifie, en langue malécite « terre dénudée à marée basse ». Les vedettes du parc sont les marais intertidaux à spartines, milieu qu’affectionnent le canard noir, oiseau emblématique des lieux.
Au Site ornithologique du marais de Gros-Cacouna, qui fait partie de Kiskotuk, les ornithologues sont aux oiseaux. De courts sentiers conduisent à des étangs fréquentés par une large variété de bêtes à plumes. Un autre grimpe sur la montagne du Gros-Cacouna, une ascension de 80 m de hauteur à travers une forêt qui se transforme à chaque pas. Au sommet, la sylve dense laisse place à une végétation nordique. Chemin faisant, maintes haltes procurent des perspectives sans obstruction sur le Saint-Laurent et son parc marin.
Le secteur des Passereaux regroupe les campings de même que les hébergements insolites du parc. On s’y rend également en vue d’arpenter le sentier de la Montagne, qui mène à un belvédère offrant un époustouflant panorama à 360°. D’autres sentiers, notamment dans le secteur du Quai, dévoilent les mystères des marais salés. Dans ce territoire anthropisé mais peu développé, le vélo est le meilleur moyen de relier les différents secteurs. Les chemins, la plupart en gravelle, sont tranquilles. Même la route 132 qui longe Kiskotuk demeure paisible, car le flux du trafic se concentre sur l’autoroute 20, en parallèle.
Cap à l’ouest
À l’ouest de RDL, un arrêt s’impose dans la localité de Notre-Dame-du-Portage, où s’étire l’une des plus belles rues du Québec, la route du Fleuve. On y déambule en jalousant les chanceux qui y possèdent une résidence et en profitant des percées visuelles sur le Saint-Laurent. Lorsque la faim se fait sentir, on casse la croûte à la Pizzeria des battures, qui occupe l’ancien presbytère de l’église, sis sur le littoral. Attablé à la terrasse, on respire l’air salin, dévorant simultanément fleuve et pizza.
En continuant sur la route 132, on franchit la porte du Kamouraska. S’y trouve un coin de paradis peu fréquenté : la réserve naturelle de la Rivière-Fouquette, dont le mandat est de préserver un marais salé et une partie d’un monadnock, butte rocheuse typique du Bas-Saint-Laurent. L’endroit est une fenêtre sur les battures, sur les cinq îles formant Les Pèlerins ainsi que sur les falaises de la réserve naturelle de la Grosse-Montagne. Le décor est fantastique, peu altéré par la présence humaine. Ce n’est qu’en hésitant qu’on en parle aux autres, jaloux qu’on est de son privilège. N’ébruitez pas trop l’information…
Connaissez-vous Les Aboiteaux? Ce sentier de Saint-André-de-Kamouraska circule sur les digues protégeant les villages et les terres agricoles des grandes marées. Longue de 5 km, cette piste surélevée fait office de point d’observation sur les battures et constitue le parcours idéal pour un petit jogging matinal. La course est aussi la seule manière de tenir à l’écart les nuées d’insectes fréquentant assidûment les lieux…
En courant vers l’est, on rejoint le point de départ des sentiers du secteur de l’Amphithéâtre, géré par la Sebka. Une boucle de 3 km y grimpe sur un monadnock. Cette sente concentre, en peu de kilomètres, une incroyable multitude de points de vue grandioses. Parcourue encore et encore, on l’appréciera chaque fois davantage.
L’activité physique en pleine chaleur, ça donne soif. Dans le coin, l’après-rando se passe à la Tête d’allumette, située à 1,5 km de marche du secteur de l’Amphithéâtre via Les Aboiteaux. Plantée en bordure du fleuve, la microbrasserie sert des bières d’exception, brassées sur feu de bois. De sa vaste terrasse naturelle, on est aux premières loges de couchers de soleil vertigineux.
Les Louperivois ont une sacrée chance !
Encadré #1
La toponymie recèle parfois des dénominations cocasses. Si on pénètre dans les terres derrière Notre-Dame-du-Portage, on arrive au hameau Village-de-la-Blague. Ce n’est pas une blague !
Encadré #2
Zone Aventure propose des balades en kayak sur la rivière du Loup à partir de Saint-Joseph-de-Kamouraska, à 35 km au sud de Rivière-du-Loup. Chose étonnante : ce cours d’eau demeure presque entièrement sauvage. À découvrir.
En bref
Les environs de Rivière-de-Loup abritent des trésors naturels qui se découvrent à pied ou à vélo.
ATTRAIT MAJEUR
L’estuaire du Saint-Laurent, la grande vedette des lieux.
COUP DE CŒUR
Le caractère sauvage et préservé de la réserve naturelle de la Rivière-Fouquette, à Saint-André-de-Kamouraska.