Le canot des Abitibi8inni*: Pikogan
L’histoire de la rivière, et de son occupation humaine, André la connaît bien, d’autant que la société pour laquelle il travaille à Pikogan, près d’Amos, vient d’intégrer un volet archéologique à certains de ses produits d’écotourisme. Ainsi, il est possible désormais de descendre la rivière Harricana en compagnie d’un guide autochtone, mais aussi d’un archéologue du regroupement Archéo 08, un OSBL créé en 1985 pour mener des recherches archéologiques dans la région abitibienne. L’expérience de plein air se double alors d’une véritable exploration dans l’histoire des premières nations. Au bord de la rivière, on découvre certains sites où les Algonquins restaient durant l’hiver en tentes prospecteur (le tipi demeurant le mode d’hébergement durant les périodes de déplacement) avant de rejoindre la communauté dans un vaste campement au bord du lac Abitibi, plus au sud, dès le printemps. Là, les familles échangeaient leurs expériences, de nouveaux couples se formaient et les cérémonies se succédaient. «Au bord de l’Harricana, les fouilles et les témoignages démontrent la présence des Autochtones depuis la période de contact avec les Blancs, explique Mathieu Beaudry, archéologue pour Archéo 08. Mais on ignore encore si cette présence est aussi vieille que dans le reste de l’Abitibi, où elle remonte à environ 8000 ans. »
Cette rivière tranquille est idéale pour ramer en écoutant votre guide vous raconter le quotidien de ces semi-nomades et leurs méthodes de survie – la chasse et la trappe, surtout – dans un environnement sauvage et au coeur d’un hiver interminable.
* Le 8 utilisé dans l’alphabet algonquin se prononce «w».
Indiens de réserve
Sur les 8000 Algonquins qui vivent aujourd’hui au Québec, 350 résident dans la réserve de Pikogan, fondée en 1956. À l’époque, on donnait 1,6 km2 de terrain à chaque famille qui acceptait de s’y installer (en vertu du Traité de la baie James). Aujourd’hui, la réserve de Pikogan est l’une de celles qui semblent les mieux intégrées aux communautés environnantes. En effet, les contacts entre Algonquins et Blancs y sont particulièrement harmonieux. Ne manquez surtout pas de visiter l’église de Pikogan, en forme de tipi, et ses oeuvres tissées représentant les scènes de la descente de la croix inspirées de l’artisanat traditionnel.
Nature en réserve
Le projet de réserve de la biodiversité de la forêt Piché-Lemoine englobe le bassin versant de la rivière Harricana sur près de 100 km2 (municipalités de Val-d’Or et de Malartic) et notamment le lac Lemoine, à l’origine de l’Harricana. Ce dossier est présentement en consultation publique mandatée par le BAPE. Avec les réserves projetées du lac Opasatica, du lac des Quinze et du réservoir Decelles, c’est l’un des quatre projets du même genre en attente de désignation officielle en Abitibi-Témiscamingue.
REPÉRE
Cette descente guidée s’adapte à la demande ; elle peut se faire en deux ou trois jours. Hébergement en tipi et repas traditionnels sont au programme. D’autres sites sont également à l’étude pour marier la pratique du canot aux fouilles archéologiques. Du début juin à la fin septembre.
Info : 819 732-3350 ou www.abitibiwinni.com
Archéo 08 : www.archeo08.qc.ca
Comment s’y rendre
À une centaine de kilomètres de Rouyn-Noranda, la réserve de Pikogan est à 3 km au nord d’Amos, sur la route 109.